Quelques jours après Canopée, le nouveau cargo à voiles d'ArianeGroup, c'était au tour de Martin Sion, le président exécutif de l'entreprise, de venir à Bordeaux pour la 3e édition du Sommet Aéronautique et Spatial organisé par La Tribune et Bordeaux Métropole, ce mardi 17 octobre. L'occasion de dresser le bilan paradoxal de ses six premiers mois à la tête des 8.000 salariés d'ArianeGroup, dont 3.400 sont basés en Gironde. Une prise de fonction marquée par la pression croissante pesant sur le calendrier du futur lanceur européen Ariane 6 : alors que les tests s'accélèrent, la date du premier tir est désormais espérée pour le printemps 2024, contre fin 2022 initialement.
« Oui, il y a des difficultés et du retard sur Ariane 6 mais en même temps il y a eu deux tirs réussis d'Ariane 5 [cette année, ndlr], un lancement réussi d'un missile à partir d'un sous-marin et il y a le programme du missile M51 qui est en train d'arriver à son terme, dans les temps et d'une manière satisfaisante », remarque Martin Sion. « Est-ce qu'Ariane 6 est le bon lanceur ? On n'a pas encore fait le premier lancement mais on a déjà 28 lancements qui sont en carnet, c'est une situation assez inhabituelle ! »
Martin Sion (crédits : Quentin Salinier).
Alors qu'Ariane 5 a fonctionné pendant 20 ans sans incident, « une référence mondiale dont on peut être fier », le patron d'ArianeGroup souligne les injonctions contradictoires qui traversent actuellement le vieux continent : « Au niveau européen, il n'y a jamais eu une aussi forte préoccupation d'un accès souverain à l'espace, tout le monde voit bien l'enjeu. Mais, en même temps, jamais les pays n'ont eu autant de mal à converger pour savoir comment on va y répondre. » Pour autant, le savoir européen est bien là : « Quand les États-Unis confient à Ariane 5 le lancement du télescope James Webb, la charge utile la plus chère de l'histoire avec environ dix milliards de dollars, c'est une marque de confiance incroyable pour les équipes ! »
Le replay du Sommet en vidéo Retrouvez en vidéo l'intégralité des débats, séquence par séquence, de cette 3e édition du Sommet Aéronautique et Spatial de Bordeaux Métropole qui a réuni plus de 500 participants au Palais de la Bourse à Bordeaux, mardi 18 octobre.
L'enjeu de la décarbonation
Interrogé sur l'indispensable décarbonation de la filière aéronautique et spatiale, l'ancien patron des activités défense de Safran s'est lancé dans un plaidoyer pour la filière : « Si vous avez envie de lutter contre le réchauffement climatique et de faire quelques chose d'utile, venez travailler dans l'aéronautique ! C'est le secteur qui a, à la fois, la volonté de décarboner rapidement, la capacité de le faire et une très grande utilité sociale et scientifique. »
ArianeGroup travaille notamment sur l'empreinte carbone de son fonctionnement avec le cargo à voile pour permettre à Ariane 6 de traverser l'atlantique ou encore par le biais d'un déploiement de panneaux solaires sur les toitures de ses sites pour atteindre 25 % d'autoconsommation en 2025.
Et celui des ressources humaines
Cette 3e édition du Sommet Aéronautique et Spatial a été largement consacrée aux problématiques d'emplois, de recrutement et de management, notamment vis-à-vis des nouvelles générations. Sur cette question, qui apparaît comme un frein au développement de la filière, Martin Sion observe « une concurrence entre tous les secteurs sur un marché de l'emploi qui s'est retourné après le Covid : il faut qu'on ait une promesse de valeur attractive et on a déjà une belle histoire à raconter sur le rôle de l'aéronautique et du spatial tandis que sur la défense plus grand monde n'a de doute quant à l'utilité de la dissuasion. »
Mais le président exécutif d'ArianeGroup souligne aussi les progrès à réaliser en termes de management : « Il faut probablement des lignes managériales avec plus de leadership que d'expertise technique ou d'expérience. Nous accompagnons nos managers et nous accélérons la mobilité interne pour permettre à des plus jeunes de prendre des responsabilités. La transformation d'une entreprise ça passe par le management et, en particulier, le management de premier niveau. » Et Martin Sion d'appeler la filière à travailler sur davantage de mixité et de féminisation des effectifs.
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