LA TRIBUNE - Comment une entreprise qui souhaite s'engager sur les volets social et environnemental peut-elle s'y retrouver entre les certifications, labels, et différents outils à sa disposition ?
THIERRY PÉDELOUP - Ce sont des approches très différentes ! La première chose à savoir au sujet de la la qualité de société à mission, initiée par la loi Pacte en 2019, c'est qu'elle est inscrite dans les statuts. Il s'agit donc d'un outil juridique et c'est le seul. Pour le reste, ce sont des labels. Nous les avons passés à la moulinette, mais cela ne veut pas dire que nous nous faisons labelliser par tous. Nous n'en faisons pas un objet marketing.
Dans les grandes lignes, la société à mission apporte l'état d'esprit, la conviction, et B-Corp la profondeur. Avec B-Corp, vous vous faites évaluer, il y a un côté très administratif où vous cochez des cases et subissez davantage que vous n'engagez le changement. Ce label est une bonne chose et il ne faut surtout rien opposer. Mais la société à mission, c'est un autre état d'esprit. La RSE se retrouve d'ailleurs complètement dans la société à mission qui va au-delà. Il faut voir le fait de devenir et d'engager la dynamique d'une société à mission comme étant une approche et un accélérateur de la recherche de l'impact.
Quels sont les indispensables pour s'engager dans une démarche de société à mission ?
THIERRY PÉDELOUP - Le point de départ, c'est un dirigeant qui souhaite porter une entreprise ancrée dans son territoire avec la volonté de considérer les impacts de l'entreprise sur ce territoire. Il s'agit de poser la question des impacts sociaux et environnementaux de chacune des missions et de se demander en quoi elles répondent à la raison d'être de l'entreprise. Tel est l'enjeu et cela implique d'embarquer tout un collectif. En revanche, ce n'est pas neutre. Un audit est réalisé tous les deux ans. C'est une obligation légale dans le cadre de la société à mission et, je le répète, l'entreprise est engagée juridiquement !
Qu'est-ce que cela apporte à l'entreprise, y compris d'un point de vue économique ?
THIERRY PÉDELOUP - Vous êtes dans une gouvernance beaucoup plus participative, plus approfondie. C'est en tout cas l'ambition. En embarquant le collectif, l'entreprise gagne de la force, de la performance collective. Au regard de tous les enjeux au niveau des territoires sur la transition, cela fait grandir l'entreprise et cela permet, parfois, de trouver des champs de résilience inattendus dans un monde en plein bouleversement.
FLORENT CANU - La société à mission implique la constitution d'un comité de mission composé de personnes en interne comme en externe. Cela permet d'associer des personnes plus ou moins impliquées dans une activité liée à la sienne qui ont une lecture du marché, et du positionnement de l'entreprise. C'est l'entreprise elle-même qui choisit les membres de ce comité. Le gros avantage de cette instance, c'est qu'elle apporte un regard extérieur sur l'entreprise. Elle vient la challenger y compris sur son modèle économique.
THIERRY PÉDELOUP - De tout évidence, une entreprise qui ne se préparerait pas de façon approfondie à l'intégration des fameux critères environnementaux sociaux et de gouvernance (ESG) subirait un choc à un moment donné.
(*) Ethics Group est elle-même entreprise à mission depuis avril 2020 et accompagne les entreprises dans cette démarche.
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