Logement social : Bordeaux Métropole double ses aides pour relancer la construction

Comme l'ensemble de la construction neuve, le logement social se trouve dans une « situation de difficulté absolument extrême » dans l'agglomération bordelaise avec moins de 1.900 logements agréés l'an dernier, loin de l'objectif de 3.000 constructions. Pour débloquer la situation, Bordeaux Métropole met sur la table 20 millions d'euros sur deux ans. Une décision saluée par le monde HLM qui attend maintenant que l'Etat en fasse de même.
(Crédits : Thibaud Moritz / Agence APPA)

Il faut remonter aux années 2017 et 2018 pour trouver un niveau d'autorisations de logements locatifs sociaux en ligne avec les objectifs règlementaires de la métropole bordelaise, à savoir 3.000 logements par an. Dans les années 2020 et 2021, le total dépassait à peine la moitié de cet objectif et le niveau autorisation à plafonné en 2022 à moins de 1.900 unités.

« Bordeaux Métropole se trouve dans une situation de difficulté absolument extrême sur le plan du logement social avec désormais plus de 46.000 foyers en attente d'un logement, il est indispensable que tout le monde se mobilise ! », résume Muriel Boulmier, la présidente de l'Association régionale des organismes HLM.

Et pourtant, les perspectives sont à peine meilleures pour 2023 puisque la Métropole table sur environ 2.100 logements autorisés, soit tout juste les deux tiers de l'objectif.

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4.000 logements sociaux de plus en 18 mois

Pour tenter d'enrayer cette tendance, voire de relancer la machine, Bordeaux Métropole s'apprête à voter au mois de juin « un fonds exceptionnel de 20 millions d'euros pour accompagner la mise en chantier à court terme de nouveaux logements sociaux ». Cette enveloppe, significative puisqu'elle revient à doubler l'aide à la pierre versée par la Métropole, sera versée sur 18 mois, c'est-à-dire à condition que le chantier de construction soit lancé avant le 31 décembre 2024. « On salue cette décision qui va permettre de débloquer toute une série de programmes autorisés mais qui n'ont pas démarré faute d'équilibres économiques à cause de la hausse du taux du livret A [sur lequel est indexé le niveau des prêts accordés aux organismes HLM, NDLR], de l'inflation et des reliquats de la hausse des coûts de construction », réagit Muriel Boulmier.

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Concrètement, le montant de l'aide métropolitaine pour un logement PLAI (prêt locatif aidé d'intégration - logement sociaux les plus accessibles) passera de 10.000 à 20.000 euros tandis que celle pour un logement PLUS (prêt locatif à usage social - logement social classique) passera de 8.000 à 16.000 euros. Selon la Métropole, cela permettra de débloquer une vingtaine d'opérations totalisant environ 700 logements et de sécuriser la programmation de 3.300 logements sur 2023 et 2024. Soit, au total sur 18 mois, la possibilité de financer autour de 4.000 logements sociaux supplémentaires.

Un impact à l'horizon 2025-2026

Mais si l'Union régionale HLM salue une décision de nature à changer la donne, elle ne s'emballe pas pour autant. D'abord parce que, compte-tenu des délais de chantier, les livraisons de ces nouveaux logements n'interviendront pas avant la fin 2024 au mieux, mais surtout à l'horizon 2025 et 2026. Ensuite parce que c'est toute la filière de la construction neuve qui est à l'arrêt ou presque dans toute la France depuis l'automne 2022 et qui attend depuis des semaines des annonces du gouvernement.

« Cette enveloppe métropolitaine est un signe positif mais elle ne résout pas tout et nous attendons que l'Etat fasse de même, qu'il prenne enfin en compte la question du logement en général et du logement social en particulier... On ne peut se satisfaire de la philosophie du tableau Excel défendue par Bercy ! », s'agace Muriel Boulmier alors que les annonces de l'Etat dans le cadre du Conseil national de la refondation initialement prévues pour le 9 mai ont été reportées sine die.

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De son côté, la Métropole met aussi en avant d'autres actions de « plus long terme et pas exclusivement financières » pour favoriser la construction de logements sociaux dont une nouvelle augmentation du barème des opérations en Vefa (vente en l'état futur d'achèvement, c'est-à-dire les logements sociaux construits par des promoteurs privés) pour les opérations bloquées et agréées antérieurement à 2022, qui a déjà permis de débloquer 700 logements. Un travail avec le préfet de sensibilisation des 28 maires de la Métropole est aussi au programme pour les inciter à autoriser davantage de programmes sur leur territoire puisque ce sont eux qui signent les indispensables permis de construire.

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