
Une vingtaine de classes sont déjà connectées avec des entreprises en ce lundi 13 novembre à 8h. Le coup d'envoi de l'édition 2023 de Forindustrie a été donné pour trois semaines. L'idée ? Faire connaître l'industrie, ses métiers et ses innovations aux collégiens, lycéens, étudiants et demandeurs d'emploi par le biais du jeu. Forindustrie a été créé par l'agence Euphoriques, à Marseille, qui a pensé l'outil comme un jeu vidéo. « On y retrouve les codes, l'esthétique et la technologie à savoir la 3D en temps réel. Nous utilisons également la réalité virtuelle », explique Mathieu Rozières, co-fondateur de l'agence Euphoriques et conception de Forindustrie. Première étape : l'enseignant inscrit sa classe qui choisit son avatar. L'aventure collective peut alors commencer avec la possibilité d'évoluer dans trois mondes : le monde territorial Méditerranée, le monde territorial Nouvelle-Aquitaine ou le monde dédié à la filière transition énergétique.
Pas de navigation par filière mais par verbe
Deux ans après la Méditerranée, la Nouvelle-Aquitaine fait en effet son entrée dans le jeu cette année. Plus de 40 industriels de la grande région se sont mobilisés pour l'occasion. « Nous les avons réunis pour travailler et adapter le monde industriel régional tel qu'ils voulaient le représenter. À nous, ensuite, spécialistes de la gamification, de créer le monde qui correspondait à leurs attentes », explique Mathieu Rozières. Ainsi, à l'intérieur de ce monde, pas de navigation par filière mais par verbe d'action : connecter, transformer ou encore valoriser nos ressources. Une fusée apparaît sur l'image ? En cliquant une première fois dessus, la fusée décolle. Au deuxième clic, les métiers d'ArianeGroup apparaissent au travers de vidéos de salariés qui incarnent leur métier. « On marque des points au fur et à mesure de la lecture de la vidéo puis pendant le quiz. L'idée, c'est bien d'apprendre collectivement en s'amusant », insiste Mathieu Rozières.
L'enseignant peut également inscrire sa classe à une visio-conférence d'une heure avec un salarié d'une entreprise de son choix. Une centaine de professionnels sont mobilisés. Au menu également, des quêtes secondaires, des objets cachés et un classement du meilleur robot avatar.
Unanimité sur le papier
Pas de hasard. Pour Forindustrie, les concepteurs se sont inspiré de Fortnite. « C'est un moyen de toucher les jeunes. C'est bien plus parlant d'écouter un salarié qu'une présentation d'entreprise », appuie Lionel Matias, président de l'UIMM Gironde-Landes. Les autres partenaires sont unanimes. « L'avantage de l'outil, c'est de permettre de massifier notre message dans les territoires les plus éloignés. La formule avec un avatar permet l'incarnation. Nous sommes tous légitimes pour parler de nos métiers, mais comme nous sommes des institutions, les élèves ne nous écoutent pas nécessairement. Avec un outil comme celui-là, il y a une adhésion à un message ! », complète Christophe Grosjean, le directeur de l'orientation, pôle éducation et citoyenneté à la Région Nouvelle-Aquitaine. « Forindustrie évite deux écueils : le tout descendant et le fait de vouloir vendre du rêve. Ce qui est intéressant, c'est la réalité », ajoute Isabelle Barsacq, directrice des opérations à la direction régionale Pôle Emploi Nouvelle-Aquitaine.
Il y a un autre avantage du point de vue de l'investissement qui est collectif. « Le modèle économique est basé sur la mutualisation. Ainsi, 150.000 euros ont été investis la première année et pour cette nouvelle édition, nous en sommes à un million d'euros », explique Mathieu Rozières. La Nouvelle-Aquitaine compte en l'occurrence trois investisseurs : l'UIMM, l'Opco 2i (opérateur de compétences interindustriel) et la Région. C'est en revanche gratuit pour l'Education nationale.
La gamification, un effet levier
Restera à faire un bilan de cette opération. « Il n'y a pas d'effet immédiat dès lors que l'on s'adresse à des collégiens. Mais j'envisage cet outil comme un rasoir à deux lames. Forindustrie c'est la première lame. Le jeu va susciter un intérêt, déconstruire des idées sur l'industrie et créer un nouvel imaginaire. Alors que le secteur est d'habitude plutôt sur la défensive, nous sommes là dans une communication positive », témoigne Mathieu Rozières. « En attendant, le plupart des enseignements se réinscrivent. C'est plutôt bon signe » souligne-t-il.
Pour les industriels en mal de recrutement, Forindustrie n'exclut pas le court terme. Pole emploi a quadruplé le nombre d'agences qui jouent le jeu. Cette année, Forindustrie compte plus de 1.500 classes inscrites soit 34.000 élèves et espère passer la barre des 50.000 joueurs.
En chiffres...
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