A Saintes, le Ferrocampus formera aux métiers ferroviaires de demain

La Région Nouvelle-Aquitaine va investir 20 M€ dans ce projet de Ferrocampus à Saintes (Charente-Maritime) dont la phase de préfiguration avec SNCF Immobilier vient de débuter. Formations, expérimentations et activités nouvelles dans le domaine du ferroviaire : le site doit accueillir ses premiers étudiants à la rentrée de septembre.
Les futurs ateliers du Ferrocampus à Saintes (Charente-Maritime).
Les futurs ateliers du Ferrocampus à Saintes (Charente-Maritime). (Crédits : Région Nouvelle-Aquitaine)

Dix ans après la création, à Latresne, en Gironde, de l'Aérocampus, dédié aux métiers de la maintenance aéronautique, la région Nouvelle-Aquitaine investit cette fois dans le secteur ferroviaire avec le projet Ferrocampus. C'est dans le Technicentre SNCF de Saintes (Charente-Maritime) que cette nouvelle structure de formation prendra place, profitant des 27. 000 m2 de foncier que la réorganisation du site a libéré. Le protocole d'accord a été paraphé le 31 janvier dernier par Alain Rousset, le président du conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, et Gilles Mergy, le directeur du réseau territorial de SNCF immobilier.

La Saintonge romane tient une place importante dans l'histoire ferroviaire française mais connaît ces dernières années des difficultés en termes d'attractivité territoriale. ''A Saintes, il y a une vraie culture ferroviaire, on risque de la perdre. Comment peut-on agir pour retourner la dynamique du territoire ? Peut-on profiter de ce contexte ferroviaire pour rebondir ?'', ce sont les questions posées par Xavier Mallardeau-Castanet, chef des grands projets structurants auprès du directeur général adjoint en charge de la Datar (délégation à l'aménagement du territoire et à l'attractivité régionale) au sein du conseil régional.

Ferrocampus

Les 27.000 m2 d'espace fonciers libérés par SNCF Immobilier devraient accueillir dans un premier temps 14.000 m2 de bâtiments dans lesquels prendra place le Ferrocampus avec un accès direct aux voies ferrées (crédits : Région Nouvelle-Aquitaine)

"Un projet attendu par la filière"

Tout au long de l'année 2019, Xavier Mallardeau-Castanet a étudié la pertinence du projet de Ferrocampus. Cette étude a notamment révélé un très grand enthousiasme de la part des acteurs de la filière qui ont exprimé la nécessité de se diriger vers des activités et des technologies nouvelles. Xavier Mallardeau-Castanet s'étonne ainsi du peu d'évolution qu'a connu le réseau ferroviaire depuis l'avènement du TGV, avec des lignes secondaires prêtes à fermer, et des dispositifs qui expriment une certaine précarité :

''Aujourd'hui, pour une panne on doit aller voir sur le terrain, on est encore à la lampe torche. Lorsque j'ai exposé mon étude très pragmatique aux différents acteurs ferroviaires, transporteurs, opérateurs, constructeurs, c'était comme une évidence, ça correspondait à leurs attentes. [...] Notre ressenti c'est qu'il y a une très forte demande de la filière et des industriels pour l'innovation. Un projet comme Ferrocampus n'a de sens que s'il répond aux besoins des entreprises, que ce soit au niveau régional ou national.''

Le projet Ferrocampus veut se placer sous le label "Campus talents et territoires de Nouvelle-Aquitaine" créé en décembre 2019 et décerné aux nouveaux campus  de métiers naissant de besoins économiques ou formulés par des entreprises régionales. Or, pour Xavier Mallardeau-Castanet : ''Le ferroviaire est un des secteurs qui a le plus de postes à proposer. Aujourd'hui, la filière a du mal à recruter et a un problème de revalorisation des métiers ferroviaire en particulier en termes de formation''. L'objectif de cette nouvelle structure de formation sera donc de déployer des activités de formation, de recherche et de transfert technologique d'attirer de nouvelles activités créatrices d'emplois.

Ferrocampus

Les premières esquisses du projet Ferrocampus à Saintes. Cliquez sur l'image pour l'agrandir (crédits : Nouvelle-Aquitaine).

Vers les matériels roulants du futur

Ferrocampus se présentera sous plusieurs formes. D'une part, un campus accueillant diverses formations initiales et continues (Bac+3/Bac+5) ; d'autre part, un centre d'expérimentations avec laboratoires, plateaux techniques, espaces d'innovations ; enfin, un lieu dédié à l'implantation d'activités nouvelles, notamment dans la maintenance des équipements roulants. Divers objectifs sont poursuivis mais tous tendent vers une politique de développement durable et de transition énergétique. Le verdissement des matériels roulants, la sécurité et la connectivité embarquées ou encore la signalisation et la maintenance déportées seront donc au programme.

L'un des enjeux prioritaires pour Xavier Mallardeau-Castanet et la Région est par exemple le défi zéro diesel dans dix ans, en réfléchissant à des alternatives comme la mise en place d'un système de batteries pour remplacer le vieux moteur à essence, "peut-être même des solutions hydrogènes dans quinze ans" avance t-il. Idem pour l'intégration de solutions digitales : "Aujourd'hui, il y a beaucoup de câbles, demain il y aura de la fibre optique."

Développer une expertise à l'échelle européenne

Avec un portefeuille estimé à environ 20 M€, le futur complexe de formation de Saintes veut s'imposer comme un pôle d'excellence dans la maintenance opérationnelle et dans le défi zéro diesel et comme un site d'expertise dans la revitalisation des voies ferrées, dans l'expérimentation des nouvelles technologies et dans l'élaboration des trains de demain.

''Le projet n'a d'intérêt que dans une dimension nationale voir européenne. Tous ces constructeurs sont soumis aux mêmes problématiques. Ce site doit donc trouver sa place au niveau européen. Des sites comme ça il n'y en aura pas 50 en France", considère Mallardeau-Castanet qui compte bien faire de ce projet un nouveau tremplin du secteur ferroviaire. Aujourd'hui, le Ferrocampus est en train de trouver ses différents partenaires, avec l'objectif d'ouvrir les portes à ses premiers étudiants pour la prochaine rentrée de septembre 2020. D'ici là, une délibération au conseil régional doit être votée en séance plénière le 30 mars prochain pour véritablement lancer le projet.

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