Transition énergétique : le courant passe entre Pierre Hurmic et Agnès Pannier-Runacher

Lors de l'ouverture des 24e Assises européennes de la transition énergétique, ce mardi 23 mai à Bordeaux, Pierre Hurmic, le maire écologiste de la ville, n'a pas caché sa convergence avec la macroniste Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique. L'urgence climatique oblige à aller plus vite, a souligné l'élu local obtenant de la ministre la promesse d'accélérer les procédures pour les projets d'énergies renouvelables.
Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, et Pierre Hurmic, maire (EELV) de Bordeaux, 1er vice-président de Bordeaux Métropole.
Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, et Pierre Hurmic, maire (EELV) de Bordeaux, 1er vice-président de Bordeaux Métropole. (Crédits : Agence Appa)

Le courant semble être bien passé ce mardi matin lors de la séance plénière d'ouverture de la 24e édition des Assises européennes de la transition énergétique, qui se tient jusqu'au 25 mai au Palais des congrès de Bordeaux, entre le maire écologiste de Bordeaux, Pierre Hurmic, 1er vice-président de Bordeaux Métropole, et Agnès Pannier-Runacher (Renaissance), ministre de la Transition énergétique et soutien inconditionnel d'Emmanuel Macron.

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Pierre Hurmic, représentait aussi le président (PS) de Bordeaux Métropole, Alain Anziani, qui n'a pu participer à la manifestation. Il a souligné avec vigueur l'engagement de sa ville et de la Métropole bordelaise dans la lutte contre le réchauffement climatique. Se coulant sans effort dans la thématique de cette 24e édition, intitulée : « Agir ensemble pour la neutralité carbone en 2050 ».

« A l'heure où le gouvernement veut préparer la France à un réchauffement de +4°, à Bordeaux nous livrons déjà le combat pour atteindre la neutralité carbone. Parce que notre territoire est très vulnérable au réchauffement climatique et que nous avons pris conscience des enjeux », a cadré en substance le maire de Bordeaux.

L'action écologique de Bordeaux au pinacle européen

Avant de revenir sur la sécheresse et la canicule historiques d'un été 2022 marqué par les grands incendies qui ont éclaté dans le sud Gironde et le bassin d'Arcachon. Ces feux de l'été dernier, qui ont brûlé 25.000 hectares de forêt et fait quelques blessés, sont loin d'avoir égalé la puissance destructrice en nombre de victimes (82 morts) et en surfaces brûlées (50.000 hectares) de ceux de 1949. Mais le contexte du réchauffement climatique, marqué par une sécheresse 2022 aussi exceptionnelle que la canicule qui l'a accompagnée, donnent à ces deux incendies très spectaculaires - respectivement provoqués par un acte criminel et la défaillance d'un véhicule de ramassage des poubelles - un poids symbolique très fort.

Comme l'a souligné le maire de Bordeaux, pour recadrer plus largement de nombreux  événements plus ou moins dramatiques liés au réchauffement climatique qui se multiplient, « nous devons sortir du prisme accidentel ». Avec à la clé une nouvelle lecture des événements, sans doute plus radicale, et plus en phase avec « l'urgence climatique ».

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Pierre Hurmic a souligné que, depuis 2020, Bordeaux a doublé son autonomie énergétique et que la ville compte atteindre la neutralité carbone d'ici 2030, ce qui lui vaut d'être distingué par la Commission européenne, parmi les « 100 villes climatiquement neutre et intelligentes en 2030 ». L'édile a confirmé que Bordeaux allait décrocher ce mardi la labellisation européenne cinq étoiles, le niveau le plus élevé, pour la transition énergétique. Et que c'est notamment dans cette perspective que 11.500 bâtiments vont être rénovés d'ici 2026 dans le port de la Lune. A cette échéance, Bordeaux doit atteindre une autonomie énergétique de 41 % dans son approvisionnement global, contre seulement 4 % en 2020.

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« Vous avez à Bordeaux un territoire prêt à agir avec vous »

L'édile a notamment rappelé que Bordeaux a développé un label bâtiment frugal bordelais à destination des promoteurs immobiliers, qui l'ont approuvé, et réalisé d'importants efforts en matière de développement d'énergies renouvelables, en biogaz et photovoltaïque.

« Avec des réseaux de chaleur alimentés à plus de 80 % par des énergies renouvelables », a-t-il appuyé.

Avant de mettre un coup d'accélérateur dans son discours.

« Il faut aller plus loin plus vite, car le dérèglement climatique n'attend pas. Nous devons doubler le rythme de baisse de la production de gaz à effet de serre », a relevé le maire, bien déterminé à aller aussi vite « que le rythme galopant du changement climatique nous l'impose ».

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Dans cette perspective coûteuse en énergie (une étude nationale vient d'évaluer le prix de la transition écologique pour la France à 66 milliards d'euros par an) Pierre Hurmic a rappelé son attachement à la création d'une rocade solaire, puisqu'il ne suffit plus que de couvrir celle qui existe avec des panneaux photovoltaïques.

« Madame la ministre, vous avez à Bordeaux un territoire prêt à agir avec vous : chiche ! », n'a pas hésité à proposer Pierre Hurmic à une Agnès Pannier-Runacher qui ne souhaitait pas entendre autre chose.

Réduire les lenteurs administratives

La ministre a répondu en plusieurs temps à cette proposition.

« Vous savez pouvoir compter sur l'État pour être au rendez-vous », a-t-elle commencé, avant de dérouler la trame de la nouvelle politique écologiste du gouvernement Borne.

Un exposé dense dans lequel la ministre à remis au premier plan l'importance de l'énergie nucléaire dans le mix énergétique tricolore tout en revenant sur cette nécessité pour l'administration d'aller plus vite. L'urgence de la crise climatique remettant au goût du jour la lutte contre les lenteurs administratives. Des lenteurs qui ne sont pas vraiment le produit d'une accumulation d'inerties à la soviétique, mais bien plus souvent le résultat de l'application de procédures de contrôle incontournables. Venu d'un autre camp que celui des libéraux, le coup semble porter et Agnès Pannier-Runacher a promis que le temps de déploiement des projets en production d'énergies renouvelables allait être réduit de façon drastique.

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Amortissant le coup en observant qu'en la matière, les projets français ne vont pas moins vite que ceux développés par l'Allemagne. Pour aller plus vite le gouvernement va lancer une réforme du contentieux et limiter au maximum à dix mois le temps de passage de ces dossiers au tribunal administratif. Le tout en mobilisant comme jamais les services de l'État, avec la dévolution du rôle de chef d'orchestre au préfet.

« Dans le cadre du nouveau pacte territorial de confiance, c'est vous qui impulsez. Nous, nous vous soutenons » a-t-elle lancé en substance.

Trois jours d'assises à Bordeaux

Après une édition 2020 qui s'est déroulée juste avant la crise Covid, Bordeaux accueille de nouveau les Assises européennes de la transition énergétique du 23 au 25 mai. De nombreux ateliers et conférences sont au programme autour de la sobriété énergétique alors que cette notion était encore largement rejetée il y a peu par les politiques publiques. Les organisateurs (Bordeaux Métropole, les communautés urbaines de Dunkerque et Genève, l'Ademe) ainsi que les énergéticiens et aménageurs de projets d'énergies renouvelables sont à retrouver dans les allées du Palais des congrès.

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Commentaire 1
à écrit le 24/05/2023 à 8:16
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