France relance : De Grimm Maroquinerie en exemple de la transformation numérique

La transformation numérique s'adresse plus que jamais aux très petites entreprises. Le plan France relance est doté d'un volet dédié à cet enjeu dont la préfète de Gironde et de Nouvelle-Aquitaine a décidé de faire parler en prenant la société bordelaise De Grimm Maroquinerie comme exemple. Une très petite entreprise familiale de six personnes dont le trafic du site marchand a grimpé de +10 % l'an dernier.
La vitrine du maroquinier au marché des Grands hommes
La vitrine du maroquinier au marché des Grands hommes (Crédits : Emma Collet)

Ce mardi 29 juin, Fabienne Buccio, la préfète de Gironde et de Nouvelle-Aquitaine, s'est rendue à l'atelier bordelais De Grimm Maroquinerie, en compagnie de Jean-François Cledel, président de la Chambre régionale de commerce et d'industrie de Nouvelle-Aquitaine, et Jean-Pierre Gros, président de la Chambre de métiers et de l'artisanat de Nouvelle-Aquitaine. Une visite qui s'inscrivait dans l'illustration du volet transformation numérique du plan France relance. Un plan de très grande envergure, qui touche quasiment tous les secteurs d'activité, et que met en avant Fabienne Buccio à raison d'une animation par mois.

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"La filière numérique représente 50.000 emplois en Nouvelle-Aquitaine. Mais seulement 34 % des dirigeants d'entreprises d'un à neuf salariés se sont lancés dans la transformation numérique", a résumé la préfète de la Gironde et de Nouvelle-Aquitaine.

Chèque numérique : plus de 10.000 bénéficiaires dans la région

Sachant que cet effectif régional n'agrège pas les entreprises qui peuvent avoir des spécialistes du numérique, mais dont la vocation première n'est pas liée à ce secteur.

"Un tiers des entreprises ont un site Internet alors que désormais deux tiers des Français achètent via Internet. La digitalisation a eu un effet très dynamique pendant le Covid pour les entreprises, d'où la création du chèque numérique. Plus de 10.000 entreprises ont pu en bénéficier dans la région Nouvelle-Aquitaine", a souligné Pascal Apprederisse, patron de la direction régionale de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités (Dreets).

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La maroquinerie De Grimm, dont le nom est une création maison, est également la marque des produits fabriqués par l'atelier, lui-même logé dans la Société d'exploitation des établissements Massip Maurice.

Au coeur de la place des Grands hommes à Bordeaux

Cette maroquinerie familiale est codirigée par Fabienne Coutzac-Massip et Alain Massip, maître artisan passé chez Hermès, JM Weston, Charles Jourdan, qui sont frère et sœur. Cyril Coutzac-Massip, l'époux de Fabienne, est quant à lui chargé du développement du marketing numérique de l'entreprise. De Grimm dispose depuis plusieurs années d'une boutique située au centre du cercle de la place des Grands hommes, à Bordeaux, dans la galerie du marché des Grands hommes, et d'un atelier situé dans un immeuble de la place, juste en face de ce point de vente. L'entreprise mène ainsi une double activité commerciale et artisanale, avec le négoce de grandes marques de maroquinerie et la vente des produits originaux qu'elle conçoit, principalement des sacs à main, à raison d'environ 500 pièces par an.

"Nous dirigeons une entreprise de petite taille, dont le développement est rendu difficile par le manque de notoriété. Nous sommes connus de façon confidentielle, sauf sans doute à Bordeaux. La société produit environ 500 pièces par an, et nous sommes assez dépendants du tourisme. Autrement-dit nous avons souffert de la crise du Covid-19 en 2020. Heureusement nos ventes en ligne ont continué à progresser", recadre Fabienne Coutzac-Massip, qui fait partie de la quatrième génération à la tête de cette entreprise artisanale et familiale, à la production haut-de-gamme, fondée à Bordeaux en 1945.

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Des ventes en ligne qui ont continué à grimper l'an dernier

Comme le souligne son époux, l'entreprise a été percutée de plein fouet l'an dernier par la crise du Covid :

"Nous avons perdu 37 % de chiffre d'affaires l'an dernier. Une chute due au recul du négoce puisque nos ventes de produits propres ont dans le même temps augmenté de +10 %", éclaire ce dernier, qui précise que l'activité est passée de 800.000 à 500.000 euros entre les exercices 2019 et 2020, dont 100.000 euros pour les produits propres l'an dernier.

Artisan de la numérisation des ventes, via la création en 2015 d'un site marchand sur Internet, à l'adresse www.degrimm.fr, Cyril Coutzac-Massip souligne a quel point cette diversification a été importante pour le développement et la survie de l'entreprise.

"En 2015, notre chiffre d'affaires digital était à zéro. En 2019, il représentait 17 % du chiffre d'affaires et 30 % en 2020 !Une hausse en trompe-l'œil en 2020, due à la baisse globale de notre activité", temporise le directeur du marketing digital.

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De Grimm a pu soigner sa notoriété sur les réseaux sociaux

Cyril Coutzac-Massip souligne à quel point le chèque numérique de 500 euros, qui lui a été accordé par les services de l'Etat, l'a aidé. En particulier à soigner la notoriété de De Grimm sur les réseaux sociaux.

"Nous avons assisté à un changement de comportement des consommateurs, il y a un véritable boom digital. Nous ne sommes pas très connus mais nous arrivons à faire des ventes dans 150 pays dans le monde grâce à Internet", se réjouit Cyril Coutzac-Massip

Excellent client témoin, Jean-Pierre Gros a fait part de son expérience personnelle, sans préciser s'il était alors président ou non de la Chambre régionale de métiers et de l'artisanat de Nouvelle-Aquitaine.

"Je suis de Limoges et en passant à Bordeaux, j'ai vu une boutique De Grimm dont j'ai pu apprécier la qualité des productions rien qu'en regardant la vitrine. Je suis rentré dans la boutique et j'ai acheté un sac De Grimm pour ma femme", a déroulé Jean-Pierre Gros.

Et si De Grimm devenait une entreprise du patrimoine vivant ?

De son côté, Jean-François Cledel a souligné que De Grimm est une très belle entreprise avec un vrai savoir-faire bordelais encore pas assez connue.

"Elle pourrait faire partie des entreprises du patrimoine vivant (label EPV -ndlr) mais qui a su se transformer. La CCI de Bordeaux a sensibilisé 3.000 entreprises à la digitalisation en 2020. Il faut montrer que c'est possible. Nous avons 330.000 entreprises ressortissantes dans la Région. La CCI de Nouvelle-Aquitaine a ouvert 15 cellules de crise pendant six mois, qui ont drainé 40.000 appels téléphoniques" ,a relevé Jean-François Cledel.

Information et accompagnement des entreprises sont nécessaires mais, s'il reste encore beaucoup à faire, la machine est lancée. Jean-Pierre Gros a éclairé la situation en précisait que désormais "ce qu'il reste à faire, c'est faire savoir". De Grimm a su rester bien informé. En plus du chèque numérique, l'entreprise artisanale a ainsi pu bénéficier du prêt garanti par l'Etat (PGE), pour les volets négoce et fabrication, mais aussi du chômage partiel ou encore d'aides de la Fédération et du centre technique du cuir. Fabienne Buccio s'est finalement félicité de l'appui apporté par les chambres consulaires aux services de l'Etat.

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