Les Amazones d'Afrique, groupe musical féminin formé au Mali en 2015, pourrait être la figure de proue du débarquement africain à l'écosystème Darwin à l'occasion de cette septième édition du festival Climax, soutenue par la Région Nouvelle-Aquitaine, qui se tiendra du vendredi 27 au dimanche 29 août. Une édition sous influence Covid-19, qui remet la matrice de l'humanité au centre du jeu planétaire en la projetant en avant avec cette accroche : « L'Afrique berceau du futur ». De fait, le groupe d'investissement non spéculatif Evolution, à l'origine de l'écosystème Darwin, a fait tout ce qui lui était possible pour offrir un programme copieux, avec au menu une dizaine de conférences, soixante-quinze intervenants et de nombreux artistes. Une grande partie du festival se tiendra en présentiel, mais il y aura aussi du distanciel.

"A cause du Covid-19, les visas au départ de l'Afrique sont très difficiles à obtenir et ceux qui viennent doivent en plus s'astreindre à une période de quarantaine à leur arrivée dans l'Hexagone. Et tous ne peuvent pas se permettre d'alourdir leur agenda avec une dizaine de jours d'attente. Le docteur Denis Mukwege, le gynécologue qui, comme il le dit, répare les femmes violées dans l'est de la République démocratique du Congo, a un agenda de ministre. Il ne pouvait pas rester en quarantaine. Heureusement il pourra intervenir en distanciel pendant le festival", recadre pour La Tribune Philippe Barre, dirigeant d'Evolution.

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10.000 personnes attendues sur trois jours

Après une sixième édition en pointillé, l'an dernier, Climax ne pourra pas renouer avec le niveau de ses précédentes éditions. D'abord parce que la place disponible pour l'accueil du public a été réduite de 9 à 3 hectares.

"Nous espérons attirer 10.000 personnes sur la totalité de ces trois jours, ça fait beaucoup moins que les 30.000 que nous arrivions à capter auparavant", illustre Philippe Barre.

Le festival ouvre ce vendredi 27 août et sera lancé dès 14 heures 30 avec l'intervention d'Hilda Flavia Nakabuye. Cette jeune Ougandaise de 22 ans, devenue l'une des militantes internationales les plus actives pour la défense de la planète, suite aux crises climatiques à répétition que connait la région du lac Victoria, dont elle est originaire, prendra la parole au cours d'une tribune intitulée « A la convergence des luttes ».

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Enjeux climatiques et socio-économiques

Hilda Flavia Nakabuye interviendra ensuite, notamment au côté d'Hervé Le Treut, membre du Giec (Groupe d'experts international sur l'évolution du climat), au cours de la table ronde intitulée "La saison des ombres, dérèglement climatique l'Afrique en première ligne", avec Moustapha Dieng, leader du Syndicat des pêcheurs autonomes du Sénégal, qui dénonce la spoliation des ressources halieutiques sénégalaises par l'Union européenne, par le biais d'un accord léonin arraché au gouvernement sénégalais-, resitue en substance Philippe Barre, Benjamin Sultan, climatologue spécialiste de l'Afrique, Paloma Moritz, journaliste « rédactrice en chef du dispositif Onestprêt sur la Convention citoyenne pour le climat » et Lucie Pelissier, spécialiste en migrations environnementales.

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Ce même vendredi 27 août, Les Amazones d'Afrique emballeront la première soirée du festival, en compagnie de Trouss ça et DJ Roll au Matic. Mais elles seront également représentées le lendemain 28 août à la table ronde "Femmes debout, l'avenir de l'Afrique", à 10 heures. Le même jour à 11 heurs 15 interviendra, pour un plaidoyer via liaison vidéo, le docteur Denis Mukwege. Baptisée « We love Climax », la soirée de ce samedi 28 août devrait être elle aussi bien remplie avec à l'affiche DJ Diaki, DJ Demon, DJ Pö, Oboy, Blick Bassy et DJ Decay vs Kampire.

"Nous organisons ordinairement ce festival le deuxième week-end de septembre mais avec la crise sanitaire nous pensons que les contraintes sur les gens vont continuer à augmenter après la rentrée scolaire de septembre", explique Philippe Barre, qui a décidé de s'en tenir à un calcul prudent sur le futur proche.

Avec cette septième édition de Climax, dont l'une des définitions décrit l'état d'équilibre dans un écosystème, l'équipe d'Evolution aura fait débarquer l'Afrique à quelques mètres du quai de Brazza d'où partit le 27 décembre 1879 l'explorateur Pierre Savorgnan de Brazza pour sa deuxième expédition en Afrique de l'Ouest.

Le sommet Afrique-France victime de la lutte contre le néocolonialisme

Si Brazza n'était pas au sens propre du terme un conquérant, il a donné son nom à la capitale de la petite République du Congo, qui fait face à la gigantesque République démocratique du Congo (RDC) et à sa capitale Kinshasa. Comme la plupart des ports européens qui ont tiré profit de l'esclavage et participé à la déportation de centaines de milliers d'Africains dans les Caraïbes et les Amériques, Bordeaux a entamé depuis plusieurs années un travail de mémoire sur son passé colonial et sur la Françafrique. Un sujet qui reste encore sensible comme l'a montré l'annulation du dernier sommet Afrique-France qui devait se tenir en 2021 à Bordeaux. Lors de cette manifestation, qui existe depuis des années, 54 chefs d'Etats et de gouvernements pour l'essentiel africains devaient venir à Bordeaux.

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Porté par la précédente majorité municipale juppéiste de Nicolas Florian, ce sommet a été rejeté par le nouveau maire EELV Pierre Hurmic, ulcéré par la venue de chefs d'Etats incarnant selon lui la Françafrique. D'où une forte incompréhension de l'Elysée, qui coordonnait cette opération internationale, et qui est allé jusqu'à dépêcher une représentante spéciale au palais Rohan à Bordeaux pour déminer le terrain avec le maire. Sans résultat.

Paris a finalement décidé de délocaliser ce sommet à Montpellier, mettant le feu aux poudres au port de la Lune. Elus de l'ancienne majorité jupppéiste et patronat girondin  dénonçant à cette occasion "un gâchis". Une annulation de sommet qui a fait plus que froisser les milieux d'affaires bordelais et en particulier ceux qu'il est convenu de ranger dans la très informelle famille des "Sénégalais", parmi lesquels le groupe Castel (numéro deux mondial du vin et numéro deux de la bière en Afrique). Et puis, selon France 3 Nouvelle-Aquitaine, cette annulation devrait se solder pour les hôteliers bordelais par le remboursement de plus de 300.000 euros d'arrhes ! Avec Climax, Darwin ouvre donc une petite fenêtre bienvenue sur l'Afrique.