Indépendance et fidélisation : les atouts de l’actionnariat salarié

L’actionnariat salarié a le vent en poupe et la tendance va se renforcer dans le cadre de la loi Pacte. Deux entreprises girondines, Ceva Santé Animale qui a ouvert son capital il y a 20 ans et Cap Ingelec, il y a cinq ans, témoignent de leurs expériences respectives.
Ceva Santé Animale et Cap Ingelec, deux ETI girondines florissantes ont déployé depuis plusieurs années des dispositifs d'actionnariat salarié. Retour sur expérience.
Ceva Santé Animale et Cap Ingelec, deux ETI girondines florissantes ont déployé depuis plusieurs années des dispositifs d'actionnariat salarié. Retour sur expérience. (Crédits : Mathieu Stern via Unsplash)

Alors que les dispositions de la loi Pacte du 22 mai 2019 doivent permettre que 10 % du capital social des sociétés soit détenu par les salariés à l'horizon 2030, certaines entreprises n'ont pas attendu cette échéance pour se lancer dans l'actionnariat salarié.

Pérennisation et indépendance

Parmi elles, Ceva Santé Animale, à Libourne (Gironde) fait figure de pionnière. L'entreprise, initialement dans le giron du groupe Sanofi puis reprise par d'anciens cadres en 1999, a décidé d'ouvrir son capital aux salariés il y a plus de 20 ans dans une optique de pérennisation et d'indépendance de l'entreprise.

"C'était une façon d'augmenter les fonds propres, de devenir indépendant tout en permettant de fidéliser les collaborateurs. Nous avons aujourd'hui plus de 75 % des droits de vote. Nous pilotons totalement la destinée de l'entreprise", assure à La Tribune Marc Prikazsky, PDG de l'entreprise.

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Dans le détail, 1.300 des 6.500 salariés sont aujourd'hui actionnaires de Ceva au travers du fonds commun de placement d'entreprise (FCPE). Un actionnariat sur invitation et sans obligation a également été mis en place. Ainsi, 1.000 salariés investissent sur leurs fonds propres ou par un emprunt bancaire, 50 % étant à l'étranger et 50 % en France. "En cumulant l'ensemble, cela représente 1.800 salariés dont 500 à l'étranger", détaille Marc Pikazsky qui précise par ailleurs être soutenu par un noyau de fidèles investisseurs au travers des "Amis de Ceva". "De mon point de vue, c'est un montage d'avenir. Il est sain d'aligner les intérêts de cette façon. Alors que nous sommes passés tout près de la mort, nous avons fait ce choix et cela fonctionne très bien. Cela permet dans le même temps une meilleure compréhension des contraintes économiques des salariés", reconnaît Marc Prikazsky.

Fidélisation et placement

Chez Cap Ingelec, entreprise d'ingénierie en maîtrise d'œuvre, le capital a été ouvert, en 2017, à l'ensemble des salariés au travers du plan d'épargne entreprise de la société. Bilan, au terme de cinq campagnes de souscription, le capital est aujourd'hui détenu à 80 % par la famille Calès et à 20 % par des collaborateurs.

"Le taux d'adhésion s'élève à 80 %. 275 personnes sont aujourd'hui actionnaires de l'entreprise. C'est un gros succès !", fait valoir Franck Vialar, directeur général adjoint de Cap Ingelec.

"L'actionnariat salarié a, au départ, été envisagé comme un outil de fidélisation. C'est un plus alors que ce n'est pas facile de recruter des ingénieurs", explique Franck Vialar. "C'est aussi un très bon placement pour l'épargne. La valeur de l'action a énormément augmenté et des dividendes tombent chaque année", ajoute-t-il.

Cap Ingelec est en effet en très forte croissance :

"Il y a cinq ans, nous faisions 50 millions d'euros de chiffre d'affaires. Nous ferons près de 200 millions d'euros cette année. Donc quand vous avez cette croissance, tout est positif. Ensuite, il faut trouver des solutions pour que le salarié prenne le moins de risque possible, ne voit pas les inconvénients mais que les avantages. Et en effet dans le schéma adopté par Cap Ingelec, il n'y a pas d'inconvénients, à part bloquer l'épargne cinq ans", explique Franck Vialar qui prévient toutefois : "Certains actionnariats salariés se passent mal. Il faut aussi accepter que les salariés n'adhèrent pas et du coup envisager la possibilité de l'échec pour un dirigeant."

Enfin, "il y a bien sûr toujours un risque [de perte de capital] pour les salariés actionnaires", ajoute Marc Prikazsky. "Il faut donc informer les salariés. Nous essayons, en ce qui nous concerne, de faire en sorte qu'ils ne mettent pas plus de six mois ou un an de salaire."

Le club des ETI de Nouvelle-Aquitaine, dont Marc Prikazsky est actuellement président, a organisé un webinaire en octobre dernier sur le sujet de l'actionnariat salarié.

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