Filiale -depuis 2021- à 100 % du groupe Europlasma, à Morcenx (Landes), qui l'a sauvé de la faillite, l'ancien arsenal de Tarbes devenu Forges de Tarbes vient d'enregistrer de très importantes commandes. Doté depuis mars dernier par sa maison-mère d'un investissement de 15 millions d'euros sur trois ans pour démultiplier sa capacité de production, la filiale tarbaise d'Europlasma a tout d'abord reçu le 25 mai dernier de nouvelles licences export de la part du ministère des Armées.
Objectif : permettre à l'ancien arsenal de Tarbes d'exporter les grands corps creux qu'il fabrique dans un pays européen membre de l'Otan (Organisation du traité de l'Atlantique Nord). Ces corps creux en métal sont indispensables pour la fabrication des obus de gros calibre de 155 millimètres. Des munitions consommées chaque jour en grandes quantités par les forces armées ukrainiennes, que soutient matériellement l'Otan pour repousser l'invasion russe de son territoire.
Un investissement de 15 millions pour être en tête
Pionnier de la dépollution par torche à plasma, en particulier pour la neutralisation définitive des déchets d'amiante et des cendres volantes toxiques générées par les incinérateurs d'ordures ménagères, Europlasma, qui se définit comme « spécialiste du traitement et des déchets dangereux, de la valorisation matière et de la décarbonation », a racheté l'ancien arsenal de Tarbes pour pouvoir fabriquer ses propres torches à plasma. Dans le cadre d'une nouvelle stratégie basée sur le développement d'une offre de service industrielle de haut niveau, comprenant des unités complètes de dépollution dotées de leurs propres torches à plasma.
Indispensables pour fabriquer des torches à plasma, ces corps creux le sont aussi pour les obus de gros calibre. C'est ainsi que cette technologie duale a brutalement fait basculer Europlasma du côté de la guerre avec l'invasion surprise de l'Ukraine par la Russie. Les 15 millions d'investissement annoncés par Jérôme Garnache-Creuillot, PDG d'Europlasma, en mars dernier à Tarbes, vont permettre de conforter la place de la filiale tarbaise comme un acteur incontournable.
Une commande historique pour le groupe landais
Europlasma est ainsi en train de s'imposer comme un acteur de premier plan dans la chaine industrielle de production d'obus de 155 mm. Le 13 juin la direction d'Europlasma a annoncé avoir enregistré une commande record de plus de 15 millions d'euros. Sachant qu'en 2022 le groupe a réalisé un chiffre d'affaires de 14,5 millions d'euros. Une commande record avec comme mission de livrer plus de 60.000 corps creux en 2024, pour permettre en bout de chaîne la production d'autant d'obus de 155 mm.
Il n'est pas douteux que le groupe Europlasma n'ait jamais enregistré dans son histoire très mouvementée une commande d'un montant aussi élevé.
« Cette commande historique, la plus importante depuis la cession des Forges de Tarbes par GIAT Industries, valide le savoir-faire unique et l'implication sans faille des femmes et des hommes qui y travaillent. Elle est également le fruit d'une collaboration technique et stratégique étroite avec les équipes de son client historique lequel a permis de sauvegarder un outil industriel constitutif d'une filière garante de la souveraineté française », déroule le PDG d'Europlasma.
Un supplément de 6.000 corps creux
Il y a moins d'une semaine, le 15 juin dernier, Europlasma a reçu une nouvelle commande de 6.000 unités à livrer dès 2023, représentant plus de 1,4 million d'euros. Une commande rendue possible par la montée en puissance de la capacité de production des Forges de Tarbes. Qui va atteindre une capacité annuelle de 40 000 pièces en 2023, puis de 120 000 en 2024. En 2025, Les Forges de Tarbes disposeront d'une capacité de production à hauteur de 160.000 pièces par an. Avec l'intensification des combats en Ukraine, la demande d'obus de 155 mm va en accélérant. Cette nouvelle commande de 6.000 corps creux sera expédiée à un pays non identifié, qui va se faire livrer en 2023 un total de 36.000 corps creux, contre 17.000 en 2022 : soit une hausse de +112 % !
Par ailleurs, le groupe landais, dont le staff administratif est installé à Pessac (Bordeaux Métropole), vient d'annoncer que sa filiale chinoise Europlasma Environmental Technology (EET), à LaiXi, dans la province du Shandong près de Tsingtao (face à la Corée), a démarré il y a quinze jours, et pour une durée totale de trois mois, sa campagne de synthèse concernant la vitrification de cendres volantes toxiques issues d'incinérateurs chinois.
500 tonnes de déchets amiantés italiens à neutraliser
Il s'agit de tester la sobriété du système mais aussi la résistance des fours de vitrification, soumis en particulier à des conditions chimiques très agressives. L'idée étant de voir si la technologie développée en Chine est au moins aussi bonne sinon meilleure que celle qui existe déjà en France pour le traitement de ces fumées toxiques. Cette région chinoise compte 600 incinérateurs d'ordures ménagères, qui produisent chacun 10.000 tonnes de cendres toxiques par an.
Enfin le groupe Europlasma annonce qu'Inertam, sa filiale spécialisée dans la neutralisation des déchets d'amiante, va recevoir 500 tonnes de déchets amiantés en provenance d'Italie à traiter, dans le cadre de l'accord d'une durée de sept ans passé par cette filiale d'Europlasma avec la société italienne Furia, qui exploite en particulier une plateforme de collecte de déchets dangereux d'une capacité annuelle de 223 000 tonnes.
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