Feux de forêts en Gironde : plus de 14.300 hectares brûlés et les moyens aériens en question

Plus de 14.300 hectares de forêt ont déjà brûlé, à Landiras et La Teste, alors que la Gironde entre dans le pic caniculaire ce lundi 18 juillet avec l'ensemble du département placé en alerte rouge. 1.700 pompiers et neuf avions sont désormais déployés mais les élus girondins demandent des moyens aériens régionaux pérennes.
Plus de 14.000 hectares avaient déjà brûlé en Gironde lundi 18 juillet au matin.
Plus de 14.000 hectares avaient déjà brûlé en Gironde lundi 18 juillet au matin. (Crédits : Sdis33)

Plus de 14.300 hectares de forêt et de végétation ont d'ores-et-déjà été détruits par les flammes à Landiras (10.000 hectares) et La Teste-de-Buch (4.300 hectares) et plus de 16.000 personnes, vacanciers et habitants, ont été évacués, selon le dernier bilan de la préfecture de Gironde lundi 18 juillet à 12h30. Alors que les deux feux de forêts brûlent dans le sud de la Gironde depuis bientôt une semaine, les 1.700 soldats du feu font face à une situation particulièrement défavorable ce lundi avec le pic de cette 45e vague de chaleur recensée en France depuis 1947 qui cumule un air extrêmement sec, des températures dépassant les 42 degrés et des vents incertains. Symptôme supplémentaire du réchauffement climatique : tout le département de la Gironde est placé en "vigilance rouge feux de forêts" ainsi qu'en "vigilance rouge canicule extrême" jusqu'au mardi 19 juillet à 6h. Résultat : "La situation n'est pas fixée et le feu a progressé dans la nuit" de dimanche à lundi.

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Renforts aériens déployés

"La nuit a été difficile. À cette heure, la situation reste très défavorable à l'avant du feu, mais est désormais contenue sur les autres fronts grâce aux actions de lutte et aux moyens déployés. Les travaux de création de pare-feux se poursuivent", indiquait la préfecture de Gironde, lundi matin, au sujet de l'incendie de Landiras où 3.500 personnes supplémentaires sont en train d'être évacuées (Landiras, Budos et Balizac). Du côté de La Teste-de-Buch, le feu a atteint l'océan mais "reste globalement contenu sur tous les fronts". L'incendie a néanmoins atteint les campings de la dune du Pilat entraînant l'évacuation de plusieurs milliers de personnes supplémentaires.

Les pompiers au sol pourront compter sur un soutien aérien renforcé avec trois nouveaux appareils déployés ce lundi en plus des six avions déjà à l'œuvre, soit un total de six Canadair et trois avions Dash.

"Il faut absolument avoir des Canadair à proximité"

Alors que ces deux incendies restent incontrôlables malgré les importants moyens déployés, l'arrivée de pompiers venus de toute la France et un soutien européen, les élus locaux s'interrogent sur l'absence de moyens aériens basés en Gironde ou dans les Landes, au cœur d'un massif forestier aussi vaste qu'inflammable. Aucun appareil n'est en effet basé à Mérignac ni même dans la région, la flotte de douze Canadair de la Sécurité civile étant basée à Nîmes-Garons (Gard), 500 km à l'Est.

Feux de forêts

Les incendies restent incontrôlables en Gironde (crédits : Sdis33).

Le massif forestier des Landes "est inévitablement un lieu de sinistre potentiel donc il faut absolument avoir des Canadair à proximité", alerte Jean-Luc Gleyze, président du Département de la Gironde et du Sdis 33 (service départemental d'incendie et de secours), au micro de RTL. L'élu du Sud-Gironde plaide pour une approche européenne au regard des enjeux :

"Il faut une vision stratégique européenne entre les pays qui sont vraiment sujets à ce risque incendie pour faire en sorte qu'il y ait des commandes d'appareils supplémentaires, des fabrications d'appareils supplémentaires et une remise en marche des chaînes de fabrication puisque je crois comprendre que Bombardier n'en fabrique plus. Il faut voir si ce sont les bons appareils ou est-ce qu'il faut imaginer d'autres types d'avions et, en tous cas, réalimenter une flotte qui soit conséquente en Europe pour qu'on puisse positionner des appareils à proximité des massifs forestiers au moment où les températures caniculaires arrivent."

