Ce n'était pas le plan initial mais le choix est assumé et « sans amertume », insiste Guillaume Richer, co-fondateur de l'entreprise Rockease cédée à Colas, filiale du géant Bouygues, fin 2023. « Après avoir levé des fonds en 2022, nous avions la possibilité de lever de nouveau mais la route s'annonçait longue. Il aurait fallu relever des fonds derrière. Notre concurrent en Allemagne a levé 110 millions d'euros depuis sa création », rapporte Guillaume Richer. Or, il le sait, les investisseurs sont désormais plus sélectifs. « Ils s'intéressent à la rentabilité, aux deeptdech, à des process industriels à financer alors que nous sommes dans le digital. » Rockease avait créé en mars 2022 une marketplace de vente de granulats à destination des professionnels du BTP pour simplifier la chaine d'approvisionnement de la construction.
En 2023, la société n'était pas encore rentable, « comme la plupart des startups qui visent la croissance plutôt que la rentabilité. Mais notre modèle allait être rentable avec le volume. Nous n'avions pas vraiment le choix », témoigne Guillaume Richer. Rockease prend une marge sur chaque vente de matériaux effectuée sur la plateforme et potentiellement sur la vente de transport. Et si les majors sont dès le départ des clients stratégiques, « parce qu'ils portent l'innovation et achètent beaucoup de matériaux, les process décisionnels sont assez longs. »
Les fondateurs de Rockease ont donc fait le choix de la cession et s'en réjouissent. « C'était une belle opportunité de vendre notre société à une entreprise du CAC 40, deux ans après sa création », insiste Guillaume Richer qui précise que « Colas entend déployer cette marketplace de matériaux de construction pour l'ensemble du secteur de la construction, pas seulement pour Colas. »
Rejoindre un grand groupe pour accélérer
Boby, qui a développé un logiciel de devis et facture à destination des petites entreprises du bâtiment suit à la même époque le même cheminement. Une première levée de fonds intervient en septembre 2022 (1,2 million d'euros). « Notre ambition était de continuer à avancer et surtout de devenir leader sur ce marché », explique Aurélien Rey, fondateur de Boby début 2022. L'entreprise a alors deux possibilités. « Réaliser une deuxième levée de fonds qui était actée pour juin 2023 ou trouver un partenaire déjà présent dans l'édition de logiciel et créer une association pour accélérer encore plus vite », explique Aurélien Rey.
C'est cette deuxième option qui a été retenue. Boby a rejoint l'éditeur de logiciels Cegid courant 2023 et va poursuivre son développement avec le soutien du groupe.
« Il y a une grande tendance à lever des fonds avec l'arrivée des startups. Or ce que nous avons fait au travers de Cegid, c'était le circuit naturel des choses avant l'avènement de la startup nation. À savoir s'associer à de grosses structures industrielles pour nous aider à grimper, prendre des parts de marché et surtout porter le projet là où nous voulions le porter », explique Aurélien Rey.
Idéalement, un autre projet dans le bâtiment
Si Aurélien Rey a rejoint Cegid pour poursuivre le développement de Boby, Guillaume Richer voguera quand à lui vers de nouvelles aventures, mais toujours dans le monde du BTP. Ingénieur travaux publics, il se voit bien repartir sur une nouvelle aventure entrepreneuriale, c'est son premier choix. Mais il a aussi l'idée d'aller structurer la filière de l'écosystème startup construction voire même de créer un fonds spécialisé dans la construction pour aider d'autres startups à se créer.
« Il y a assez peu d'investissements en France et énormément à faire dans le secteur du bâtiment. La digitalisation est une partie, mais la robotisation en est une autre. Il y a beaucoup d'innovations à mettre en place en matière de réduction de carbone voire même des coûts de construction tout simplement », explique Guillaume Richer.
Mais pour Guillaume Richer, une chose est sûre. « L'open innovation, la collaboration ou le rachat de startup qui ont de l'agilité par des grands groupes a du sens. »
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