Face à Vinted, Patatam devient Rediv et s'impose comme le logisticien de la frippe clé en main

Patatam vient de changer d'identité pour se transformer en Rediv et annonce la levée de 12 millions d'euros auprès notamment de grandes enseignes du textile. L'entreprise landaise d'Hastingues de 160 salariés, qui installe un énorme centre logistique dans le Nord à Cambrai, a décidé de se transformer en logisticien haut de gamme du vêtement de seconde main.
Rediv prend en charge de A à Z la gestion de l'activité vente de vêtements de seconde main pour ses clients.
Rediv prend en charge de A à Z la gestion de l'activité vente de vêtements de seconde main pour ses clients. (Crédits : Rediv by Patatam)

Après avoir levé 7 millions d'euros l'an dernier, il y a presque un an jour pour jour (le 25 mai 2021), Patatam remet le couvert, avec une levée de 12 millions d'euros, annoncée le 23 juin dernier. Dans la foulée de cette nouvelle opération, Patatam annonce changer de nom pour s'appeler désormais Rediv.

"En latin Rediv signifie revenir. Bien sûr on peut y voir le verlan de vider mais le sens est bien celui de revenir. Nous avons décidé d'en finir avec notre stratégie de city commerce, qui consistait à collecter les vêtements de deuxième main dans des points relais, à les trier puis à les revendre. Nous n'avons pas des millions d'euros à mettre chaque mois dans la publicité comme Vinted. Ils ont écrasé le marché du vêtement d'occasion sur Internet c'est pourquoi nous avons décidé de sortir de notre stratégie de marque pour devenir un logisticien", décortique pour La Tribune Eric Gagnaire, cofondateur de Patatam et dirigeant de l'entreprise.

Lire aussi 4 mnAvant le village du réemploi, ïkos teste une boutique en plein coeur de Bordeaux

L'entreprise a collecté 2,5 millions de vêtements d'occasion

L'ampleur de la dernière levée de fonds, supérieure de +71 % par rapport à la précédente, démontre si besoin était qu'il ne s'agit pas pour Eric Gagnaire de faire bonne figure dans des conditions difficiles mais de marquer au contraire l'accélération d'une stratégie très claire. Dans les tuyaux depuis plusieurs mois, elle vise à faire désormais de Rediv un logisticien hautement spécialisé. Un professionnel capable de proposer une stratégie clé en main de développement d'un marché du vêtement de seconde main.

Cette activité à faible valeur ajoutée, qui a longtemps été la figure de proue de l'intervention associative à but non lucratif au bénéfice des plus démunis, comme en témoigne Emmaüs, est désormais alimentée par un mouvement de marchandisation porté par l'évolution des mœurs.

Lire aussi 6 mnAvec Everso, Easy Cash veut monter en gamme sur le marché florissant de la seconde main

Un marché qui ne peut fonctionner que grâce à la mise à disposition de très gros volumes de matière. En 2021 Rediv précise ainsi avoir collecté 2,5 millions de vêtements d'occasion dans plus de 2.000 points de collecte, soulignant que 1,7 million a été remis sur le marché "dans les nouveaux espaces de revente que l'entreprise approvisionne, plus de 400 à ce jour".

Un méga site logistique de 14.000 m2 à Cambrai

Rediv, qui travaille notamment avec Auchan, Leclerc ou Kiabi, s'est donné les moyens de qualifier ces marchandises collectées pour les réorienter ensuite à destination de toutes les marques, distributeurs, commerçants et vendeurs en ligne souligne la direction. Cette stratégie du "plug and play" (brancher et jouer, NDLR), d'un business calibré prêt à démarrer au quart de tour, est plébiscitée souligne Rediv par de nouveaux grands acteurs du marché, comme Showroomprivé. L'entreprise dispose déjà de deux grands entrepôts de 6.000 m2, à Hastingues (Landes) où se trouve son siège, et Morlaàs (Pyrénées-Atlantiques). Elle annonce l'ouverture d'un troisième entrepôt de 14.000 m2 à Cambrai (Nord), territoire où plusieurs de ses clients sont implantés.

Cambrai promet d'amplifier une expérience marquante déjà menée avec succès depuis 2021 dans l'entrepôt d'Hastingues avec le système d'automatisation logistique Exotec, présent également chez Cdiscount. Une technologie française qui fait des étincelles dans la gestion des stocks et dans laquelle Rediv a déjà lourdement investi. L'entreprise landaise, qui emploie 160 salariés, ne pourrait pas assurer son développement sans faire passer sa logistique en cadence ultra rapide grâce à l'automatisation. Néanmoins Rediv compte recruter 300 nouveaux salariés d'ici fin 2023 et réaliser un chiffre d'affaires de 15 millions d'euros en 2022.

Lire aussi 6 mnAvec Everso, Easy Cash veut monter en gamme sur le marché florissant de la seconde main

Rediv compte continuer à surfer sur la seconde main

Ce qui explique que l'entreprise d'Hastingues ait cette fois décidé d'investir 5 millions d'euros pour assurer la gestion logistique à Cambrai, puisqu'Exotec offre à Rediv de nouvelles capacités de stockage, jusqu'à 10 millions d'articles.

"Notre modèle est arrivé à maturité. C'est auprès des professionnels que notre savoir-faire dans la collecte et le tri, nos capacités logistiques et notre marketplace sont les plus utiles. Nous donnons du sens à notre croissance en démocratisant l'accès à la seconde main directement dans tous lieux de consommation, qu'ils soient physiques ou digitaux. Nous en facilitons l'accès grâce à nos solutions clé-en-main et notre catalogue qualifié", souligne Eric Gagnaire.

Déjà lié à trois grands investisseurs à impact, qui sont Colam Impact (Paris), Creas Impacto (Espagne) et Quadia (Genève), Rediv ouvre avec cette nouvelle levée de fonds son capital à trois intervenants stratégiques de plus. Il s'agit de Showroomprivé (Ile-de-France), Orchestra (Occitanie) et La Redoute (Hauts-de-France). Sans doute parce que les perspectives du modèle mis au point par Rediv sont prometteuses et qu'elles devraient être appliquées à d'autres activités marchandes, en France comme à l'étranger.

Patatam a quitté son berceau basque de Saint-Pierre-d'Irrube pour s'installer à Hastingues au sud du département des Landes en 2021. Dans une bastide fondée (pour la petite histoire) au XIIIe siècle par le sénéchal de Gascogne John de Hastings, au nom du roi Edouard Ier, afin de protéger cette partie sud du duché des attaques basques, béarnaises et de celles du roi de France venues du pays toulousain. Une bastide qui s'est montrée attractive pour tout le voisinage...

Lire aussi 5 mnE-commerce : Europazon brandit les atouts de la marketplace au service du « Made in France »

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.