HDF Energy coupe le ruban de son usine de piles à hydrogène et décroche un financement européen

Un projet qui articule étroitement réindustrialisation et transition énergétique. L'entreprise bordelaise HDF Energy a inauguré en grande pompe son usine de piles à hydrogène de forte puissance à Blanquefort pour alimenter les marchés des réseaux électriques, du ferroviaire et du maritime. La société, cotée en bourse et désormais fortement soutenue par l'Europe, concrétise aussi les avancées d'une filière de l'hydrogène en plein doute après une période d'effervescence.
Les premières piles à hydrogène sortiront mi-2025 de l'usine de HDF Energy à Blanquefort, près de Bordeaux.
Les premières piles à hydrogène sortiront mi-2025 de l'usine de HDF Energy à Blanquefort, près de Bordeaux. (Crédits : Agence APPA)

« Il ne faut pas faire preuve d'impatience vis-à-vis de l'hydrogène. Les acteurs se déploient, tout ne se fait pas en deux ans, c'est parfaitement normal ! », a lancé d'entrée Damien Havard, le fondateur et PDG d'HDF Energy, lors de l'inauguration de son usine de piles à hydrogène, jeudi 31 mai 2024. Une manière de rassurer alors que la filière hydrogène est en plein doutes politiques et techniques après l'euphorie de 2022 née de la guerre en Ukraine. Le volume de projets réellement engagés reste en effet très en deçà des objectifs fixés à l'époque par Paris et Bruxelles.

Lire aussiHydrogène : la grande désillusion ?

« Comme toute technologie émergente, l'hydrogène n'avance peut-être pas aussi vite qu'on le souhaiterait mais la volonté politique, les fonds et bien-sûr la volonté et la capacité des industriels sont là ! Cette inauguration d'un projet industriel privé en est la meilleure preuve », tient également à rassurer la députée Pascale Boyer (Hautes-Alpes, Renaissance). La présidente du groupe d'études « nouvelles énergies vertes et hydrogène » de l'Assemblée nationale a fait le déplacement en Gironde pour assister à la coupe du ruban de cette usine de 7.000 m2 située à Blanquefort, près de Bordeaux. Et, pour le coup, HDF Energy n'a pas traîné avec un chantier mené en seulement 14 mois pour un investissement de 20 millions d'euros.

Réindustrialisation et transition énergétique

La silhouette scintillante de cette nouvelle usine, dessinée par les architectes du cabinet Patriarche, marque les esprits. « Ce bâtiment très lumineux et recouvert de panneaux solaires reflète à la fois l'industrie et la modernité », souligne Damien Havard.

Usine HDF Energy

Damien Havard et Hanane El Hamraoui, les dirigeants d'HDF Energy, entourés de Christine Bost (Bordeaux Métropole), Véronique Ferreira (Blanquefort), Alain Rousset (Région Nouvelle-Aquitaine), Alain Cazabonne (sénateur de la Gironde) et Pascale Boyer (députée des Hautes-Alpes), jeudi 31 mai 2024 lors de l'inauguration de l'usine (crédits : Agence APPA).

Le site a été inauguré en présence de plusieurs centaines de personnes dont les 150 salariés, des fournisseurs et partenaires et de nombreux élus locaux pour qui ce projet incarne à merveille réindustrialisation et décarbonation de l'économie. Qui plus est sur une friche industrielle marquée par le choc du départ de Ford en février 2019 qui avait laissé 850 salariés sur le carreau. « Sur ce site, on voulait de l'industrie concrète et opérationnelle, de la production. Nous nous sommes battus avec la Région et la Métropole et nous sommes très fiers d'y accueillir aujourd'hui un industriel local qui se développe sur son territoire », a salué Véronique Ferreira, la maire de Blanquefort.

Lire aussiL'avenir des friches industrielles de Blanquefort se précise

L'usine est encore vide mais des lignes de production y seront bientôt installées avant d'être testées et rodées jusqu'à la mi-2025, date à laquelle les premières piles sortiront de l'usine avec une centaine d'emplois à la clé. Au total, neuf lignes de production et un site de test sont prévus pour une capacité de production de 100 MW/an avant une montée en puissance qui doit porter l'usine vers un objectif de 1 GW/an à l'horizon 2030.

Ces piles à hydrogène de forte puissance, dont la fabrication constitue une première mondiale selon l'entreprise, sont destinées à trois applications principales. La première c'est la décarbonation des réseaux électriques en servant de stockage d'électricité, dans le cadre de centrales solaires associant production d'électricité renouvelable et stockage sous forme d'hydrogène vert.

Usine HDF Energy

Une fois assemblée, une pile à forte puissance loge dans un conteneur maritime (crédits : Agence APPA).

Le second marché est celui de la décarbonation du transport ferroviaire, et particulièrement de la remotorisation à l'hydrogène des locomotives des trains de marchandises. Un segment qui offre d'importantes perspectives de développement en Australie et aux États-Unis mais aussi en Europe. Enfin, le troisième marché ciblé par HDF Energy est celui du transport maritime, lui-aussi soumis à des objectifs de décarbonation.

Lire aussiTout comprendre sur les piles à hydrogène fabriquées par HDF Energy à Blanquefort

Un financement européen conséquent

« Depuis 2012, nous avons validé les étapes commerciales et techniques de notre développement. Maintenant, nous sommes entrés dans l'étape industrielle avec cette usine et avec la notification du financement PIEEC (Projets importants d'intérêt européen commun) qui nous permet d'aller viser ces trois marchés », explique Damien Havard, déjà soutenu par la Région Nouvelle-Aquitaine, qui a voté plus d'un million d'euros de subventions depuis 2018, et l'État. Alain Rousset, le président du conseil régional, salue ainsi « un beau symbole de reconquête industrielle », convaincu que l'hydrogène vert peut être « la clé de voûte de la décarbonation de l'industrie et de la mobilité lourde, à condition de réaliser des sauts technologiques pour améliorer son rendement ».

Le montant alloué à HDF Energy par le biais du PIEEC n'est pas encore connu mais les enveloppes de ce programme européen se chiffrent en général en plusieurs dizaines de millions d'euros et, selon nos informations, l'aide devrait dépasser les 170 millions d'euros. L'an dernier, l'entreprise McPhy, spécialiste des équipements de production et distribution d'hydrogène, avait reçu une subvention de 114 millions d'euros.

De quoi conforter les ambitions d'HDF Energy qui est passée en quatre ans d'une PME de 20 salariés à une société cotée en bourse employant 150 salariés de 37 nationalités installés aux quatre coins de la planète. « Notre vraie valeur c'est d'être à la fois un acteur mondial de premier rang de l'hydrogène et un fabricant industriel de piles à combustible à forte puissance », résume le dirigeant.

Lire aussiAvec les chercheurs d'hydrogène blanc dans le sous-sol pyrénéen

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 01/06/2024 à 9:13
Signaler
Je m'interroge sur la définition des ces financement européens.. Je préfère le terme de rétro-financement, La France débourse pour l'UE quelque 22 milliards et l'UE nous en rend une dizaine. J'ai un peu envie de crier "Rendez moi ma monnaie"..

à écrit le 01/06/2024 à 7:44
Signaler
Mais bon sang où est l'argent privé !? Bon on le sait bien hein... ^^

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.