Bordeaux 20e du Baromètre de l'attractivité des grandes villes françaises

Habituée à truster les premières places des divers classements en matière de dynamisme, de qualité de vie et aussi de prix de l'immobilier, Bordeaux ne figure qu'à la 20e position sur 30 du Baromètre de l'attractivité des grandes villes françaises. Ce dernier croise différentes données autour de l'emploi, des salaires et de l'immobilier. C'est ce dernier élément qui plombe la moyenne bordelaise.
Le paradoxe bordelais : la ville séduit les cadres en mal de mobilité mais la flambée immobilière conjuguée à un tissu économique très atomisé génèrent des effets négatifs
Le paradoxe bordelais : la ville séduit les cadres en mal de mobilité mais la flambée immobilière conjuguée à un tissu économique très atomisé génèrent des effets négatifs (Crédits : Thomas Sanson / Ville de Bordeaux)

Jobijoba et Meilleurtaux.com viennent de conjointement publier la 3e édition de leur Baromètre de l'attractivité des grandes villes françaises, un document qui repose sur les chiffres enregistrés sur leurs plateformes respectives. Jobijoba est spécialisée dans la recherche d'emploi alors que Meilleurtaux.com est un bon observateur des tendances immobilières. Les deux entreprises ont bâti un "indicateur work & live" fondé sur le croisement de données liées à l'emploi et au pouvoir d'achat immobilier, avant de classer les villes dans lesquels les habitants ont le plus de chance de concilier l'accès à un emploi stable et à un logement. "L'étude mesure ainsi le nombre d'offres d'emploi en CDI rapporté au nombre d'habitants et le pouvoir d'achat immobilier. Ce dernier a été calculé à partir du salaire médian dans chaque ville, des taux d'intérêt pratiqués localement et du prix de l'immobilier. Pour les 30 villes étudiées, le prix moyen de l'immobilier est de 2.934 euros le mètre carré, ce qui permet d'accéder en moyenne à un bien immobilier de 63 m². Dans le même temps, le taux d'offres en CDI pour 100 habitants est en moyenne de 8,8", indique les deux partenaires.

"Cette 3e édition du baromètre Work & Live est pleine de surprises et démontre une fois de plus que les villes « tendance » du moment n'offrent pas toujours le meilleur compromis en termes d'emploi et de logement - soit l'immobilier est cher comme à Bordeaux et à Lyon, soit l'emploi n'est pas au rendez-vous comme sur le pourtour méditerranéen", analysent Meilleurtaux.com et Jobijoba.

Bordeaux 20e du classement

En tête du classement figure la surprenante Besançon. Une première place qui s'explique "à la fois par le dynamisme du marché de l'emploi local - au 7e rang en France avec 13,1 offres de CDI pour 100 habitants, et son pouvoir d'achat immobilier : la préfecture du Doubs affiche 74 m² accessibles." Viennent ensuite Orléans et Saint-Etienne.

Bordeaux, elle, ne s'en sort pas mal en termes d'emploi mais elle est très fortement pénalisée dans ce classement par ses prix de l'immobilier, qui ont littéralement flambé ces dernières années (lire ici : Immobilier : ce que les données disent de Bordeaux).

"Sixième ville de France pour l'emploi avec un ratio de 13,8 offres de CDI pour 100 personnes, la métropole est très chère sur le plan immobilier avec seulement 32 m² accessibles, ce qui la place en 29e position, juste avant Paris. Cet aspect pénalise l'ex-belle endormie qui figure à la 20e position du classement général", observent les deux partenaires.

Bordeaux est cette année calée entre Orléans, 19e, et Nantes 20e. L'an passé, la capitale girondine était 11e mais sur un périmètre plus restreint de 20 villes, contre 30 cette fois.

Bordeaux baromètre Jobijoba Meilleurstaux.com 2019

L'immobilier devient un frein au recrutement

Ce classement reste finalement assez anecdotique, au sens où comme tous les autres "palmarès" il présente des limites et n'a aucune valeur scientifique. Nantes 21e, Marseille carrément 29e, ne sont pas mieux loties que Bordeaux. Et l'engouement pour la cité girondine ne semble pas se démentir si l'on en croit le fait que 38 % des cadres franciliens tentés par la mobilité professionnelle citent la Nouvelle-Aquitaine comme leur destination potentielle favorite, d'après l'étude "Attractivité des régions pour les cadres d'Ile-de-France", publiée par l'Apec en août dernier (même si peu postulent réellement). Dans le même temps le taux de création de nouveaux emplois reste soutenu à Bordeaux. Tous les indicateurs ne sont pas au rouge, loin s'en faut. Mais tout relatif qu'il soit, ce baromètre "Work & live" rappelle si besoin qu'un décrochage s'est produit entre réalités du marché de l'emploi local et problématiques immobilières. L'accalmie qui semble se confirmer depuis le début de l'année, voire la décrue qu'annoncent certaines plateformes immobilières, demanderont à être vérifiées en fin d'année auprès des notaires et ne suffiront de toute façon pas à fluidifier la situation.

Lire aussi : Immobilier : un vent d'accalmie souffle enfin sur Bordeaux (11/14)

Ces derniers mois, des acteurs aussi divers que le CHU de Bordeaux ou plusieurs acteurs du numérique ont tiré le signal d'alarme (lire plus bas), expliquant qu'il devenait difficile de recruter tant les tarifs au m2 étaient élevés, s'ajoutant aux difficultés de circulation. Deux ferments qui, s'ils commencent à se savoir à plus grande échelle qu'aujourd'hui, pourraient se retourner contre la fameuse attractivité bordelaise. La pénurie de logements étudiants et les prix insensés des petites surfaces ont conduit de plus en plus de jeunes à vivre dans des conditions précaires ou à renoncer à leurs formations à Bordeaux.

La campagne des élections municipales de mars prochain, qui a déjà démarré, sera sans nulle doute le théâtre d'affrontements autour de ces sujets. Tant le socialiste Matthieu Rouveyre et son mouvement "Bordeaux Maintenant" que le divers gauche Vincent Feltesse, l'écologiste Pierre Hurmic, le Marcheur Thomas Cazenave se sont déjà exprimés sur la flambée immobilière et le pouvoir d'achat immobilier. Lors du Petit Déjeuner de La Tribune, le maire Nicolas Florian s'était aussi exprimé.

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A Bordeaux, le coût de l'immobilier pénalise employés comme employeurs

Le boom des prix de l'immobilier sur le marché des particuliers est loin de faire que des heureux chez les employeurs comme chez les employés. Le logement de jeunes en formation ou de salariés en période d'essai devient un sujet récurrent de préoccupation chez les chefs d'entreprise. « Le niveau des prix à l'achat et surtout la pénurie de biens locatifs devient un vrai handicap pour recruter à Bordeaux. Nos collaborateurs en apprentissage ou en période d'essai n'ont aucun retour des agences immobilières et on est obligés de trouver des solutions de logement temporaire, de raccourcir les périodes d'essai ou de leur fournir de multiples lettres d'intention d'embauche, etc. Cela devient pénalisant pour tout le monde », témoigne ainsi Yannick Lourenco, directeur de l'antenne bordelaise de Next Decision (services numériques). La mairie semble avoir pris conscience du problème et Nicolas Florian réfléchit à mobiliser le patrimoine municipal pour loger des jeunes travailleurs ou à la recherche d'un premier emploi.

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Commentaire 1
à écrit le 10/11/2019 à 22:31
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Il y a mieux ailleurs que Bordeaux ! Il est même plis intéressant de faire un début a panam

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