Paimpol-Bréhat, Sainte-Anne du Portzic, Le Croisic, Bordeaux et Saint-Louis du Rhône. Soit quatre sites sur la façade atlantique et un en Méditerranée. Voilà les actifs dans l'escarcelle de la toute jeune fondation Open-C. La structure financée par dix partenaires publics et privés(*) compte sur ces installations, déployées successivement depuis une quinzaine d'années et désormais fédérées, pour tester les nouvelles technologies d'hydroliennes (sur les sites de Bordeaux et Paimpol spécifiquement) et de turbines houlomotrices.
De passage à Bordeaux ce mercredi 15 mai, les représentants de la fondation ont tenu un premier comité pour initier de nouvelles campagnes de tests. Et ce, aussi bien sur fleuve pour les premières expérimentations qu'en mer pour les projets de grande échelle. « Grâce à l'alliance entre les sites, on peut proposer une solution pour tous les types de dispositifs, évoque Étienne Pourcher, directeur des partenariats et de la communication pour la fondation Open-C. Les industriels ont besoin de volume et de visibilité, c'est comme ça qu'on améliorera le niveau technologique et qu'on pourra faire baisser les coûts. »
Objectif 100 euros le MWh
Car la filière hydrolienne cherche encore la reconnaissance. Jusqu'ici absente de la stratégie énergétique nationale, elle s'active auprès de l'État pour que celui-ci lance des appels à projets de parcs hydroliens en mer. L'engagement avait été pris par Emmanuel Macron lors des Assises de la Mer en novembre mais depuis, silence abyssal. En attendant, les membres d'Open-C, interlocuteurs désormais référents en France, enchaînent les rendez-vous au ministère pour initier des appels d'offre calqués sur ceux de l'éolien en mer. Une filière qui avant de se développer a dû faire baisser ses coûts de production. Le même défi s'impose aujourd'hui à l'hydrolien.
« Aujourd'hui, on est entre 200 et 300 euros du MWh. Lorsqu'on aura atteint le premier GW installé, on sera en-dessous des 100 euros », prédit Marlène Kiersnowski, directrice du site hydrolien à Bordeaux. Un prix encore supérieur à ceux annoncés dans les derniers appels d'offre sur l'éolien offshore (44€ en Centre-Manche et 45 € à Dunkerque). La filière vise de toute façon une montée en cadence progressive : elle réclame 750 MW à installer sur le site sous-marin du Raz Blanchard en Normandie, avant d'inscrire l'objectif de 2,5 GW dans la PPE (Programmation pluriannuelle de l'énergie) pour 2033.
Premiers appels d'offre
En attendant, les entreprises du pays ont besoin d'éprouver leurs dispositifs pour les améliorer tandis que leurs homologues étrangères vont profiter du réveil français pour étudier le marché. L'énergéticien étasunien ORPC va investir prochainement le site du Pont de Pierre à Bordeaux pour déployer un démonstrateur de sa turbine hydrolienne et mener des essais durant un an et demi. Un terrain favorable pour anticiper l'avenir et rendre l'énergie compétitive. « Pour la partie recherche et développement puis pour concevoir les premiers démonstrateurs, le soutien public est important car il s'agit d'un stade primaire. Mais dans le futur, nous voulons être dans une position où nous n'aurons plus besoin du soutien de l'État », expose le dirigeant du bureau irlandais d'ORPC.
Le chemin est encore très long mais le mouvement semble bel et bien en marche à l'échelle du continent. La Grande-Bretagne a lancé ses premiers appels d'offre tandis que la Commission européenne accorde des financements à la recherche dans le cadre du Green Deal. Si l'éolien s'apprête à entrer dans son âge d'or, l'énergie hydrolienne pourrait trouver des complémentarités avec l'énergie houlomotrice (issue du mouvement des vagues) pour imaginer des appels d'offre couplant les énergies. Mais cette dernière filière est encore moins avancée dans son développement technique.
(*) L'Ifremer, Centrale Nantes, Technip Energies, RTE, EDF, Energie de la Lune, Valeco, TotalEnergies et les conseils régionaux de Normandie, Bretagne, Pays de la Loire et Paca.
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