Domofrance relance ses chantiers dans un marché travaillé par l'inflation

La reprise des chantiers de construction de logements sociaux redémarre doucement en Nouvelle-Aquitaine, mais assez fermement. Il n'en reste pas moins que, malgré cette reprise, 2020 confirme son statut d'année de tous les dangers. En particulier parce que l'application des bonnes pratiques dans le BTP allonge les délais et fait grimper les prix.
En ralentissant les cadences de production, le coronavirus affecte les fondamentaux du marché du logement.
En ralentissant les cadences de production, le coronavirus affecte les fondamentaux du marché du logement. (Crédits : Agence APPA)

Pour relancer son activité, le bailleur social Domofrance s'est coulé dans le fameux "Guide de préconisations de sécurité sanitaire pour la continuité des activités de construction". Un guide des bonnes pratiques qui a suscité son lot de réserves voire de critiques, mais qui a fini par aboutir même s'il a mis un peu plus de temps que prévu pour trouver sa forme définitive. C'est ainsi que Domofrance a décidé de commencer à relancer son activité depuis la mi-avril à Pau.

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"Sur toute la Nouvelle-Aquitaine, les collaborateurs mobilisent tous leurs efforts pour assurer, dans le respect des règles sanitaires, le redémarrage des chantiers ou l'ouverture de nouveaux programmes de travaux avec l'ensemble des entreprises partenaires. Domofrance met tout en œuvre pour soutenir au mieux les entreprises du bâtiment", résume la direction de Domofrance.

Un groupe régional dont Philippe Rondot est le président et Francis Stéphan le directeur général.

Une reprise qui n'a rien d'un long fleuve tranquille

Le premier chantier relancé par Domofrance concerne la réhabilitation à Pau, dans la résidence Habitelem « les Alizés », de 69 logements. C'est la société Sobebat qui est à la manœuvre et qui y réalise les travaux d'isolation du bâtiment par l'extérieur, dont elle une spécialiste. Cette entreprise d'origine gersoise, désormais installée à Morlaas (Pyrénées-Atlantiques), évolue dans cet espace économique spécifique formé par le sud de la Gascogne et le Pays basque. Avec la pandémie de coronavirus l'activité du BTP, recadrée par le guide des bonnes pratiques, est en plein bouleversement.

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Comme le souligne sa direction, "Domofrance, en collaboration avec ses partenaires, confirme sa volonté de relancer au plus vite l'activité pour maintenir la réponse "logement" mais aussi pour favoriser la reprise économique".

Francis Stéphan et Philippe Rondot, respectivement directeur général et président de Domofrance

Francis Stéphan et Philippe Rondot (DR)

Mais le rétablissement de l'activité du BTP n'a rien à voir avec le fait d'appuyer sur un bouton et pose même des problèmes d'une ampleur qui sans doute ne pouvait être que sous-évaluée, compte tenu de l'énormité des contraintes qui pèsent sur la filière du bâtiment.

L'allongement des chantiers fait monter les prix

"Aujourd'hui nous estimons que 27 % des chantiers de construction de logements sociaux ont repris en Nouvelle-Aquitaine. La semaine prochaine ce sera sans doute un peu plus de 30 %. Nous sommes à la relance mais c'est vraiment difficile. Avec les nouvelles contraintes de sécurité, et notamment les temps cadencés, qui font que les corps de métiers ne peuvent plus intervenir en même temps sur un chantier, les délais de construction ne cessent de s'allonger. Ce qui génère des surcoûts importants qui viennent compliquer la réalisation des chantiers", éclaire en substance pour La Tribune Muriel Boulmier, ex-directrice générale de Ciliopée Habitat, à Agen, poste où elle a été remplacée par Nicolas Muller fin 2019, mais toujours DG du groupe Ciliopée, qui agrège d'autres activités sociales.

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Muriel Boulmier préside aussi l'Arosha, une Association régionale des organismes sociaux pour l'habitat en Aquitaine désormais recalibrée à l'échelle de la Nouvelle-Aquitaine et de ses 12 départements.

Eviter une année de production blanche en 2020

Muriel Boulmier ne cache pas, au titre de l'Arosha, que les négociations avec les entreprises du bâtiment pour la relance des chantiers sont longues et que l'irrépressible montée des prix ampute d'autant les chiffres d'affaires des bailleurs sociaux. Mais elle refuse de donner des chiffres, la période de confinement n'ayant commencé qu'à la mi-mars, soit la moitié d'un mois, et les données d'avril n'étant pas encore disponibles. Autrement-dit les chantiers redémarrent au prix fort avec une productivité bien moindre par rapport à l'avant crise du coronavirus.

Muriel Boulmier Ciliopée Forum Climat Cop21 Bordeaux

Muriel Boulmier (Agence Appa)

"Un de nos premiers objectifs est d'éviter une année blanche dans la production de logements sociaux en Nouvelle-Aquitaine. Mais nous sommes aussi, en tant que bailleurs sociaux, au contact des locataires et nous avons mis en place de nombreuses procédures de report pour le paiement des loyers, puisque nous avons parmi nos locataires de nombreux artisans ou indépendants qui ne sont pas couverts par les mesures de soutien adoptées par l'Etat", observe Muriel Boulmier.

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Autant dire que pour la présidente de l'Arosha ce mois d'avril fait partie de la charnière entre l'avant et l'après crise du Covid-19 et qu'elle n'est pas spécialement optimiste, compte-tenu des enjeux, sans vouloir parler pour autant de scénario catastrophe.

D'ici un gros mois Domofrance va encore grandir

En juin prochain le bailleur social Ciliopée Habitat (3.511 logements gérés) va fusionner avec Domofrance. Ce bailleur social est de son côté très présent en Gironde, où il gère 24.102 logements familiaux (ou HLM), sur un total de 25.973 habitations de ce type, dont 613 en Pyrénées-Atlantiques, 466 en Dordogne, 169 en Charente-Maritime, mais aussi 163 en Charente et sept dans les Landes. Sans oublier la région Ile-de-France, où Domofrance gère 553 logements. Ce bailleur social détient aussi par ailleurs 1.537 logements non familiaux, qu'il s'agisse d'habitat étudiant, de résidences sociales et hôtelières ou de maisons relais.

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Domofrance, qui a son siège social à Bordeaux, filiale d'Action Logement (actionnaire majoritaire), emploie 500 salariés pour un chiffre d'affaires de près de 200 M€, avec 1.500 logements en construction. Un programme qui tient lieu plus que jamais de cap pour Domofrance et qui ne sera peut-être pas si facile à atteindre. Car il semble inévitable que les prix se mettent à grimper dans le bâtiment, voire à flamber. Qu'il s'agisse de logement social ou non.

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