Féminiser les métiers techniques : « La force de l'exemple vient casser les stéréotypes »

Numérique, BTP, industrie, énergie, aéronautique et spatial... De nombreux métiers restent encore très largement masculins alors même qu'ils affichent d'importants besoins de recrutements. Pour lever ces freins tenaces, l'importance des témoignages de parcours féminins réussis est mise en avant par Wahbi Jomaa, le directeur de l'Institut Evering, comme par les organisatrices du Salon Profession'L, qui se tient à Bordeaux les 9 et 10 mars, au lendemain de la Journée internationale des droits des femmes.
De Marie Curie à Claudie Haigneré, l'astronaute française Sophie Adenot, sélectionnée en décembre 2022 par l'Agence spatiale européenne, s'est nourrie d'exemples inspirants pour bâtir son parcours professionnel.
De Marie Curie à Claudie Haigneré, l'astronaute française Sophie Adenot, sélectionnée en décembre 2022 par l'Agence spatiale européenne, s'est nourrie d'exemples inspirants pour bâtir son parcours professionnel. (Crédits : Sebastiaan ter Burg from Utrecht / via Wikipedia (CC BY 2.0))

« C'est un marqueur majeur dans ma vie. J'ai eu envie de cheminer vers cela, et brique par brique, cela s'est fait », témoignait l'astronaute Sophie Adenot, en décembre dernier, au sujet du déclic qu'elle a ressenti en découvrant, en 1996, Claudie Haigneré, la première femme européenne à être allée dans l'espace. Aujourd'hui, Sophie Adenot, qui s'est aussi nourrie de la figure scientifique de Marie Curie, est l'une des cinq titulaires sélectionnés par l'Agence spatiale européenne parmi 23.000 candidatures pour devenir astronaute de carrière, dans les pas de Thomas Pesquet.

« Pour nous, ce type de parcours réussi est très important parce que nous croyons beaucoup à la force de l'exemple qui vient casser les stéréotypes sur les métiers scientifiques et techniques dès le collège et le lycée », réagit Wahbi Jomaa, le directeur de l'Institut Evering, qui forme environ 450 étudiants de Bac+3 et Bac+5 aux métiers de l'ingénierie et de la maintenance aéronautique. Et ces formations ne comptent qu'environ 15 % d'étudiantes, « une proportion stable ces dernières années, sans tendance lisible d'augmentation », regrette-t-il tandis que la filière dans son ensemble plafonne à 25 % de femmes.

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« Des stéréotypes absolument faux »

Les freins à l'entrée sont en effet aussi anciens que connus, selon l'enseignant :

« Il y a dès le collège et le lycée moins de profils féminins dans toutes les filières scientifiques et techniques. C'est un phénomène qui se nourrit de stéréotypes absolument faux sur les capacités des femmes dans les mathématiques ou les métiers techniques. On observe, au contraire, que ces profils excellent tant dans le volet technique que dans les tâches de gestion de projets et de gestion d'équipe ! »

En lien avec l'association Elles Bougent, Wahbi Jomaa et les équipes d'Evering multiplient ainsi les témoignages d'ingénieures et d'autres femmes pour présenter les opportunités d'une filière aéronautique et spatiale qui propose plus de 150 métiers divers et variés.

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Charlotte Maes dirige la centrale du Blayais

Les responsables de la centrale nucléaire du Blayais comptent sur la féminisation des effectifs de formation technologiques et d'ingénierie pour attirer de nouveaux talents. A l'image de Charlotte Maes, arrivée en septembre, l'une des deux seules directrices de centrale nucléaire en France, avec Estelle Obert à Nogent-sur-Seine. « Malgré nos efforts pour féminiser les métiers techniques, nous peinons encore à recruter des femmes. C'est aussi parce que les filières de formation peinent encore trop à attirer des jeunes filles. C'est un vivier trop peu utilisé », pointe cette ingénieure diplômée de l'Ecole polytechnique et de l'Ensta Paris. L'an passé, sur un total de 53 recrutements à la centrale du Blayais, seuls dix postes ont été pourvus par des femmes.

« Les témoignages sont forts parce qu'ils sont concrets »

Ces vertus des exemples et témoignages de carrières et de reconversion réussies, qui permettent à chacun et chacune de se projeter concrètement, sont aussi l'ADN du Salon Profession'L qui revient à Bordeaux les 9 et 10 mars 2023. Créée en 2021 par Valentine Mulliez Bardinet et Séverine Vanleene Valette, cet évènement est dédié aux reconversions professionnelles des femmes. « Pour nous c'est un leitmotiv de faire intervenir des témoignages, quel que soit le parcours, parce qu'il permet de se revaloriser et de déconstruire des idées reçues. C'est souvent un déclencheur du passage à l'acte », confirme Séverine Vanleene Valette, qui attend 2.000 participantes dans les salons de l'Hôtel de ville.

Plombière, électricienne, carreleuse, cheffe d'entreprise, codeuse ou encore influenceuse... Les témoignages de femmes en reconversion sont nombreux et efficaces à en croire sa collègue Valentine Mulliez Bardinet : « Les témoignages sont forts parce qu'ils sont concrets, ils sont réels. Ils permettent de débloquer des représentations mais aussi de répondre à des questions très pratiques : comment on fait ? combien ça coûte ? à qui s'adresser ? quelles sont les formations ? etc. »

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