Une demande formulée de longue date par les élus du Sud-Ouest mais qui n'a jamais été retenue à Paris, que ce soit par les gouvernements successifs ou par des missions d'informations parlementaires. "En raison du plus grand risque présenté par le massif landais au printemps, la nécessité de pouvoir intervenir rapidement sur feu nécessite, pour que la mise en œuvre de moyens aériens sur la zone soit optimisée, un prépositionnement à Mérignac. La DDSC [direction de la défense et de la sécurité civile] n'est pas favorable à cette éventualité. Elle met en exergue le gain de temps, dans les délais d'intervention, apporté par le Dash qui pourrait se rendre sur ces lieux en une heure depuis la base de Marignane", écrivait ainsi une mission du Sénat en 2006. Le tout sur fond de désaccord financier persistant entre le Département de la Gironde et l'État sur les règles de financement du Sdis. Un accord provisoire ayant finalement été conclu en 2019.

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Recréer un programme aéronautique dédié

La demande de baser des Canadair dans la région est soutenue par le maire de Bordeaux, des parlementaires girondins ou encore Alain Rousset, le président de la Région Nouvelle-Aquitaine, qui propose même de porter ou de participer à un programme aéronautique dédié :

"Il faudra prioritairement réfléchir à la reconstruction du massif forestier, à son entretien, et à ses usages. Et surtout à la capacité d'intervention rapide avec des avions bombardiers d'eau. Il est urgent d'avoir en région une force aérienne, des équipements capables d'intervenir rapidement pour éteindre ces feux. Étant donné qu'il n'y a plus de programme de production d'avions bombardiers d'eau, la Région est prête à s'associer pour élaborer un nouveau programme de relance de la conception d'avions amphibies."

"On n'a pas les avions qu'on devrait avoir"

L'inquiétude pointe aussi du côté des pilotes de Canadair. Dimanche, un syndicat de pilotes de l'aviation civile avait demandé plus d'avions et de personnel disponibles: "À l'heure où je vous parle, on n'a pas les avions qu'on devrait avoir", avait affirmé à l'AFP Christophe Govillot. Pour le porte-parole du Syndicat national du personnel navigant de l'aéronautique civil (SNPNAC), les mécaniciens ne sont "pas assez nombreux pour faire tous les dépannages, il n'y a pas suffisamment de pièces détachées" et le prestataire privé responsable de la maintenance, Sabena Technics, "n'est pas à la hauteur".

"Un avion est en manque de moteur depuis un mois" et "des dépannages qui devraient prendre 2-3 heures en prennent 5 ou 6 et ne sont pas très aboutis, avec des avions qui tombent en panne plusieurs jours de suite", déplore le syndicaliste. Autre doléance, le nombre de pilotes actuel n'est pas au rendez-vous : on est 16 commandants de bord, on devrait être 22", estime Christophe Govillot.

Parallèlement, alors qu'une poignée de restaurants ont déjà été détruits par les flammes à Cazaux, la CCI Bordeaux Gironde annonce réactiver son dispositif de crise pour les entreprises touchées par les incendies (05 56 79 5000 ou [email protected]).

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Commentaires 2
à écrit le 18/07/2022 à 17:13
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il faut il faut … facile à dire ! on préfère mettre l'argent et les moyens dans la LGV landes, on voit où cela nous mène !

à écrit le 18/07/2022 à 13:53
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« si tu plantes des conifères achète des canadairs » Depuis plus de 30 ans l’ONF fait planter des conifères parce que ça consomme moins d’eau, donc ça évacue moins de chaleur, apporte moins de pluie et brule tous les étés ... La quantité d'eau qu'on...

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