Le Canadien Optima Aero implante son siège européen au Pays basque

Spécialisée dans le recyclage d'hélicoptères, l'entreprise canadienne souhaite en s'installant dans le Pays basque se rapprocher de ses clients et fournisseurs. Optima Aero compte y embaucher une vingtaine de personnes d'ici 2025.
Une partie de l'équipe de la startup canadienne Optima Aero qui va installer son siège européen au Pays basque.
Une partie de l'équipe de la startup canadienne Optima Aero qui va installer son siège européen au Pays basque. (Crédits : Optima Aero)

Idéalement, Toby Gauld aimerait trouver un terrain constructible avec vue sur les montagnes, en l'occurrence les Pyrénées, comme chez lui, à Beloeil, en banlieue de Montréal. Le Canadien, PDG d'Optima Aero, ne cache pas que sa volonté d'implanter le siège européen de sa société spécialisée dans le recyclage d'hélicoptères au Pays basque est aussi motivé par la beauté des paysages. "Pour attirer les meilleurs talents, ayant un goût pour l'innovation, il faut offrir un environnement agréable", estime le dirigeant, qui signe ce lundi même le bail de location de ses locaux provisoires dans la zone artisanale Maignon, à Anglet, dénichés par Basque Invest, la cellule de la CCI Bayonne Pays basque, de la Région Nouvelle-Aquitaine et de la Communauté d'agglomération Pays basque, qui accompagne les entreprises souhaitant s'implanter. A condition de trouver la perle rare, d'ici deux ans, Optima Aero espère bien accueillir ses salariés, qui devraient alors être une vingtaine - soit autant que l'effectif actuel-, dans sa propre usine.

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Le pari gagnant de Tarmac

"Nous industrialisons de plus en plus nos processus : nous avons démonté neuf hélicoptères l'an dernier et serons à quinze cette année, dont la moitié en France. Nous allons travailler également avec des sous-traitants, le premier étant Monacair, à Hyères (Var)", expose Toby Gauld. C'est la solution trouvée par cet ex-salarié du motoriste d'avions et hélicoptères Pratt&Whitney pour lancer sa société en 2010, qui transpose le modèle du reconditionnement, déjà utilisé dans l'automobile ou la téléphonie. Tarmac Aerosave, à Tarbes (Hautes-Pyrénées), a commencé peu ou prou au même moment avec les avions. Un pari gagnant, car la filiale d'Airbus, Safran et Suez, qui recrute actuellement 150 personnes (portant l'effectif à 550), est devenu le leader mondial.

"Les flottes d'hélicoptères sont plus petites -par propriétaire et au total dans le monde- que celles des avions, expliquant pourquoi le recyclage ne s'est pas encore développé, mais les premiers contiennent plus de pièces réparables que les seconds", compare le PDG d'Optima Aero. "Notre objectif est de prolonger la durée de vie des hélicoptères, jusqu'à 40 ans voire plus, en proposant des pièces détachées de seconde main, permettant à leurs propriétaires de faire des économies et à l'industrie de baisser son empreinte carbone", ajoute le dirigeant.

Optima Aero

Le marché des hélicoptères est plus limité en volume que celui des avions (crédits : Optima Aero).

Toby Gauld cite le cabinet Deloitte, qui estime que la fabrication représente 18 % des émissions des avions et hélicoptères, versus 70 % au cours de leur utilisation. La formule semble fonctionner : la startup a vu son chiffre d'affaires progresser de 40 % chaque année, y compris en 2020 et en 2021, pour atteindre 18 millions de dollars canadiens l'an dernier (12,9 millions d'euros) et elle vise les 21 millions (15,1 millions d'euros) cette année.

Une pièce à un million de dollar

Avec cette deuxième implantation, Optima Aero, qui ne réalise déjà plus que 10 % de ses ventes au Canada, se rapproche à la fois des fabricants et des propriétaires d'hélicoptères dans un marché européen jugé plus prometteur que le marché américain. "Nous faisons deux coups avec une pierre (sic) : nous réduirons le coût du transport et le délai de livraison de nos pièces, au total quelque 20.000 aujourd'hui, dont la plus chère peut atteindre un million de dollar", pointe Toby Gauld.

Depuis Anglet, Optima Aero espère nouer des relations avec le leader mondial des hélicoptères, Airbus Helicopters, implanté à Marignane (Bouches-du-Rhône), mais surtout avec Safran Helicopter Engines, basé à Tarnos dans les Landes, et dont l'ex-directeur de la stratégie, Serge Maillé, vient justement d'entrer à son conseil d'administration. Un élément qui a sans doute contribué à ce que l'entreprise canadienne jette son dévolu sur la Nouvelle-Aquitaine, où l'aéronautique et la défense représentent 50.000 emplois industriels, chez Airbus, Dassault, Safran ou encore Thales, mais surtout au sein de près de 900 PME, qui constituent aussi un vivier de recrutement.

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"Une de nos ambitions est de pouvoir réparer de plus en plus de pièces et nous aimerions coopérer sur ce sujet avec les fabricants", invite Toby Gauld, songeant à associer l'école d'ingénieurs ESTIA de Bidart, dont la recherche en matière de fabrication additive et de composites à la Technopole de Bayonne est reconnue par les acteurs aéronautiques, à la démarche. Fidèle à sa volonté de contribuer à réduire l'impact environnemental du secteur aéronautique, Optima Aero a mis au point en 2020 des produits écologiques de nettoyage et d'entretien des hélicoptères qui seront également distribués à travers la filiale française.

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