Accession sociale, logements vacants et Airbnb : Renouveau Bordeaux dévoile son plan immobilier

Diminuer par deux le nombre de logements vacants, proposer 7.000 logements à moitié prix et déléguer au privé le contrôle des locations meublées touristiques : Thomas Cazenave, le candidat de Renouveau Bordeaux (LREM) à l'élection municipale de mars 2020, a esquissé son plan d'action en matière immobilière... sans jamais aborder la question du logement locatif social. Le candidat est également opposé à l'encadrement des loyers.
Thomas Cazenave
Thomas Cazenave (Crédits : Thibaud Moritz / Agence APPA)

"Nous voulons investir 300 M€ d'argent public en six ans pour mettre sur le marché immobilier bordelais 7.000 logements à moitié prix en dissociant l'acquisition du foncier et du bâti. Cela permettra de loger 15.000 personnes à prix abordables." C'est par le biais d'un office foncier solidaire (OFS) que Thomas Cazenave, candidat de Renouveau Bordeaux à la mairie, entend réussir cette politique d'accession abordable à la propriété vue comme "une intervention massive destinée à peser sur le marché immobilier". Le candidat LREM cite en exemple le modèle lyonnais où la Métropole a officiellement créé lundi dernier un office foncier solidaire afin, là aussi, de proposer des logements à moitié prix.

Vers un plafond à 2.500 € par personne

Comment y arriver ? En permettant à l'OFS d'acquérir massivement du foncier et du bâti avant de revendre les appartements sans le foncier à des particuliers sous conditions de revenus. "Je considère qu'un couple totalisant 5.000 € de revenus mensuels doit pouvoir acheter à Bordeaux. Aujourd'hui, vu les prix de l'immobilier, ce n'est plus possible", avance ainsi Thomas Cazenave, à six mois de l'élection municipale. Au dernier pointage, le prix dans l'ancien de stabilise autour de 4.500 €/m2 à Bordeaux et l'offre de l'office foncier solidaire se situerait donc aux alentours de 2.250 €/m2, soit peu ou prou un retour aux prix pratiqués en 2005. Dans le cadre de l'OFS, le ménage acquéreur achète seulement le bâti et paie une redevance mensuelle autour de 1,5 €/m2 correspondant à l'utilisation du foncier.

"L'objectif de l'OFS est de lisser le coût du foncier dans le temps, dans une logique non spéculative, alors qu'aujourd'hui, le coût du foncier augmente très vite et devient le principal poste de frais dans le montage d'une opération immobilière", explique à La Tribune Michel Le Faou, vice-président de la Métropole de Lyon chargé de l'urbanisme et du logement. A Bordeaux, Thomas Cazenave ambitionne de consacrer 50 M€ par an à l'OFS à l'aide d'un prêt longue durée à taux faible auprès de la Caisse des dépôts. De quoi proposer à la vente environ 1.200 logements abordables par an, localisés principalement  "dans le diffus, dans les dents creuses, en dentelle, le long des boulevards mais sans mener de grosses opérations". Une politique qui viendrait s'ajouter aux outils d'accession sociale existants et déjà soumis à des plafonds de ressources (revenu fiscal de référence de 33.000 €/an pour un couple).

Le logement social, le grand absent

Décidé à mobiliser la puissance et les finances publiques pour "faire de Bordeaux une ville pour tous" en permettant en particulier "aux salariés, étudiants, jeunes actifs, classes moyennes, enseignants, familles monoparentales" d'habiter à Bordeaux, Thomas Cazenave n'a paradoxalement jamais prononcé les mots de "logement social" pendant sa présentation. Quand bien même la ville de Bordeaux souffre d'un important retard en la matière avec seulement 18,39 % de logements locatifs sociaux en 2018, contre 23,44 % au niveau métropolitain et un objectif de 25 % en 2025 fixé par la loi SRU. Une proportion qui n'a que peu évolué depuis les 14,2 % de logements locatifs sociaux recensés en 1995 lors de l'arrivée d'Alain Juppé à la mairie de Bordeaux.

"Oui, bien sûr qu'il faut continuer à construire des logements sociaux. Nous proposons d'ailleurs d'imposer réellement, sur les 1.800 logements neufs par an construits à Bordeaux, un tiers de logements sociaux, un tiers de logements abordables et un tiers de logements libres. Mais dire qu'on atteindra en six ans à Bordeaux l'objectif de 25 % de logements sociaux me semble très difficile et peu réaliste", réagit Thomas Cazenave, qui prévoit donc environ 600 nouveaux logements sociaux par an à Bordeaux.

Rendre le logement vacant "économiquement non viable"

L'autre cheval de bataille du candidat de Renouveau Bordeaux, c'est la mobilisation du parc de logements vacants, estimé autour de 10.000 unités à Bordeaux, selon l'Insee. "L'objectif c'est de diviser ce nombre par deux en six ans pour remettre 5.000 logements sur le marché locatif", lance Thomas Cazenave qui entend combiner incitations et punitions pour mener à bien cette tâche particulièrement ardue :

"Nous allons d'abord contacter chaque propriétaire pour comprendre pourquoi il ne loue pas son bien et, si possible, lui apporter des solutions pour le convaincre de le faire, ici en modifiant le PLU, là via des aides à la réhabilitation. Dans un deuxième temps, il faudra appliquer de manière extrêmement rigoureuse la taxe sur les logements vacants et je souhaite pouvoir la majorer pour, en réalité, rendre la possession d'un logement vacant à Bordeaux non viable économiquement."

Déléguer au privé le contrôle des locations Airbnb

Enfin, troisième proposition du candidat LREM : délégué à un prestataire privé le travail de contrôle des locations meublées touristiques via les plateformes internet, sur le modèle du contrôle du stationnement payant à Bordeaux confié à la société Moovia depuis le 1er janvier 2018. En ligne de mire : les 8.000 logements encore répertoriés sur Airbnb malgré le durcissement des règles par la mairie. "La réalité c'est que la loi n'est pas respectée par tous et son application n'est pas assez vérifiée. Je propose donc de confier cette tâche à une entreprise privée qui se rémunèrera sur les amendes dressées auprès des propriétaires indélicats", explique Thomas Cazenave, également délégué interministériel à la transformation publique.

Pas d'encadrement des loyers

Sur le logement vacant comme sur les locations Airbnb, le candidat met ainsi en avant un interventionnisme règlementaire et fiscal fort qui contraste singulièrement avec son refus catégorique d'un encadrement des loyers à Bordeaux, jugé difficile à appliquer et inefficace. "Il y a deux poids, deux mesures. C'est vrai et je l'assume parfaitement parce qu'il faut faire la différence entre un propriétaire qui joue le jeu de la location et un autre qui est assis sur son pactole et ne joue pas le jeu alors qu'il s'agit d'un bien commun", observe Thomas Cazenave, qui présentera prochainement son comité de soutien.

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