Face à l'éco-anxiété des étudiants, Kedge joue la carte Ticket for Change

Le 14 septembre, 600 étudiants de l'école de commerce Kedge à Bordeaux et Marseille participeront à un atelier sur la transition écologique et sociale. Ce module piloté par l'association Ticket for Change vise à combattre l'éco-anxiété avec une conviction centrale : le monde du travail doit être le principal moteur des changements de comportements. Mais il n'est pas non plus question de renverser la table.
Le match du siècle organisé par l'association Ticket for Change est un atelier de 2h30 en petits groupes sur les enjeux de la transition écologique.
"Le match du siècle" organisé par l'association Ticket for Change est un atelier de 2h30 en petits groupes sur les enjeux de la transition écologique. (Crédits : Laetitia Striffling)

"Nos métiers sont destructeurs !" Le discours choc des étudiants diplômés d'AgroParisTech en mai dernier a laissé des traces. Et après un été furieux sur le plan climatique et "la fin de l'abondance" décrétée par Emmanuel Macron, les établissements d'enseignement supérieur se trouvent plus que jamais face à une réalité : difficile de faire comme si de rien n'était quand l'éco-anxiété est de plus en plus palpable chez leurs étudiants.

"L'éco-anxiété c'est l'expression d'une forte angoisse, d'une inquiétude sur l'avenir qui est souvent liée à un sentiment d'impuissance et de solitude face à l'immense ampleur du dérèglement climatique et de ses conséquences", répond Sophie Delile, la porte-parole de Ticket for Change. Cette association créée en 2014 a déjà accompagné 120.000 personnes pour mieux comprendre les enjeux du dérèglement climatique.

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"Une expérience transformatrice"

Le 14 septembre prochain, ce sont 600 étudiants bordelais et marseillais de l'école de commerce Kedge qui suivront un module d'éveil à la transition écologique et sociale. Et Sophie Delile leur promet une "expérience transformatrice" lors de cette immersion de 2h30 en petits groupes, supports audiovisuels à l'appui :

"L'objectif c'est d'abord de se projeter en 2050 pour envisager ce qui est possible et remettre un imaginaire positif dans le récit climatique. Ensuite, c'est de se demander ce qu'on peut faire à son échelle, dans son quotidien, dans son parcours ou projet professionnel en identifiant un talent clef. Le but c'est que chacun reparte avec un début d'ambition ou de projet d'action face à la crise climatique", esquisse la porte-parole. "Chaque étudiant s'écrira une lettre à lui-même qu'on lui remettra le jour de son diplôme dans deux ans."

L'objectif est bien d'ouvrir le champ des possibles des parcours professionnels alors que, comme le souligne l'association, "on passe 80.000 heures de notre vie à travailler, c'est donc le premier levier pour agir !"

Préparer les étudiants à des parcours différents

Et si l'éco-anxiété n'est pas encore généralisée, jusqu'à 85 % des étudiants seraient inquiets face à l'avenir, selon un chiffre du Réseau étudiant pour une société écologique et solidaire (Reses). De quoi convaincre Kedge d'accélérer sa démarche vers la transition écologique et sociale initiée il y a une quinzaine d'années autour de la RSE (responsabilité sociétale des entreprises).

L'organisation de cet atelier provient "un alignement des planètes entre la volonté de l'école et du corps professoral et la demande des étudiants d'être mieux formés aux enjeux écologiques pour pouvoir être entre mesure de s'engager. Au-delà de cet atelier, c'est tout l'enseignement qui est pensé pour doter les élèves d'un socle commun de compréhension des enjeux de développement durable, au même titre que les enjeux financiers et économiques", assure ainsi Anne-France Piteau, la directrice transition et impact de Kedge.

"Nous ne sommes pas là pour dire ce qui est bien ou pas"

"Chez Kedge, on incite nos étudiants à penser différemment et à associer à chaque compétence une action concrète. C'est le Grow by doing [grandir en faisant] et la formation aux enjeux de la transformation écologique s'inscrit dans cette logique", complète Aurélie Dehling, la directrice du programme grande école. Selon, Ticket for Change, 83 % des Français déclarent que l'impact de leur travail sur la société et la planète est un critère important pour choisir leur employeur... mais seulement 6 % sont engagés dans une carrière à impact. Il y a donc une énorme marge de progression et c'est tout l'objet du projet de l'association, comme le martèle Sophie Delile : "Il y a une vraie demande des étudiants et on est en train de passer un cap dans la prise de conscience collective sur la nécessité d'agir."

Pour autant, il n'est pas encore question chez Kedge de rompre avec certains secteurs, enseignements ou partenaires au motif qu'ils ne seraient pas compatibles avec la transition écologique.

"On réfléchit à ces sujets bien évidemment, par exemple en instaurant des critères sociaux et environnementaux, mais aujourd'hui on n'en est pas là, on préfère mettre en avant les modèles vertueux plutôt que d'en condamner d'autres", répond Anne-France Piteau. "Nous ne sommes pas là pour dire ce qui est bien ou pas et chaque étudiant reste libre de son parcours professionnel, d'autant que leurs attentes ne sont pas homogènes sur le sujet climatique !"

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