9.000 tonnes de café bio par an : Ecotone veut quadrupler ses capacités en Gironde

REPORTAGE. Le groupe Ecotone a inauguré, ce jeudi 19 octobre, le nouvel outil industriel de sa filiale Destination en Gironde dans lequel elle a investi dix millions d’euros. Alors que 2.650 tonnes de café sont actuellement torréfiés chaque année, l’usine transférée de Bordeaux à Cestas a été dimensionnée pour en produire à terme près de quatre fois plus pour répondre à une demande croissante à rebours de la crise du bio.
5.5 millions d'unités de café bio sont vendues annuellement en France par Destination, filiale du groupe Ecotone.
5.5 millions d'unités de café bio sont vendues annuellement en France par Destination, filiale du groupe Ecotone. (Crédits : Ecotone)

Créée à Bordeaux par deux passionnés de voyage en 1999, la marque Destination spécialisée dans la fabrication de café et de thé bio s'apprête à changer d'échelle. Le groupe Ecotone, qui regroupe les Bjorg, Alter Eco, Clipper, Bonneterre, Allos, Danival, El Granero ou encore Isola Bio et a racheté Destination en 2016, s'en donne en tout cas les moyens. Il a investi dix millions d'euros dans un nouvel outil industriel capable à terme de réceptionner et torréfier jusqu'à 9.000 tonnes de café par an contre 2.650 tonnes aujourd'hui. L'unique torréfacteur de la marque a été transféré, en avril, de l'usine de Bordeaux à Cestas à une vingtaine de kilomètres plus au sud, mais les locaux ont été pensés pour accueillir deux torréfacteurs supplémentaires. Sur une surface totale de 9.500 m2 au sol, 4.000 m2 sont réservés à la production.

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Une production artisanale

« Une production qui se veut artisanale », insiste malgré tout Yannick Villemonté, directeur du site qui emploie soixante personnes. Pour le thé vendu en feuilles entières, le conditionnement est réalisé à la main. 100 tonnes sortent de l'usine chaque année. Pour le café, la torréfaction est lente : « Elle dure entre 12 et 17 minutes. La température à la sortie s'élève à 205 voire 215 °C. Quand d'autres entreprises torréfient une tonne de café à 1.000 °C en trois minutes, nous sommes à 1,2 tonne en une heure. Nous sommes en moyenne 15 % plus cher, mais ce n'est absolument pas le même métier ! », insiste Yannick Villemonté.

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Le torréfacteur de Cestas (crédits : Ecotone).

Les grains sont chargés, dépoussiérés, stockés par origine dans des silos de six tonnes, pesés, torréfiés sous les yeux d'un torréfacteur, refroidis, éventuellement mélangés et moulus puis conditionnés. « Dès lors qu'il rentre dans le process, le café n'est plus touché. Il n'y a aucune action manuelle », commente Yannick Villemonté. Au total, cela se traduit par environ 5,5 millions d'unités de café vendues chaque année, soit près de la moitié (46%) du marché bio français en réseau spécialisé.

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Les grains de cafés verts au démarrage du processus (crédits : Ecotone).

17 filières de revalorisation des déchets

« Nous sommes bio mais tellement plus encore ! Alors que plus de 60 % du chiffre d'affaires est aujourd'hui réalisé en commerce équitable, l'objectif est de parvenir à plus de 70 % de café et thé équitables d'ici deux ans », prévient Renaud Chamonal, président de Destination qui insiste également sur la valorisation des déchets au sein de l'usine. « Nous avons mis en œuvre une politique de zéro déchets enfouis, 100 % circularité. » Concrètement sur 100 % des matières restantes issues des processus de fabrication, 85 % sont recyclées ou revalorisées (en compost) et 15 % incinérées avec valorisation énergétique.

« Les toiles de jute dans lesquelles arrivent les grains de café sont revalorisés en paillage par des maraîchers locaux. » Les mégots des salariés sont également traités par une entreprise dont c'est le métier, en l'occurrence Ecomégot (Keenat) dans la métropole bordelaise« En tout, ce sont 17 filières qui ont été identifiées pour valoriser les déchets », assure Renaud Chamonal. L'entreprise a également investi dans la réduction des émissions de CO2 en installant un brûleur de fumée de torréfaction, ce qui permet de réduire ces émissions de 30 % par rapport aux méthodes traditionnelles.

Le centre d'expertise du groupe sur le café

« Cet investissement s'inscrit pleinement dans le développement des produits bio dans lesquels nous croyons, sachant que le thé et le café qui sont des produits du quotidien continuent à très bien se développer. C'est aussi la confirmation de notre ancrage territorial ici », a déclaré Christophe Barnouin, président d'Ecotone.

« L'usine de Destination constitue le centre d'expertise du groupe sur le café, sachant que si la plupart du café est vendu sous la marque Destination, il est aussi produit ici pour d'autres marques du groupe », a renchéri Renaud Chamonal. Ecotone qui emploie 1.600 personnes a réalisé un chiffre d'affaires de 690 millions d'euros en 2022.

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