« Si on a l'impression que c'est calme, que c'est tranquille c'est parce que tout se passe bien, c'est que l'organisation des flux est fluide », sourit Fabien Rey, le directeur du site centre colis postal de Bègles. Une impression car, en réalité, cette immense plateforme logistique de 12.000 m2 traverse ces jours-ci son pic d'activité lié aux fêtes de fin d'année avec un record annuel attendu ce jeudi 15 décembre. Cette plateforme Colissimo, la marque du service de livraison de colis aux particuliers de La Poste, couvre un large périmètre géographique allant des Charentes aux Pyrénées-Atlantiques en passant par Auch et la métropole bordelaise.

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170 colis traités chaque minute

Pendant cette « peak period », cette période de pic, le centre de Bègles voit reçoit, trie et expédie environ 250.000 colis chaque jour, soit plus de 170 colis par minute. Ce rythme, qui donne le tournis, est le double de l'activité habituelle qui s'établit en moyenne autour de 125.000 colis quotidien. Ce volume de colis est principalement lié au e-commerce avec, bien sûr, le géant Amazon, qui pèse à lui seul environ 18 % du total, suivi de près par les enseignes locales que sont Cdiscount, à Cestas, et MaxiCoffee, à Mios, ou encore Zalando et Veepee. « La quantité de colis est globalement stable par rapport à l'an dernier mais reste supérieur de 25 % à ce qu'on connaissait avant la crise sanitaire », précise Fabien Rey.

François Richer, responsable qualité et environnement, et Fabien Rey, directeur du site Colissimo de Bègles (crédits : Agence APPA).

Concrètement, cet engouement pour la livraison sans effort se traduit littéralement par des montagnes de colis. Dans cette période haute, qui s'étend désormais de la fin novembre à la fin décembre, ce sont 200 salariés, le double du reste de l'année, qui sont mobilisés de jour comme de nuit. Ils opèrent 13 quais de déchargement, 23 quais de départ et un immense circuit automatisé de tri des colis. C'est le vrai cœur du réacteur qui serpente sur 291 mètres de long.

Après avoir été mis du bon côté par un opérateur, chaque colis est scanné automatiquement en entrant sur le circuit de tri (crédits : PC / La Tribune).

« Cette installation est capable de trier jusqu'à 11.000 colis par heure grâce à 460 plateaux qui basculent automatiquement les colis vers 260 destinations différentes. Et si les chiffres peuvent impressionner, cette machine n'a rien de nouveau : elle a été installée en novembre 1994 et n'a quasiment pas bougé depuis, tout est d'origine », décrit Fabien Rey.

En fonction de son code postal, le colis bascule automatiquement vers 260 sorties machine qui alimente de multiples destinations. (crédits : PC / La Tribune).

Un nouveau centre à Cadaujac en 2024

Mais après 30 ans de bons et loyaux services, cette machine cessera de fonctionner au printemps 2024. Le centre de colis postal de Bègles vit en effet sa dernière « peak period » puisqu'il doit passer le relais au centre flambant neuf de Cadaujac, quelques kilomètres plus au Sud, dont la mise en service est annoncée pour l'automne 2023.

« L'an prochain il y a aura tout un travail de formation et d'accompagnement des équipes puis fin 2023 c'est Cadaujac qui opèrera le plus gros de l'activité. Ici, nous n'interviendrons plus qu'en soutien avant l'arrêt total du site au printemps 2024. Tout sera alors démonté », prévoit Fabien Rey.

À Cadaujac, c'est un autre monde qui se mettra en branle avec des capacités autrement plus ambitieuses. Le futur site de 22.500 m2 devrait être capable de traiter sans difficulté 19.000 colis par heure, soit le double de la cadence de croisière de Bègles. Le tout sur fond de croissance de l'activité puisque La Poste s'attend à voir doubler le volume de colis expédié en France d'ici 2030.

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« Notre combat c'est de lutter contre le vide »

Mais avant de fermer boutique, il faut encore assurer le flux des 185 poids-lourds qui entrent et sortent chaque jour du site béglais dans cette période stratégique. « Notre principal combat, c'est de lutter contre le vide ! Parce que le vide est un coût, en termes de carburant et d'émissions carbone. Donc, on demande à nos clients d'éviter les emballages surdimensionnés et on mène en interne tout un travail d'optimisation de nos chargements, c'est ce qu'on appelle le vrac rangé », témoigne François Richer, responsable qualité et environnement chez Colissimo. Cela se traduit par des parties de Tetris grandeur nature dans les remorques de camion. Un exercice dans lequel les humains restent bien meilleurs que d'éventuels robots ou algorithmes.

Le vrac rangé permet d'optimiser l'espace en rangeant chaque carton au bon endroit et en plaçant les colis souples au-dessus (crédits : Agence APPA).

Et les gains sont bien réels. « Une remorque chargée à la main en vrac rangé contient jusqu'à 4.000 colis quand la même remorque remplie de manière standard avec des palettes n'en emporte que 1.300 ! On peut donc éviter théoriquement près de deux camions sur trois, même si dans la pratique il faut aussi jongler avec les contraintes des horaires d'expédition", poursuit Fabien Rey. Mais la pratique se diffuse puisque 62 % sont des colis aujourd'hui expédiés en vrac rangé, contre seulement 42 % l'an dernier. « Cela permet de doubler le nombre de colis traités en n'augmentant que de 28 % le nombre de mouvements de camions », ajoute François Richer.

Certains quais de déchargement sont équipés d'encamionneurs téléscopiques permettant d'injecter directement les colis sur le circuit de tri (crédits : Agence APPA).