Pour ses dix ans, Aérocampus vise l'international et les métiers des jets privés

L'association Aérocampus Aquitaine fêtera ses dix ans en 2021 après un atterrissage positif en 2020 malgré les fortes turbulences traversées. Spécialisée dans la formation initiale et continue aux métiers de la maintenance aéronautique, ce campus unique en Europe est particulièrement sollicité à l'international et lance une nouvelle formation haut de gamme pour les personnels navigants des jets privés.
Au château de Latresne, en Gironde, Aérocampus dispose d'un vaste parc d'appareils pour ses 300 élèves en formation initiale.
Au château de Latresne, en Gironde, Aérocampus dispose d'un vaste parc d'appareils pour ses 300 élèves en formation initiale. (Crédits : Aérocampus)

"Une année étonnante", sourit Jérôme Verschave, le directeur général d'Aérocampus Aquitaine, lorsqu'on l'interroge ce 9 février sur bilan de l'exercice écoulé avant d'expliciter sa pensée :

"Le chiffre d'affaires de nos activités évènementielles s'est effondré de -70 % et nous avons tout fermé pendant deux mois au printemps dernier en plaçant l'ensemble des équipes en chômage partiel. Mais, malgré tout, nous allons dégager en 2020 un résultat positif d'environ 200.000 euros, pas très loin des résultats habituels ! C'est une très bonne nouvelle puisque le chiffre d'affaires s'établit à 6,5 millions d'euros contre 8 millions en 2019. Ce qui nous a sauvé c'est le chômage partiel !"

L'association, créée en 2011 et financée à hauteur de 25 % par le conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, emploie une soixantaine de salariés en direct auxquels s'ajoutent des personnels de l'Education nationale et des intervenants indépendants. Centrée sur les métiers de la maintenance aéronautique, elle dispense de la formation initiale (300 élèves dont la moitié en apprentissage) et continue. Aérocampus dispose d'un espace de 26 hectares sur le château de Latresne, repris lors du départ de la Direction générale de l'armement, et un centre dédié au câblage à Saint-Médard. Son atout maître étant l'agrément 147 délivré par l'Agence européenne de sécurité aérienne pour qualifier ses formations.

La formation se maintient

La formation continue se fait principalement pour le compte des grands noms du secteur tels que Thales, Dassault, Sabena, Safran, Airbus ainsi que des compagnies aériennes françaises et étrangères, ce qui permet à Jérôme Verschave d'être aux premières loges pour sonder l'état d'esprit de la filière. "Le budget apprentissage d'Aérocampus n'a diminué que de 6 % avec la crise et les entreprises n'ont pas stoppé leurs programmes de formation professionnelle. Elles misent sur l'avenir et savent qu'il faudra des personnels formés et certifiés quand la demande repartira. C'est très rassurant et je suis optimiste pour la suite même s'il est difficile de savoir quand ça repartira", détaille le directeur général, qui cite volontiers l'exemple de la bonne reprise du trafic aérien chinois l'an dernier lorsque la pandémie s'est faite plus discrète.

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Et si tous les élèves sortis d'Aérocampus en septembre dernier ont bien trouvé un emploi, certains ont dû renoncer à la maintenance au profit d'activités de fabrication ou d'autres secteurs tels que la défense ou le nautisme. Et pour ajouter encore une corde à son arc, le campus girondin a investi 700.000 euros pour lancer dès le 1er mars une nouvelle formation dédiée aux personnels navigants des jets privés et autres avions d'affaires baptisée "Finest silver service by Aérocampus". Ce module de quelques jours pour 4 à 8 personnes s'adresse à un marché de niche mais particulièrement haut-de-gamme et donc rémunérateur. Il ciblera des indépendants ou des équipages en entier autour de trois enseignements principaux : sécurité, excellence et savoir-être. La formation s'appuiera notamment sur le Falcon 50 stationné chez Aérocampus au sein d'un parc pédagogique de 23 hélicoptères et avions d'une valeur théorique de 280 millions d'euros, dont 93 millions pour le Rafale. Le tout sera complété en fin d'année par un pôle avionique flambant neuf nécessitant plusieurs millions d'euros d'investissement.

Des projets dans neuf pays

Déjà présent sur le marché international, tant en formant des stagiaires et instructeurs venus du monde entier qu'en déployant des formations à l'étranger, Aérocampus veut encore accélérer en 2021 sur cette activité en partie stoppée par la pandémie. Le programme de création d'une filière entière de formation à Nagpur, en Inde, avec Dassault autour du Rafale est ainsi toujours en cours pour former des élèves et instructeurs indiens. Et des discussions avancées sont actuellement en cours pour des projets similaires avec neuf pays en Europe, en Asie et en Afrique notamment en Hongrie, en Chine et à Singapour.

Enfin, Jérôme Verschave poursuit et approfondit sa stratégie transfilière en bâtissant des ponts avec les métiers du nautisme, le cluster Bordeaux superyachts refit et le Grand port maritime de Bordeaux. "Nous avançons ensemble sous l'appellation Naval Campus pour labelliser les formations dans le nautisme parce qu'il y a énormément de passerelles entre la maintenance d'un avion et celle d'un yacht", confirme-t-il. Le directeur général d'Aérocampus s'apprête aussi à travailler avec le nouveau venu Flying Whales, qui porte un projet d'une usine de fabrication de dirigeables géants dans le nord de la Gironde. Il s'agirait alors de monter de toutes pièces des formations qualifiantes.

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