Agroalimentaire : pourquoi Quinoak a ouvert son capital à ses cadres

Quinoak, qui regroupe pour le moment deux laiteries bio (Péchalou et Baskalia) et un atelier de yaourts vegan (Granabio) en ex-Aquitaine, vient de faire entrer ses cadres au capital via une opération financière débouclée par le fonds d'investissement Irdi Capital Investissement. Le groupe dirigé par Thomas Breuzet conduit un investissement important en Dordogne et s'astreint à une croissance responsable.
Une partie de l'équipe de Péchalou : Thomas Breuzet au centre avec le bidon de lait.
Une partie de l'équipe de Péchalou : Thomas Breuzet au centre avec le bidon de lait. (Crédits : Quinoak)

Ingénieur agronome et ex-directeur général de l'entreprise lot-et-garonnaise Danival, pionnière dans l'alimentation bio, Thomas Breuzet a créé le groupe Quinoak, en 2014, à partir de trois PME de l'agroalimentaire. Il s'agit des sociétés Péchalou (yaourts, crèmes dessert, formage blanc) -avec la marque "Laiterie du Périgord"- à Saint-Cyprien, près de Sarlat (Dordogne), Baskalia (yaourt au lait de brebis...), à Espelette (Pyrénées-Atlantiques) et Granabio ( "La manufacture végétale" qui fabrique des yaourts vegans à partir de graines entières : avoine, épeautre, etc.), à Estillac, banlieue d'Agen, où se trouve le siège du groupe.

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Quinoak est centré sur la production artisanale de desserts lactés ou de type vegan, et emploie un total de 65 salariés. Thomas Breuzet, son président, a décidé de faire monter les cadres au capital  via une opération de MBO (management buy-out : pour rachat d'entreprise par les salariés/ RES).

"A l'occasion de ce nouveau tour de table, je fais entrer dix cadres au capital du groupe. J'ai des associés mais je suis majoritaire", surligne Thomas Breuzet pour La Tribune.

Irdi Capital Investissement pivot de cette opération

Le président précise ainsi qu'il va même renforcer sa majorité au capital de Quinoak grâce à cette opération de rachat par les salariés, sans pour autant dévoiler le montant de la levée de fonds réalisée dans le cadre de cette restructuration capitalistique interne. Une opération menée grâce au fonds d'investissement Irdi Capital Investissement, à Toulouse, qui rayonne sur les régions Nouvelle-Aquitaine et Occitanie et se situe en tant qu'actionnaire "minoritaire significatif" dans le capital de Quinoak.

Les trois PME constituant le groupe Quinoak devraient générer près de 12 millions d'euros de chiffre d'affaires pour l'exercice 2021, dont 7 millions d'euros au titre de Péchalou, qui emploie une trentaine de personnes, et 4,5 millions d'euros pour Baskalia, qui emploie de son côté 20 salariés et Granabio. Avec une hausse de +10 % en 2022,  Thomas Breuzet pronostique la barre des 20 millions d'euros de chiffre d'affaires à moyen terme.

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GMS et magasins bio en tête

Le patron de Quinoak explique que la période actuelle est plutôt favorable aux desserts de qualité issus du terroir et que Péchalou, qui porte notamment la marque "Laiterie du Périgord" a vendu plus de 2.000 tonnes de yaourt et crème dessert l'an dernier. Ce qui est beaucoup. Et ses canaux de distribution sont diversifiés :

"Les yaourts bio de Péchalou sont vendus pour un peu plus de 40 % en grandes surfaces (GMS), pour un peu plus de 40 % dans les magasins bio et un peu moins de 10 % dans la restauration collective, sans oublier un peu de vente directe sur les marchés, et les artisans glaciers. Avec le Covid le marché a évolué. Certains circuits de vente directe, comme les Amap, ont plongé et se situent désormais bien plus bas qu'en 2019. A l'inverse le e-commerce a explosé, ce qui n'a pas que des côtés positifs pour les petites marques.

Mais la restauration collective s'impose comme un nouveau débouché pour les desserts bio et nous comptons monter la part de notre activité dans ce domaine à 20 %. Il faut savoir que nous approvisionnons désormais toutes les écoles élémentaires de Bordeaux et Mérignac avec nos yaourts bio, par le biais du Sivu (une énorme cuisine centrale qui livre chaque jour des repas dans 200 sites -Ndlr)", balaie Thomas Breuzet.

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Quinoak a choisi un prêt bancaire à impact

Très engagé dans la production de desserts bio, le président de Quinoak entend bien développer ce type de production tout en générant des retombées directes dans les territoires. Une stratégie "du plus bio et du plus durable" dont il espère qu'elle va permettre aux consommateurs de mieux s'alimenter. Côté financier, le groupe Quinoak travaille en particulier avec le Crédit coopératif, dont Thomas Breuzet estime qu'il colle plutôt bien à la démarche développée par son groupe.

"Le Crédit coopératif nous accompagne depuis plusieurs années dans notre stratégie de croissance externe et nos investissements. C'est la raison pour laquelle j'ai contracté un prêt à impact auprès d'eux l'an dernier pour Péchalou [pour un montant de 700.000 euros, NDLR]. Nous sélectionnons les critères de durabilité que nous voulons atteindre, par exemple en termes de politique salariale, dans le cadre d'une démarche de responsabilité sociale des entreprises (RSE). Si nous atteignons les objectifs fixés alors nous avons droit à une réduction sur le taux d'intérêt de l'emprunt, de l'ordre de dix pour cent", éclaire Thomas Breuzet.

Un investissement écoresponsable de 700.000 euros

Plus largement, depuis 2020, Péchalou s'est lancé dans un processus de labellisation « Bio entreprise durable », délivré par Synabio (Syndicat national de la bio). L'investissement lancé l'an dernier par Thomas Breuzet s'inscrit dans cette démarche. Il s'agit pour la laiterie d'agrandir ses locaux de 120 m2 supplémentaires (bureau, réfectoire...), dans une démarche d'écoconception, comprenant en particulier la construction d'un bâtiment en bois avec toiture végétalisée. Une autre partie de cet investissement touche à la gestion de l'énergie, avec l'achat de matériels de récupération de la chaleur rejetée par les groupes de production de froid.

Une marche de plus dans une stratégie de croissance résolument axée sur le développement durable.

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