Surf : plus d'une centaine de piscines à vagues en projet dans le monde

La croissance du nombre de surfeurs suscite les convoitises et entraîne une multiplication des projets de spots de surf artificiel, en France et ailleurs. Mais peu de ces infrastructures aboutissent.
Une piscine à vague artificielle près de Milan, en Italie.
Une piscine à vague artificielle près de Milan, en Italie. (Crédits : Matze Ried)

« De très nombreuses piscines à vagues ont choisi de rester discrètes. L'attention des médias est une arme à double tranchant : elle peut contribuer à attirer des investissements pour un parc, mais elle peut aussi inciter les voisins à s'opposer à un projet », décryptait Bryan Dickerson, début 2022, rédacteur en chef de Wave Pool Mag. Même ce magazine spécialisé peine à relever le nombre de projets en cours, qui seraient entre 150 et 200 dans le monde. Sans compter les dizaines à l'arrêt ou abandonnés, dont celui de Lacanau (Gironde) et Saint-Julien-en-Born (Landes), et que Wave Pool Mag a choisi de mentionner néanmoins sur sa carte listant les parcs ouverts et les projets en cours dans le monde entier.

En France, le compteur des piscines accueillant des surfeurs s'est pour le moment arrêté à trois, à Saint-Gilles-Croix-de-Vie (Vendée), Décines-Charpieu (Rhône), Monteux (Vaucluse). Mais ce ne sont pas des surfparks dédiés, car il en existe seulement 19 dans le monde, toujours d'après Wave Pool Mag qui les décrit en détail (prix, hauteur des vagues...). Un vingtième, Snowdonia, premier à avoir ouvert ses portes au public en 2015, au Pays de Galles, a été contraint de fermer cet automne. La raison ? Une machine à vagues défaillante qui a coûté « une fortune en frais d'entretien et un manque à gagner » trop important, selon l'exploitant, qui avait pourtant reçu quatre millions de livres sterling de fonds publics. Le dernier projet en date, au sud de Bordeaux, fait déjà l'objet d'une opposition locale et d'un recours en annulation devant le tribunal administratif.

Lire aussiEncore un projet de surf park qui fait des vagues en Gironde

Surfparks privés

« La configuration de chaque projet est différente ne serait-ce qu'en raison des réglementations locales. Partout dans le monde, les délais sont toutefois globalement plus longs pour des projets développés avec des régions ou des villes. C'est pourquoi il existe bien plus de surfparks privés, comme celui dans lequel nous avons installé en juillet dernier notre technologie dans un lac de l'Utah », explique Yannic Sieben, directeur général de Surf Pool.

Créée il y a deux ans, la startup allemande a déjà équipé quatre piscines et lacs dans le monde et a une cinquantaine de demandes en cours. Quelques dizaines d'entreprises - dont la société bordelaise Waveriding Solution, qui promeut une vague de surf nommée Okahina depuis près de dix ans sans concrétisation à ce jour - se disputent déjà le marché, récent, des machines à vagues. Le leader, en nombre d'installations (six), est l'espagnol Wavegarden, qui a équipé entre autres Alaïa Bay, en Suisse, un complexe de 8.300 m2 mêlant différents sports et exploité avec Boardriders (Quiksilver, Billabong...). En termes de notoriété, la plus connue est sans doute la piscine du champion du monde Kelly Slater, qui, en 2016 en Californie, a mis au point sa propre technologie.

Lire aussiBoardriders racheté par le propriétaire des marques Reebok, Volcom et David Beckham

En milieu naturel ou à l'intérieur

« La nôtre, fabriquée dans des chantiers navals en Europe, se distingue par le fait que notre installation peut équiper un cours d'eau naturel, sans perturber la vie des animaux, et est démontable », affirme Yannic Sieben, prévoyant d'équiper un cinquième lieu, en Allemagne, en 2025. Ce moindre impact écologique est un argument de poids, surtout en Europe. C'est également le cas de Surftown, qui doit ouvrir ses portes près de l'aéroport de Munich l'été prochain. « Ce sera le premier dans un pays de langue allemande, où on compte de nombreux surfeurs. Nous tablons sur 200.000 visiteurs par an, qui pourront ici s'entrainer toute l'année près de la maison », affirme Michael Mohr, son cofondateur, qui compte Rip Curl parmi ses partenaires. Et de souligner que son projet, dans une zone urbanisée et reliée aux transports en commun, a dès ses débuts pris en compte les préoccupations environnementales.

Avec des arguments durables très proches de ceux brandis actuellement pour défendre le projet de surf park en Gironde « Nous utilisons l'eau qui se trouve en abondance dans le sol et la piscine sera alimentée par l'eau de pluie. L'électricité proviendra de panneaux solaires locaux. Avec la technologie du canadien Endless Surf que nous utilisons, une heure de surf équivaudra à une heure de trajet en voiture électrique », détaille Michael Mohr, précisant qu'avec un budget maximum de 30 millions d'euros, ce parc n'a pas l'envergure de parcs américains, où le budget peut grimper à 200 millions d'euros. Les installations y sont rentabilisées toutefois par les activités sportives, mais aussi par la location d'hébergements. D'après l'International Surfing Association (ISA), le nombre de surfeurs réguliers ne cesse de progresser, et s'établit d'ores et déjà entre 20 et 35 millions dans le monde. Ce n'est sans doute que le début de la vague de surfparks et de leur contestation environnementale.

Lire aussiClimat : l'Accord de Paris est-il déjà mort ?

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 07/12/2023 à 8:04
Signaler
Ya pas assez de places sur les plages !? LOL ! Enfin bon les surfeurs préfèrent normalement la nature et les océans. Encore une fois on part d'un business qu'on impose à coup de forces de ventes ou plutôt de vente forcée.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.