
Après Stains, en Seine-Saint-Denis, Angers, dans le Maine-et-Loire, et Réau, en Seine-et-Marne, direction Bordeaux pour Moulinot. L'entreprise parisienne spécialisée dans la gestion des biodéchets a remporté un appel d'offres de Bordeaux Métropole et commencé ses premières collectes fin mars. Elle gérera 200 sites qui disposent d'une restauration collective publique et traitera, à l'année, 30.000 tonnes de déchets alimentaires sur les 100.000 tonnes produites sur la métropole bordelaise. Mais Moulinot démarche aussi la grande distribution et l'industrie agroalimentaire. « Partout où il y a du biodéchet », précise Pierre Fleuri, directeur régional de Moulinot Nouvelle-Aquitaine.
Car si depuis le 1er janvier 2023, les producteurs de plus de cinq tonnes de déchets alimentaires sont obligés de faire valoriser leurs biodéchets dans le cadre de la loi Agec (Anti-gaspillage pour une économie circulaire) du 10 février 2020, tout le monde sera concerné dès 2024. Or, sur plus de dix millions de déchets alimentaires produits chaque année en France, moins de 10 % seraient aujourd'hui collectés et recyclés, les 90 % restants étant jetés avec les ordures ménagères et donc enfouis ou incinérés. C'est dans ce contexte que Moulinot a levé 18 millions d'euros en 2022 pour étendre son modèle basé sur le circuit court et réplicable partout où il y a des agriculteurs méthaniseurs.
Un modèle basé sur le circuit court
À Bordeaux, comme ailleurs, Moulinot forme, dans un premier temps, ses clients au tri des déchets, via des ambassadeurs du tri puis distribue son matériel de collecte. Elle réalise la collecte des biodéchets qu'elle valorise ensuite dans son usine de pré-traitement où elle les transforme en une soupe organique, exonérée de tout plastique et indésirable, laquelle est à son tour utilisée par des agriculteurs méthaniseurs pour en faire du biogaz. Le digestat, déchet issu du processus de méthanisation, est quant à lui épandu sur les champs des agriculteurs et sert de de fertilisant naturel. « Les matériaux plastiques triés seront eux mêmes valorisés en combustibles solides de récupération à destination, par exemple, des cimentiers », précise Pierre Fleuri.
« Tout se passe dans un rayon de 50 kilomètres. Les biodéchets sont collectés à Bordeaux, transformés dans la métropole bordelaise à Eysines où le site sera opérationnel en octobre 2023, puis transportés à Saint-Laurent-du-Médoc jusqu'aux agriculteurs méthaniseurs eux-mêmes actionnaires de Moulinot », détaille Pierre Fleuri.
« L'avantage pour nous, c'est de pouvoir diversifier la ration journalière et d'augmenter la production de biométhane qui sera injectée dans le réseau », commente Thibault Varenne, président du méthaniseur Médoc Biogaz, actionnaire de Moulinot, qui salue dans ce modèle un cercle vertueux. « Avec des agriculteurs propriétaires de leurs terrains et actionnaires de Moulinot, c'est un modèle qui permet de sécuriser l'aval », ajoute Pierre Fleuri. « À nous ensuite de proposer des matières de qualité de façon à répondre au cahier des charges agricole. » Moulinot facture les bacs collectés auprès de ses clients, en l'occurrence Bordeaux Métropole dans le cadre de son premier contrat conclu localement.
50 emplois créés à Eysines
Moulinot qui compte sept salariés du côté de Bordeaux prévoit la création de 50 emplois à horizon 2025, en particulier des chauffeurs qui assureront la collecte, des responsables d'exploitation et du personnel administratifs. Entreprise d'insertion agréée, elle créera également des parcours sur-mesure aux personnes éloignées de l'emploi pour les aider dans leurs problématiques sociales et professionnelles. Moulinot a investi plus de quatre millions d'euros à Eysines dans un hangar de 2.000 m2 où l'entreprise a déjà installé ses bureaux.
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