A Bordeaux, la situation juridique de l'écosystème Darwin en voie de normalisation

La dernière délibération de Bordeaux Métropole sur le sujet en atteste : les relations de la nouvelle majorité avec l'écosystème Darwin sont placées sous le signe du dégel. Elus écologistes et socialistes, alliés pour la gouvernance de la Métropole, viennent ainsi de donner à Darwin l'outil juridique qui manquait à l'écosystème pour restructurer sa dette.
Un des îlots d'hébergement d'urgence de Darwin avec au premier plan une partie des jardins et potagers en permaculture.
Un des îlots d'hébergement d'urgence de Darwin avec au premier plan une partie des jardins et potagers en permaculture. (Crédits : Agence Appa)

Avec la levée de la clause résolutoire concernant la cession des bâtiments de l'ex-caserne Niel, qui a été votée par Bordeaux Métropole le 28 janvier dernier, le groupe Evolution, à l'origine de l'écosystème Darwin, qui a acquis le premier de ses deux terrains en 2009, va pouvoir faire face à ses échéances financières. Et entamer, en principe, un nouveau chapitre plus apaisé de sa vie. Car sans la levée de cette clause résolutoire, c'est un peu comme si le groupe Evolution, dirigé par Philippe Barre, n'était pas propriétaire des deux hectares de friches militaires qu'il a pourtant payé puis réaménagé.

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"Cette clause concerne le Magasin général et l'espace de coworking. Nous en sommes les propriétaires mais nous n'avons jamais obtenu la levée de la clause résolutoire. Formalité administrative qui ne pose normalement aucun problème aux promoteurs. Parce que ne pas accorder la levée de cette clause permet de bloquer un projet immobilier qui ne correspondrait pas à ce qui était attendu. Or, nous avons suivi le programme demandé. S'il n'y pas de crèche à Darwin, comme cela était prévu au départ, c'est que l'ancien directeur général de Bordeaux Métropole Aménagement (BMA), Pascal Gérasimo, nous a demandé d'installer à la place un incubateur, ce qui a été fait", recadre Philippe Barre pour La Tribune, qui se félicite des relations tissées avec la nouvelle directrice générale de  BMA : Claire Vendé.

Quand Darwin était accusé de coloniser la friche militaire

Centre d'affaires alternatif unique en France, qui accueille des entreprises, dont le plus grand restaurant bio du pays (200 couverts par jour hors Covid), mais aussi plus d'une cinquantaine d'associations (avec 10.000 adhérents), l'écosystème Darwin n'existerait pas sans l'intervention décisive qu'a eu Alain Juppé en faveur de ce projet. Crédité avant Covdi-19 d'un chiffre d'affaires global de 200 millions d'euros, l'écosystème réinvestit une partie des bénéfices dans l'action sociale et associative,  Mais avec le temps les relations de l'écosystème avec bon nombre d'élus bordelais (dont Alain Juppé), et métropolitains se sont dégradées.

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Darwin a ainsi été accusé d'occuper des nouvelles parcelles de terrains dans la friche militaire qui ne lui appartenaient pas, par le biais des associations, avec par exemple la création d'un skate parc, l'installation d'un centre Emmaüs, la mise en place d'une ferme urbaine (avec jardins et potagers en permaculture), ou encore d'îlots d'hébergement d'urgence. Jusqu'à ce que, à l'issue d'un nombre incalculable d'incidents, BMA essaie d'obtenir devant le juge l'expulsion du groupe Evolution de l'ex-caserne Niel : une initiative sans lendemain.

Les élus socialistes et écologistes disent oui à Darwin

Les élections municipales de 2020 ont rebattu les cartes du paysage politique bordelais. Pierre Hurmic, le nouveau maire EELV de Bordeaux, est intéressé par Darwin et son allié, le nouveau président socialiste de Bordeaux Métropole et maire de Mérignac, Alain Anziani, a décidé de soutenir l'écosystème. De nouveaux dirigeants politiques qui ont décidé d'en finir avec cette guerre larvée contre le deuxième site le plus visité de la Métropole (750.000 visiteurs par an hors Covid) et un concept que d'autres villes ont essayé d'arracher à Bordeaux !

"La délibération du 28 janvier qui s'est traduite par la levée de la clause résolutoire est hyper technique, mais elle a une portée symbolique forte. Nous disons de cette façon que Darwin a respecté ses engagements consignés dans l'acte de vente des terrains. Nous leur permettons ainsi de lever les liquidités dont ils ont besoin auprès d'un pool bancaire", analyse pour La Tribune Christine Bost, vice-présidente (PS) de Bordeaux Métropole et maire d'Eysines en charge du foncier opérationnel et du dossier Darwin. "C'est une première étape de restauration du dialogue, dans laquelle nous reconnaissons le travail qu'ils ont accompli et leur place dans le territoire. L'objectif étant que nous puissions devenir de vrais partenaires. La discussion sur le skate parc ou encore la ferme urbaine n'est pas forcément un sujet compliqué. Car l'écosystème amène une activité pérenne pour le territoire."

L'attractivité de Darwin a, d'ailleurs, été l'un des atouts cités par la Commission européenne qui vient de décerner à Bordeaux le titre honorifique de capitale de tourisme intelligent.

Bientôt un projet pour régulariser les extensions associatives

La question des extensions associatives de l'écosystème, combattues par le passé par les autorités municipales et métropolitaines devraient ainsi faire l'objet d'une solution commune comme l'évoque Christine Bost. Dans leur communiqué officiel la Ville de Bordeaux, l'écosystème Darwin et Bordeaux Métropole calibrent les perspectives :

"Il est envisagé une implication de la ville de Bordeaux aux côtés de Darwin dans l'acquisition des fonciers bâtis occupés. Une proposition de solution partagée, et avec d'autres partenaires, est d'ores et déjà à l'étude et le travail se poursuit dans l'objectif d'aboutir avant la fin de l'année 2022", cadrent les partenaires.

Christine Bost souligne que le projet de faire passer la ligne de bus 45 par l'allée centrale de l'écosystème a été abandonnée, afin de ne pas détruire la cohérence interne du site. Autrement-dit les conditions n'ont jamais été aussi favorables au dialogue qu'aujourd'hui entre Darwin, la mairie de Bordeaux et Bordeaux Métropole. Tout devrait être concrètement réglé d'ici le 15 février, mais d'ici là Philippe Barre aura toujours une pointe d'angoisse au creux du ventre.

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