Voyageurs, métiers, attractivité : quatre chiffres sur la filière aéronautique et spatiale

Qui prend l'avion et pour quoi faire ? Quelle est l'image de la filière aéronautique, spatiale défense ? Ses métiers et parcours de formation sont-ils bien connus ? Où en est la très médiatique honte de l'avion ? C'est pour répondre à ces questions clef pour la filière que le projet Tarmaq de Cité des savoirs aéronautiques et spatiaux a interrogé un échantillon de Français et de Néo-aquitains. Les résultats cassent certaines idées-reçues et éclairent les difficultés de recrutement.
Alors qu'il faut combiner près de 150 métiers pour faire atterrir un avion à Bordeaux-Mérignac, l'étude menée par Tarmaq montre que la connaissance des métiers de la filière aéronautique, spatial, défense est très mauvaise.
Alors qu'il faut combiner près de 150 métiers pour faire atterrir un avion à Bordeaux-Mérignac, l'étude menée par Tarmaq montre que la connaissance des métiers de la filière aéronautique, spatial, défense est très mauvaise. (Crédits : SA ADBM/Arnaud Bouissou)

« Avant on entendait beaucoup de choses sur l'image de la filière aéronautique, spatial et défense auprès du grand public et sur les problématiques de recrutement sur les différents de métiers. Maintenant, on a enfin des données chiffrées pour étayer tout cela et construire nos actions au service d'une filière qui emploie 70.000 personnes en Nouvelle-Aquitaine », explique Jérôme Darsouze, le coordinateur de l'association Tarmaq, qui porte le projet de Cité des savoirs aéronautiques et spatiaux, à Mérignac. Pour y voir plus clair, Tarmaq, avec le concours de l'école de commerce Kedge BS, a ainsi fait réaliser en septembre 2022 une enquête en ligne auprès de 1.211 répondants en France et 772 en Nouvelle-Aquitaine, en constituant un échantillon représentatif en termes de genre, âge et catégories socio-professionnelles. En voici les principaux enseignements.

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  • 68 % des Néo-Aquitains prennent l'avion moins d'une fois par an

On l'oublie probablement un peu trop souvent mais l'avion est un moyen de déplacement utilisé seulement par une minorité de Français et de Néo-Aquitains. Seulement 29,1 % des habitants de la région prennent l'avion une à trois fois par an. À l'inverse, 38,5 % le prennent moins d'une fois par an (37,5 % en France) et 29,6 % ne le prennent jamais (28,7 % en France) : soit un total de 68,1 % des répondants qui ne volent que moins d'une fois par an. Ce n'est donc qu'une infime minorité (3,5 %) qui prend l'avion a un rythme mensuel voire hebdomadaire.

Par ailleurs, les vacances restent le premier motif de vol avec un score de 6,5 sur une échelle allant de 1 (jamais pour cette raison) à 10 (toujours pour cette raison) contre 4/10 pour visiter ses proches et 2,4/10 pour le travail. Enfin, les hommes voyagent plus que les femmes pour raisons professionnelles et plus on est diplômé, plus on part en vacances en avion.

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  • La honte de l'avion reste très minoritaire

Médiatisé mondialement par la jeune suédoise Greta Thunberg en 2019, le phénomène de flygskam, littéralement la honte de l'avion, a du mal à s'imposer dans les actes. Sur une échelle de 1 (pas du tout d'accord avec le ressenti de honte ou d'embarras à prendre l'avion) à 10 (tout à fait d'accord avec le ressenti de honte ou d'embarras), la honte de l'avion obtient un score inférieur à 2 dans la région et légèrement supérieur à 2 en France, que ce soit pour les loisirs ou le travail. « La honte de prendre l'avion est donc très faible quel qu'en soit le motif, c'est-à-dire proche d'une absence d'un ressenti de honte à prendre l'avion », commente Tarmaq.

Par ailleurs, quel que soit le motif (famille, vacances, travail), la tranche des 18-34 ans sont les plus gros utilisateurs de l'avion. Ce qui permet, là encore, de relativiser la prise de conscience générationnelle vis-à-vis de l'avion malgré l'urgence de la crise climatique.

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  • 83 % des répondants ont une bonne image de la filière ASD...

L'image globale de la filière aéronautique, spatial et défense est bonne à en croire les répondants qui sont 83 % en Nouvelle-Aquitaine et 85 % en France entière à exprimer une opinion positive, c'est à dire supérieure à 5/10 sur une échelle de 1 (très négative) à 10 (très positive). À l'inverse, seulement 17 % ont une mauvaise image de la filière. À noter que les 18-24 ans et les 35-44 ans sont les tranches d'âge les moins favorables avec, respectivement, seulement 78 % et 76 % d'opinion positives.

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  • ... mais seulement 51 % peuvent citer trois métiers !

Mais alors même qu'on dit qu'il faut combiner les savoir-faire d'au moins 145 métiers différents pour faire décoller, voler et atterrir un avion, c'est un chiffre qui va donner des sueurs froides aux recruteurs des entreprises de la filière : seulement 51 % des Néo-aquitains interrogés sont capables de citer trois métiers différents de ce secteur ! 54 % peuvent en citer deux et 74 % n'arrivent à en citer qu'un seul. Pilote et ingénieur reviennent en boucle, ce qui reflète à la fois une mauvaise connaissance de la diversité des métiers concernés et une image élitiste des compétences puisque le niveau de diplôme requis est systématiquement surévalué par les répondants. Les autres métiers les plus cités sont : mécanicien/technicien, astronaute, hôtesse et steward.

« On savait que la filière et ses métiers sont mal connus, notamment chez les jeunes générations, mais on ne pensait pas que c'était à ce point là ! », se désole Jérôme Darsouze, de Tarmaq. « Il faut donc poursuivre et amplifier nos actions de pédagogie et de communication autour des nombreux métiers proposés par la filière, mais qui restent trop souvent invisibles, et mieux valoriser les multiples parcours qui y mènent ».

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