Comment Sanofi veut s'ouvrir à l'écosystème bordelais de l'innovation

L'industriel français Sanofi a inauguré en début de semaine son nouveau site installé au cœur de la Cité numérique à Bègles, à proximité immédiate de Bordeaux. Florence Miotti, directrice du campus, explique comment le groupe pharmaceutique espère y trouver un terreau propice pour inaugurer de nouvelles collaborations autour de l'innovation.
Fari, jeune pousse accompagnée par le Village by CA à Bordeaux, présente les travaux engagés avec Sanofi lors de l'inauguration du campus de Bègles à la Cité numérique
Fari, jeune pousse accompagnée par le Village by CA à Bordeaux, présente les travaux engagés avec Sanofi lors de l'inauguration du campus de Bègles à la Cité numérique (Crédits : La Tribune / Mikaël Lozano)

La Tribune dévoilait en mars 2018 l'identité de la première "locomotive" de la Cité numérique installée à Bègles : Sanofi. Il s'agit en fait d'un déménagement du site de Sanofi précédemment localisé à Floirac qui hébergeait la direction des systèmes d'information des affaires industrielles. Ces équipes ont pour mission de créer des applications informatiques permettant l'harmonisation des processus industriels du groupe et d'assurer un soutien technique aux différents sites dans le monde.

"Nous y avions signé un bail fin 2008 couvrant une période de neuf ans, rappelle Florence Miotti, directrice du campus. Notre bail s'arrêtait donc et en neuf ans, nous avions eu six bailleurs différents, encaissant les loyers mais peu intéressés par la vie du lieu dont nous avons assuré l'entretien des bâtiments. De plus nous étions sur trois bâtiments et six niveaux avec des équipements vieillissants et finalement, une empreinte énergétique assez éloignée des standards du groupe. Au moment de déménager, l'idée n'était pas tant de se rapprocher du centre-ville de Bordeaux qu'une volonté de s'immerger dans un écosystème innovant et de bénéficier d'un espace fluidifiant la communication entre nous."

Sanofi a donc jeté son dévolu sur la Cité numérique à Bègles où elle a pris à bail près de 1.500 m2 sur un étage pour la centaine de salariés qui dépendent de ce campus.

"Nous n'avons que des espaces partagés, sans bureaux fixes pour nos collaborateurs, poursuit Florence Miotti. L'idée est de se redécouvrir entre nous, de renforcer les échanges entre les équipes mais aussi de disposer d'un lieu qui correspond à nos usages. En dix ans, le télétravail nous a poussé à nous réinventer et à bâtir de nouvelles organisations qui se doivent d'être ultra-efficaces. Ce campus est un centre de compétences mondial, aussi un salarié sur deux est en mobilité ou en télétravail. Lorsqu'ils seront présents, ils pourront s'installer où ils le souhaitent."

Passer la vitesse supérieure

Sanofi a déjà tissé des liens avec l'écosystème local de l'innovation puisqu'elle est impliquée depuis plusieurs années au sein du Village by CA bordelais, l'accélérateur de startups du Crédit agricole Aquitaine. Elle s'apprête également à accueillir dans ses rangs des alternants de l'école Microsoft / Simplon, si bien que 17 % de ses effectifs l'an prochain seront en alternance. Mais l'industriel compte passer la vitesse supérieure au cœur de la Cité numérique, qui se remplit progressivement avec des acteurs de toute taille engagés en matière d'innovation.

Lors de l'inauguration, le campus bordelais a justement présenté quelques initiatives déjà engagées comme le partenariat noué avec Fari Analytics. Cette jeune pousse girondine chercher à faciliter l'accès au potentiel de l'analyse de données et de l'intelligence artificielle pour les entreprises en faisant parler les données. Sanofi lui a confié un jeu de données pour travailler sur une optimisation des coûts logistiques de son site de Saint-Loubès. Ce dernier est stratégique car il joue le rôle de centre de distribution pour une grande partie du Sud de la France, livrant des acteurs allant des pharmacies aux hôpitaux en passant par l'Armée française. D'autres travaux ont été engagés par exemple avec les caméras terahertz de i2S, société cotée girondine, afin de réussir à "voir" à travers les films plastiques qui enserrent les palettes de produits, ou encore avec Lectra autour de la robotique et des cobots pour l'ouverture des cartons, tâche dont la valeur ajoutée est restreinte, aujourd'hui assurée par des salariés.

Sanofi devra ensuite réussir l'étape suivante, le passage à l'échelle de ces tests et leur industrialisation, en bonne intelligence avec les acteurs de l'innovation avec qui elle collaborera. Florence Miotti se veut positive :

"Développer un outil innovant en interne et le déployer dans tous les sites du groupe, on sait faire : c'est ce qui s'est passé notamment avec notre application VISTAlink, inventée ici et utilisée partout désormais. On sait le faire. Jusqu'à présent nous étions entre nous, aujourd'hui nous nous tournons de plus en plus vers l'extérieur. Baigner dans un écosystème tel que proposé par la Cité numérique va nous y aider."

Sanofi n'a pas vocation à créer un laboratoire de tests pour les startups sur le modèle emprunté par Cdiscount, également bordelais, avec son incubateur The Warehouse qui reconstitue un entrepôt. "Nous sommes très implantés dans la région avec un millier de salariés et quatre sites, dont Ambarès et Saint-Loubès qui ne sont qu'à quelques kilomètres. Historiquement, nous avons toujours eu un pied dans ces sites pour nous confronter à la « vraie vie » et développer nos innovations avec ceux qui sont sur le terrain. Cette logique, nous allons la conserver", conclut Florence Miotti.

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