Incendies : les leçons du premier retour d'expérience

Le retour d'expérience sur les incendies hors norme de cet été en Gironde amorce la réflexion sur une nouvelle stratégie pour améliorer la sécurité du massif de la forêt des Landes de Gascogne. Avec en particulier l'installation de caméras de vidéo surveillance dans la forêt... Parmi les bonnes nouvelles, la préfète Fabienne Buccio a confirmé l'accord trouvé avec les sylviculteurs sur la fixation du prix des arbres abattus pour enrayer la progression du feu.
La préfète au centre lors du Retex de ce vendredi.
La préfète au centre lors du Retex de ce vendredi. (Crédits : Agence Appa)

Le retour d'expérience, ou Retex, annoncé par Fabienne Buccio, préfète de la Gironde et de Nouvelle-Aquitaine, sur les incendies de cet été en Gironde mais aussi dans les Landes, puisque le feu de Landiras a partiellement franchi la limite entre les deux départements, s'est tenu comme prévu ce vendredi 21 octobre à la préfecture de Région. En plus des présidents des conseils départementaux Jean-Luc Gleyze (Gironde) et Xavier Fortinon (Landes), les maires girondins de La-Teste-de-Buch, Hostens (au milieu des feux de Landiras), Guillos et Belin-Beliet avaient fait le déplacement, ainsi que de nombreux responsables.

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Rappelons que les trois grands feux de cet été, celui de La-Teste-de-Buch, dans le bassin d'Arcachon, et les deux de Landiras, au sud du massif forestier, ont brûlé un total de 27.000 hectares, dont 20.000 dans le secteur de Landiras. La préfète est revenue avec le contrôleur général Marc Vermeulen, patron opérationnel du Sdis (Service départemental d'incendie et de secours) de la Gironde, dont le président est Jean-Luc Gleyze, sur le déroulement de ce Retex et les premiers enseignements à en tirer.

Un total de 50.000 personnes évacuées

"Des retours d'expérience avec toutes les parties impliquées sont toujours organisés après une crise. Ce matin nous avons abordé le fonctionnement de la défense contre les incendies avec les Sdis de la Gironde et des Landes, la DFCI (Défense forestière contre les incendies), la Protection civile.... Nous sommes aussi revenus sur les évacuations, puisque 50.000 personnes ont dû l'être, mais aussi la restauration des pompiers, qui n'ont jamais manqué ni d'eau ni de nourriture ! Puis sur les volets police et gendarmerie, sans oublier la question de la communication avec les médias.

Ce retour d'expérience est très positif mais il y a des choses que l'on aurait pu mieux faire. Le 28 octobre prochain les responsables de la sécurité civile de tout le pays seront reçus par le président de la République et il y aura une première série d'annonces » a tout d'abord recadré Fabienne Buccio.

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Aucun confinement possible lors de ces incendies

De son côté, le contrôleur général Marc Vermeulen a rappelé que si quatre feux ont marqué cet été 2022, les pompiers de la Gironde en ont éteint 620 autres depuis le début de l'année, en suivant la doctrine nationale qui veut que les feux soient attaqués à leur naissance.

"Si finalement le feu ne peut être contrôlé alors la priorité c'est de sauver les vies humaines. La doctrine nationale dit que dans ce cas il vaut mieux confiner mais cet été en Gironde ce n'était pas possible, parce que Cazaux (au sud de la forêt de La-Teste-de-Buch) est une impasse et que l'évacuation des habitants était obligatoire. À Landiras, l'habitat est diffus et il a fallu évacuer car on ne pouvait pas défendre les maisons une à une", a observé en substance Marc Vermeulen.

La DFCI, à ne pas confondre avec les pompiers, manque de moyens a reconnu la préfète, ce qui a conduit à faire appel à des agriculteurs et à des chasseurs pour aider à combattre le feu. Des volontaires qui se sont tous fait connaiître pour savoir où ils se trouvaient pendant les événements. Un détail d'autant plus important que certains de ces bénévoles se sont parfois retrouvés face au feu à cause des vents tournants.

Préparation de listes de volontaires dans les communes

Parmi les innovations qui vont être tirées de ce retour d'expériences figure la constitution de plans d'interventions intercommunaux.

"Nous avons demandé à toutes les communes de dresser des listes de volontaires que nous pourrions appeler en cas de sinistre. Les deux présidents des conseils départementaux ont de leur côté appuyé sur le fait qu'il fallait instaurer en Nouvelle-Aquitaine un pré-positionnement permanent de moyens aériens de lutte contre l'incendie.

Parmi les premiers enseignements s'impose aussi la nécessité de renforcer les moyens logistiques, et de prévoir des moyens à l'échelle des communes, avec en particulier la capacité de mettre des salles vides à disposition des secours. Et dans ce domaine l'ouverture par le Département du centre nautique d'Hostens pour en faire une base arrière pour les secours était une très bonne idée", déroule la préfète de la Gironde et de Nouvelle-Aquitaine.

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Qui a également insisté sur l'obligation qu'ont les propriétaires forestiers de débroussailler leurs parcelles, sachant désormais que grâce aux images satellites ce suivi règlementaire va gagner en efficacité. Sans cacher par ailleurs que des caméras de vidéosurveillance vont cribler la forêt pour suivre de plus près le départ des feux. Des installations dont on entend parler à mot couvert depuis des mois déjà chez les sylviculteurs. Ce qui vient rappeler aussi que les deux feux de Landiras sont d'origine criminelle.

Des arbres payés stricto sensu à leur valeur

La patronne des services de l'Etat a également confirmé qu'un accord avait été trouvé avec les sylviculteurs pour le paiement des arbres abattus lors de la création des pares-feux au plus fort des incendies. Un sujet qui a fait polémique étant donné que certains propriétaires forestiers voulaient un paiement de leurs arbres au maximum de la valeur, quel que soit leur âge lors de l'abattage.

"Les remboursements se feront à la valeur de l'arbre. Sachant que les sylviculteurs n'ont pas eu à payer pour la coupe et le débardage des bois, puisque c'est l'Etat qui s'en charge. Ce qui représente tout de même près de 20 % du prix de l'arbre" a précisé Fabienne Buccio.

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Des arbres pour la plupart replantés après la tempête de 2009 et donc âgés d'une vingtaine d'années, loin de leur valeur maximale située autour de 40 à 60 ans... Pour améliorer la sécurité, les efforts vont être accentués pour convaincre davantage d'entreprises de libérer leurs salariés pompiers volontaires pour que ces derniers puissent plus facilement suivre des cessions de formation au combat contre le feu.

La prochaine étape de cette sortie de crise post-incendies 2022 devrait être la tenue des Etats généraux de la forêt des Landes de Gascogne voulus par les trois présidents (PS) des départements de Gironde, Landes et Lot-et-Garonne, Sophie Borderie présidant ce de dernier conseil départemental. Manifestation à laquelle Fabienne Buccio va participer.

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