L'agroalimentaire face au défi de recruter 11.000 personnes en Nouvelle-Aquitaine

Avec près de 2.300 entreprises pour 30.000 emplois à temps plein, la Nouvelle-Aquitaine est la première région française en nombre d’entreprises de l'agroalimentaire. Mais la filière est, elle-aussi, face au défi du recrutement avec 11.000 postes à pourvoir. C’est dans les locaux de Café Michel à Pessac, près de Bordeaux, que l’Aria et Pôle Emploi ont lancé, ce lundi 6 novembre, la troisième Semaine de l’emploi agroalimentaire en Nouvelle-Aquitaine dont l’objectif est de promouvoir le secteur et ses 80 métiers dont beaucoup sont méconnus.
Café Michel emploie 26 personnes à Pessac.
Café Michel emploie 26 personnes à Pessac. (Crédits : Hélène Lerivrain)

« Le secteur de l'agroalimentaire a une image de conditions de travail contraignantes. Il faut dépoussiérer ces métiers !  », lance Eve Fargeaudoux, ingénieur agronome, est aujourd'hui responsable QHSE (Qualité, hygiène, sécurité, environnementet R&D chez Café Michel, à Pessac près de Bordeaux. Après s'être posée beaucoup de questions, elle a repensé son parcours et s'est réorientée vers la qualité dans le cadre d'une formation en alternance. Tout ne s'est pas fait du jour au lendemain. Elle a mis un pied dans des entreprises en immersion, a créé un réseau qu'elle a entretenu.

« L'agroalimentaire est un secteur de passionnés, il ne faut pas hésiter à pousser des portes », prévient-elle. C'est ainsi qu'elle est entrée chez Café Michel où elle travaille désormais depuis six ans. « La reconversion n'est pas évidente mais elle a été structurante pour moi », reconnaît Eve Fargeaudoux qui a choisi de travailler sur un produit avec une grosse facette sensorielle. « Mais je ne passe que la moitié du temps en laboratoire. Je me forme en permanence. »

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97 % de TPE et PME

Son témoignage résonne particulièrement, ce lundi matin, alors que que se tient du 6 au 10 novembre la troisième édition de la Semaine nationale de l'emploi agroalimentaire. Un événement co-organisé par le réseau des Aria (associations régionales des industries alimentaires), Pôle Emploi, l'Apec, l'Apecita (Association pour l'emploi des cadres, ingénieurs et techniciens de l'agriculture et de l'agroalimentaire) et Ocapiat (Opérateur de compétences pour la coopération agricole, l'agriculture, la pêche, l'industrie agro-alimentaire et les territoires) ainsi que d'autres acteurs de Nouvelle-Aquitaine. Dans la région, 70 événements seront organisés sur cinq jours, entre actions de recrutement, visites d'entreprises, ateliers de détection de potentiel et actions de découverte des métiers. « J'aurais adoré que cela  existe au moment où j'en ai eu besoin ! », commente Eve Fargeaudoux.

L'objectif de cette semaine ? « Donner de la visibilité au secteur alors que les emplois sont méconnus et que nous avons un projet de recrutement de 11.000 emplois sur les douze prochains mois », insiste Stéphane Douence, président de l'Aria Nouvelle-Aquitaine et directeur général de la Vinaigrerie Générale à Bergerac en Dordogne. Il faut dire que la Nouvelle-Aquitaine, avec 2.289 entreprises agroalimentaires et 30.000 postes à temps plein, est la première région française en nombre d'entreprises dans le secteur. Parmi elles, 97 % sont des TPE ou PME. La Nouvelle-Aquitaine est aussi la deuxième région à avoir le plus recruté en 2023 après l'Auvergne Rhône Alpes. Plus de 20.000 recrutements ont été effectués sur les douze derniers mois en Nouvelle-Aquitaine selon Pôle Emploi qui a inscrit l'agroalimentaire dans ses thématiques prioritaires dès 2022.

Café Michel : évolution de poste et R&D

Sur le territoire néo aquitain, la filière propose une diversité de plus de 80 métiers accessibles depuis le CAP pour lesquels la montée en compétence est fréquente, grâce à la formation continue ou l'évolution sur différents postes au sein d'une entreprise. Café Michel suit cette même dynamique. « L'un de nos salariés est arrivé en 2009 en tant qu'alternant pilote de ligne. Après l'obtention de son Bac au bout de deux ans, il a été recruté en CDI puis formé pour occuper aujourd'hui le poste de responsable d'atelier », explique Stéphane Comar, gérant de Café Michel.

Cette coopérative depuis 2007 emploie désormais 26 personnes. « Nous étions quatre au moment de la création de la Scop », rappelle-t-il. Il y a un an et demi, Café Michel a mis sur pied une force de vente aujourd'hui composée de cinq commerciaux. Un atelier de maintenance est également en cours de constitution. Dans le même temps, l'entreprise a évolué en formant les salariés à de nouvelles méthodes d'apprentissage des métiers de la torréfaction venues des Etats-Unis grâce à la Specialty coffee association (SCA). « Ce mouvement a provoqué la nécessité de développer des formations. Il existe désormais le MOF (meilleur ouvrier de France) torréfacteur et nous faisons partie du jury ! », explique Stéphane Comar. Un volet R&D a également été créé chez Café Michel pour plancher sur le packaging mais aussi adapter les mélanges de café aux usages, à commencer par le spécial Espresso.

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Café Michel

Stéphane Comar, président de Café Michel, dans la boutique attenante à l'atelier de torréfaction à Pessac. Cr. H.L.

Le top 5 des métiers les plus recherchés

De manière plus générale, en Nouvelle-Aquitaine, dans le top cinq des métiers les plus recherchés figurent la conduite d'équipement de production alimentaire, la fermentation de boissons alcoolisées, l'abattage et la découpe de viandes, la vente en alimentation et l'installation et la maintenance d'équipements industriels et d'exploitation. 97 % des offres proposées concernent un temps complet. 32 % sont des CDI, 46 des recrutés sont des femmes et 35 % ont moins de 26 ans.

Le programme régional de la semaine de l'emploi agroalimentaire ainsi que les portraits de salariés reconvertis sont disponibles ici : https://lagrorecrute.fr/nouvelle-aquitaine/

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Commentaire 1
à écrit le 08/11/2023 à 10:38
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Chiffre à surveiller ! Quand l'agro-industrie va commencer à nous embaucher par des dizaine et des dizaine de milliers d'emplois il faudra se méfier, certainement qu'ils auront trouvé un moyen de nous transformer en bouffe. Efficace contre le chômage...

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