Europlasma va se défaire de 21 millions d'euros de dettes et démantèle Cho Morcenx

Avec la conclusion d'un accord en négociation depuis des mois, Europlasma va effacer sa dette de 21 millions d'euros, restructurer la centrale électrique expérimentale Cho Morcenx, qui va être démantelée et requalifiée dans la préparation de combustibles solides de récupération, et s'ouvrir de nouvelles perspectives. Une opération dans laquelle le fonds d'investissement londonien ABO a joué un rôle clé.
La centrale Cho Morcenx ne va pas redémarrer, sera partiellement démantelée et réorientée.
La centrale Cho Morcenx ne va pas redémarrer, sera partiellement démantelée et réorientée. (Crédits : Appa)

Le groupe Europlasma, dont le siège social se trouve à Morcenx (Landes) et la direction administrative à Pessac (Gironde/Bordeaux Métropole), spécialiste mondial des technologies de dépollution utilisant la torche à plasma, confirme ce que son PDG, Jérôme Garnache-Creuillot, avait déjà annoncé il y a plusieurs mois : l'arrêt et la requalification de la centrale Cho Morcenx. Un prototype à échelle un lancé sur le marché de l'énergie alors qu'il était encore loin d'être au point.

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Cette centrale, qui devait produire de l'électricité à partir de la gazéification de déchets et de biomasse, a englouti des millions d'euros, entrainé la chute du fondateur du groupe, et failli à plusieurs reprises provoquer l'effondrement d'Europlasma. Le plan annoncé ce mercredi 18 novembre va permettre d'éponger les 21 millions d'euros de dette du groupe landais, qui va pouvoir prendre le contrôle à 100 % de sa filiale Cho Power, elle-même propriétaire de Cho Morcenx. Ce qui va lui donner les mains libres pour démanteler la centrale électrique et la restructurer, moyennant un bénéfice intermédiaire anticipé de 7 millions d'euros, généré par la revente de certains matériels de cette infrastructure.

Préparer les combustibles de récupération, un vrai métier

Quant à la réorientation de la centrale, elle est rendue possible par le savoir-unique engrangé par les ingénieurs dans le calibrage et la rigoureuse préparation des déchets à incinérer. Un métier ultra pointu dans lequel Europlasma a acquis une véritable expertise et qu'il va pouvoir monnayer en se lançant dans la préparation de combustibles solides de récupération (CSR), d'indispensables substituts aux énergies fossiles, dont les cimenteries sont par exemple très demandeuses.

Pour parvenir à ce résultat, Jérôme Garnache-Creuillot, PDG depuis un peu plus d'un an du groupe, a dû bénéficier du soutien plein et entier du financier d'Europlasma, l'homme d'affaires Pierre Vannineuse, à la tête de la société anglaise ABO, à Londres. Tout simplement parce qu'Europlasma, qui détenait 80 % des actions de sa filiale Cho Power, propriétaire de la centrale Cho Morcenx, ne pouvait en acquérir la pleine propriété qu'après avoir réussi à effacer 21 millions d'euros de dettes de son bilan.

Un montage complexe négocié pendant plusieurs mois

Si toutes ces opérations ne sont pas encore débouclées, elles sont en cours et il serait plus qu'étonnant que le tribunal de commerce de Mont-de-Marsan, dont l'accord est nécessaire pour parvenir au terme de cette restructuration financière, tape du poing sur la table et dise non.

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Parce que l'accord tripartite qui va permettre à Europlasma de se délester de 21 millions d'euros de dettes, règle dans tous ses détails cette première opération financière. Mais aussi le rachat de la part minoritaire de 20 % détenue par d'autres investisseurs dans le capital de Cho Power. La direction du groupe ne cache pas que la mise au point de cet accord a demandé plusieurs mois de négociations. Vu l'histoire financière jusqu'ici chaotique d'Europlasma, le résultat a quelque chose d'édifiant.

L'opération reste à valider par le tribunal et les actionnaires

"Aux termes de l'opération, Europlasma sera actionnaire à 100% de CHO Power et l'endettement de l'ensemble du groupe se trouvera réduit de 21 millions d'euros, soit une baisse de 95% de l'endettement net total hors intra-groupe au 30 juin 2020. Par suite, cette opération confèrera in fine une autonomie de décision quant à l'activité de CHO Power et à l'avenir de l'installation CHO Morcenx.

Les réflexions sur les nouvelles orientations stratégiques sur ces deux points sont d'ores et déjà engagées et feront l'objet d'une prochaine communication. Cette restructuration reste conditionnée à l'approbation par le tribunal de commerce de Mont-de-Marsan de l'ensemble de la transaction et à l'autorisation par l'assemblée générale des actionnaires d'Europlasma dont les formalités de convocation seront effectuées prochainement", éclaire dans un premier temps la direction d'Europlasma.

Europlasma mis à contribution pour effacer la dette

Autant dire que Pierre Vannineuse, investisseur et grand argentier du groupe, dont il a rendu possible la résurrection en 2019, joue une fois de plus un rôle clé, puisque le fonds engagé dans cette opération, baptisé « Global Tech Opportunities 1 », alias « Global Tech », est une émanation d'ABO (Alpha Blue Ocean), société de gestion de ce jeune financier international.

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Installée à Londres, elle intervient depuis des mois dans le capital d'Europlasma par le biais d'un autre fonds basé au Luxembourg : Ehgos (European high growth opportunities securization/pour Titrisation d'actifs européens à croissance élevée-NDLR). Mais il n'y a pas de miracle et le groupe, via ses actionnaires, va très activement participer à l'apurement de la dette. La nouvelle gouvernance du groupe, qui a réussi il y a peu à restructurer entièrement la capitalisation boursière d'Europlasma, engage avec cette opération une nouvelle phase de dilution de la valeur unitaire des titres.

Un tout nouveau mouvement de dilution pour les actionnaires

Pour éponger la dette de 21 millions d'euros, une tranche de 6,5 millions d'euros va être en particulier générée par l'émission de 650 obligations convertibles en actions (OCA) d'une valeur unitaire de 10.000 euros. Une fois converties, ces obligations vont générer 2,9 millions d'actions nouvelles qui vont diluer la valeur unitaire des titres. Un actionnaire qui aurait détenu 1 % du capital flottant avant l'opération, n'en possèdera plus que 0,76 % une fois les obligations converties en actions. Les tests de reconfiguration de la centrale électrique pour y développer la nouvelle activité de préparation de CSR se sont avérés concluants.

En plus de ça, la direction d'Europlasma confirme l'installation prochaine d'une centrale photovoltaïque d'une capacité minimale de 5 MW pour compenser la facture énergétique d'Intertam. L'unité de neutralisation des déchets d'amiante fonctionne à la torche à plasma, comme de nombreuses autres applications du groupe, dont c'est la spécialité historique. Une technologie tranchante et d'une efficacité maximale qui exige néanmoins de très grandes quantités d'énergie pour être opérationnelle.

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