Satellites : ArianeGroup étoffe son service de surveillance de l'espace civil et militaire

« Si on veut se protéger dans l'espace, il faut d'abord savoir ce qu'il se passe ». Le réseau de télescopes déployé par ArianeGroup pour surveiller le trafic croissant de satellites est utilisé notamment par le Commandement de l'Espace. Désormais baptisé Helix, il étend sa toile pour viser aussi bien des missions stratégiques de défense que des clients civils. Les 30 stations qui seront déployées en 2025 sont élaborées et assemblées à Saint-Médard-en-Jalles, en Gironde.
(Crédits : ArianeGroup Orbital)

7.700 satellites actifs tournent actuellement autour de la Terre, dont 84 % en orbite basse. Ils devraient se compter en dizaines de milliers à l'horizon 2030 occasionnant une croissance rapide du risque de collisions, d'interférences plus ou moins inamicales et d'opérations de brouillage ou d'espionnage franchement hostiles. « Nous avons des problèmes quotidiens sur la flotte militaire française avec environ 400 alertes chaque semaine lorsqu'un satellite se rapproche à moins de 40 km de l'un des nôtres. Cela n'aboutit à quelques manœuvres de changement de trajectoire chaque année mais les problèmes d'encombrement vont croître de manière exponentielle. La bonne connaissance de la situation spatiale est donc fondamentale », avance le général Philippe Adam. Commandant de l'espace depuis 2022, il a fait le déplacement, ce vendredi 2 juin, à Saint-Médard-en-Jalles pour saluer la présentation officielle du programme Helix par ArianeGroup qui a connu une année 2022 difficile marquée par les retards d'Ariane 6.

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Ce réseau de télescopes prend la suite de Geotracker lancé dès 2011 mais limité aux orbites géostationnaires et à l'observation nocturne. « Avec Hélix, on opère un changement dans nos activités de surveillance de l'espace qui couvrent désormais toutes les orbites en 24H/24 et 7j/7 et permettent de le suivi des satellites mais aussi la détection de nouveaux objets ou d'évènements inhabituels », résume Philippe Clar, le directeur des activités défense d'ArianeGroup. Helix, qui ne vise pas les innombrables débris spatiaux de toutes tailles, serait ainsi capable de détecter des CubeSat, ces nanosatellites de seulement 10 cm3 pour 1 kilo. De quoi compiler et tenir à jour un catalogue de plusieurs milliers de satellites

30 stations en 2025

Sur le plan opérationnel, ArianeGroup ne part pas d'une feuille blanche puisque l'entreprise s'appuie sur le réseau existant de Geotracker qui dispose déjà de quinze stations opérationnelles autour du globe. Un chiffre qui devrait doubler d'ici 2025. « Chaque station est constituée d'une station de tracking, pour suivre les objets, et d'une station de veille multi-orbites, équipée de six caméras indépendantes, pour cartographier le ciel sur un plan plus large », détaille Hélène Blanchard, la responsable des programmes de sécurité de l'espace d'ArianeGroup. « Pour opérer de jour comme de nuit, Hélix a aussi recours à une technologie infrarouge brevetée très différenciante et de la télémétrie laser permettant une précision d'une dizaine de mètres. » Opérées dans les locaux des Mureaux, en Ile-de-France, ces stations ont été élaborées par les équipes girondines d'ArianeGroup à Saint-Médard-en-Jalles, où elles seront assemblées et testées. Des stations capables, selon l'entreprise, de « voir depuis Paris l'équivalent d'une boule de pétanque située à Tokyo ».

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Et si l'entreprise met en avant le caractère souverain de sa solution qui vient en soutien des moyens propres du Commandement de l'espace, la cible d'Helix est bien duale. « Ce réseau répond à des besoins militaires mais aussi aux besoins croissants des opérateurs privés de satellites, y compris à l'export, pour connaître la position précise de leurs satellites et ainsi optimiser leur durée de vie », confirme Philippe Clar, qui se voit assigné un objectif clair par Martin Sion, le nouveau directeur exécutif du groupe : « Helix est un marché de niche au sein d'Ariane Groupe mais nous en attendons une forte croissance en Europe, au sein de l'OCDE et même au-delà. » Helix revendique le titre de « plus grand réseau privé européen de télescopes » mais il fera toutefois face à la concurrence d'autres acteurs étatiques, notamment outre-atlantique, mais aussi à d'autres solutions développées en France par l'Onera (Office national d'études et de recherches aérospatiales) ou l'outil WeTrack de Safran.

Le marché croissant des services spatiaux

Mais ce 2 juin, c'est bien Hélix qui fait l'objet des louanges du général Philippe Adam : « Si on veut se protéger dans l'espace, il faut d'abord savoir ce qu'il se passe ! [...] Hélix est l'une des pièces maîtresses de l'avenir du Commandement de l'espace dans le cadre de la montée en puissance tous azimuts de nos activités. » Créé fin 2019, ce département vise un effectif de 500 personnes dès 2025, dont 450 à Toulouse dans de nouveaux bâtiments qui doivent commencer à sortir de terre avant la fin de l'année.

Comme la plupart de ses homologues étrangers, le Commandement de l'espace sollicite à la fois « ses moyens patrimoniaux » et des services d'entreprises privées. D'autant que, comme l'a souligné Etienne Guyot, le préfet de Nouvelle-Aquitaine, le marché croissant des services spatiaux fait partie des trois priorités de l'Etat avec la sécurisation de l'accès à l'espace et le développement d'une constellation d'acteurs complémentaires. Une partie de ces acteurs, publics et privés, petits et grands étaient réunis à Toulouse en mars 2022 pour l'exercice AsterX.

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Commentaire 1
à écrit le 07/06/2023 à 3:03
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ArianeGroup devrait se préoccuper uniquement de la manière dont il accèdera à l'espace avant de faire d'autres grands projets. Dans l'état actuel des choses, ArianeGroup tient un pistolet dont les chambres sont vides, à l'exception d'une prière pour ...

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