SamBoat tisse sa voile en Europe dans le sillage de Dream Yacht Charter

50.000 bateaux proposés à la location dans 76 pays et pas moins de cinq acquisitions menées en 18 mois. L'équipage de SamBoat est engagé dans une phase de forte croissance après les aléas du Covid. La plateforme de locations de bateaux, filiale de Dream Yacht Charter, reste pilotée par ses deux fondateurs bordelais qui visent 100 millions d'euros de volume d'affaires d'ici 2025.
La plateforme bordelaise Samboat propose 50.000 bateaux à moteur et à voile dans 76 pays.
La plateforme bordelaise Samboat propose 50.000 bateaux à moteur et à voile dans 76 pays. (Crédits : Samboat)

Il y a les dirigeants de startups qui lèvent des fonds, parfois au point d'être très minoritaires, et ceux qui signent un exit en cédant leur entreprise avant de quitter le navire. Et puis il y a Laurent Calando et Nicolas Cargou, les deux fondateurs de SamBoat en 2014, deux ans après leurs compères de Yescapa. Neuf ans plus tard, après avoir vendu l'intégralité des parts de leur société, ils sont toujours aux commandes mais sous un statut salarié. En l'occurrence, l'opération s'est nouée dès la fin 2018 lorsque la plateforme bordelaise de locations de bateaux a été rachetée par le leader mondial Dream Yacht Charter (DYC).

Puis la pandémie est survenue, gelant le marché et entraînant une valse des actionnaires. Le constructeur rochelais Fountaine Pajot et la société NextStage laissent alors la place en 2021 aux actionnaires actuels : une co-entreprise entre le fonds d'investissement tchèque PFF et le constructeur vendéen Groupe Beneteau, autre référence mondiale du secteur. Les deux injectent 60 millions d'euros contre 87 % du capital de DYC.

Lire aussi« On entre dans une période d'adossements industriels pour un certain nombre de startups »

Désormais filiale à 100 % de DYC et installée chez Héméra Ravezies, à Bordeaux, SamBoat a conservé un fonctionnement proche d'une startup.

« Nous pouvons compter sur la très bonne connaissance du marché de DYC qui est le plus gros loueur mondial avec environ un millier de voiliers. C'est un avantage stratégique très net. Nous sommes désormais la marque digitale de DYC même si nous accueillons sur la plateforme 50.000 bateaux à moteur et à voile, soit une flotte bien plus large que celle de DYC », explique Laurent Calando à La Tribune, désormais à la tête d'une équipe qui approche la centaine de collaborateurs d'une quinzaine de nationalités différentes.

Samboat

Laurent Calando et Nicolas Cargou, les deux cofondateurs de SamBoat, sont toujours à la tête de l'entreprise devenue filiale de DYC (crédits : SamBoat).

Viser 100 millions d'euros de volume d'affaires fin 2024

En revanche, si les deux fondateurs peuvent compter sur la surface financière de DYC, un atout précieux en cette période où les investisseurs se montrent frileux, ce n'est pas pour autant un chèque en blanc : « Comme toutes les filiales, on a fait les frais des difficultés du groupe pendant le Covid avec des périodes d'arrêt total et une réduction de la masse salariale et du marketing. Nous avons aussi un objectif de rentabilité qui a été atteint en 2020, 2021 et 2022 alors que le marché a redémarré très fortement avec la levée des contrainte sanitaires », raconte le dirigeant.

En 2022, SamBoat revendique un volume d'affaires, qui représente l'ensemble des locations opérées sur sa plateforme, en hausse de 70 % sur un an pour un total de quelques dizaines de millions d'euros. Le chiffre d'affaires, issu des commissions perçues sur chaque transaction, était lui de 2,5 millions d'euros en 2021 pour 120.000 euros de résultat net. En revanche, la rentabilité ne sera pas l'objectif pour 2023 puisque SamBoat a engagé une ambitieuse phase de croissance pour atteindre les 100 millions d'euros de volume d'affaires fin 2024.

Deux concurrents principaux

La plateforme bordelaise navigue sur un marché en ligne où la concurrence n'est pas nombreuse. ClickandBoat, un concurrent français fondé la même année, fait office de principal rival et affichait 9 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2021 pour une perte nette de 1,65 million d'euros. La société a signé une levée de fonds de plusieurs millions d'euros la même année auprès du fonds Permira et du vendeur de bateaux Boats Group, et visait déjà 100 millions d'euros de volume d'affaires en 2021 L'autre concurrent, Boat, est américain et a levé plusieurs dizaines de millions d'euros ces dernières années. Basé en Floride, il opère principalement aux États-Unis.

Cinq acquisitions en 18 mois

Une ambition alimentée à la fois par de la croissance organique et par une série de rachats de loueurs de bateaux en France et en Europe. Signe de l'appétit de la plateforme bordelaise et de la nécessité de se positionner rapidement sur l'échiquier européen, cinq marques ont déjà rejoint le giron de SamBoat au cours des 18 derniers mois. Il s'agit de Digital Nautic (Nantes), Vents de Mer (Bordeaux), LateSail (Royaume-Uni), Argos Yacht Charter (Allemagne) et Croatia Yacht Charter (Suède).

« L'Allemagne est le plus gros pays émetteur de locataires de bateaux et la Suède est également un gros pourvoyeur. Avec ces deux rachats, on intègre des marques bien établies et des expertises confirmées ce qui va nous permettre de gagner deux à trois ans de développement sur ces marchés », souligne Laurent Calando, qui devrait lever le pied sur de nouveaux rachats cette année.

Loin de son image initiale de locations de bateaux entre particuliers, SamBoat opère désormais 55 % de son activité via des loueurs professionnels. Le panier moyen est d'environ 600 euros tout en cachant de très fortes disparités entre les locations à la journée, qui oscillent de 50 euros jusqu'à 30.000 euros, et les locations à la semaine qui tournent autour de 2.500 euros. Et pas besoin d'avoir le pied marin puisque l'un des moteurs de l'activité de SamBoat est la croisière avec skipper partagée entre huit personnes. De quoi donner le sourire à Laurent Calando : « Cela témoigne de la démocratisation de cette activité et de l'attrait pour ces activités de nature : la location des voiliers a triplé l'an dernier ! » C'est finalement le manque de skippers disponibles en chair et en os qui pourrait plafonner l'activité de la plateforme numérique.

Lire aussiLe SeaKite d'Yves Parlier se jette à l'eau pour décarboner le transport maritime

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.