Ils ont l'ambition de créer un nouveau moyen de transport capable d'avoir un impact positif sur la population et le développement économique. Les dirigeants de la société Aqualines, créée en 2013, travaillent à la conception de navires à effet de sol. Concrètement, il s'agit de véhicules conçus pour voler très rapidement au-dessus de surfaces aquatiques planes grâce à la formation de coussins d'air entre le sol et l'aile de l'appareil.
"C'est un principe physique qui a été constaté dans l'aviation et qui existe depuis longtemps. L'empire soviétique avait lancé un projet de véhicules qui est d'ailleurs allé assez loin, ce qui nous permet de dire que cela a été fait. Le fondateur d'Aqualines, Pavel Tsarapkin, avait rencontré les pères de ce projet", témoigne Laurent Godin, ingénieur de formation et ancien président d'Airbus / EADS en Indonésie, qui a rejoint l'aventure d'Aqualines en ce début d'année.
Bayonne, l'écosystème et le littoral
A ce stade, des modèles à échelle réduite ont été réalisés pour tester le concept. "Nous sommes prêts pour le premier prototype échelle 1", assure Guillaume Catala, co-fondateur de l'entreprise. Il s'agira ensuite de l'expérimenter, et c'est dans le Pays basque que tout se jouera. Aqualines vient de poser ses valises sur le port de Bayonne pour concevoir et développer ses futurs navires.
"Si nous avons choisi la France, c'est parce que nous sommes français et bien qu'expatriés depuis 20 ans, nous sommes la preuve que des Français reviennent. La France est aussi le deuxième pays exportateur de technologies aéronautiques et le deuxième territoire marin au monde. Quant au Pays basque, nous l'avons choisi pour son littoral, son côté transfrontalier, son écosystème industriel avec un centre de recherche en matériaux composites et ses nombreux sous-traitants de l'industrie aéronautique mais aussi pour son histoire dans le domaine de l'hydroaviation", explique Guillaume Catala.
Une quarantaine de salariés début 2022
Une équipe de R&D pluridisciplinaire, composée d'ingénieurs aéronautiques, de scientifiques spécialisés en aérodynamique et en hydrodynamique, d'architectes de navires à grande vitesse, et de pilotes d'essai, prendra donc ses quartiers sur le port de Bayonne dès janvier 2022. Soit une trentaine d'ingénieurs pour une quarantaine de salariés au total, contre une quinzaine aujourd'hui. L'idée ? Créer à terme plusieurs milliers d'emplois directs dans la phase des gros porteurs.
La construction d'une usine de fabrication est également prévue sur le même port de Bayonne en 2023 pour être prêt pour la commercialisation d'un premier véhicule trois places en 2024, avant un véhicule entre 14 et 25 places fin 2026. Des sites d'assemblage ouvriront ensuite au Moyen-Orient, en Asie et en Amérique du Nord pour accélérer le déploiement à l'international. Le projet aurait suscité 170 marques d'intérêt à travers le monde dans le secteur des opérateurs de transport, des agences gouvernementales et du privé.
Vert et rapide
Les véhicules produits par Aqualines serviront principalement au transport de passagers, mais aussi à la recherche et au sauvetage en mer. Aussi rapides que les hélicoptères utilisés par les secours, ils comprendront une cabine spacieuse pour embarquer du personnel et du matériel médical.
Leurs atouts ? "Etre moins chers qu'un avion, plus rapides qu'un bateau et plus verts que les deux, puisqu'ils seront équipés de moteurs électriques et de piles à hydrogène pour les distances plus importantes. Nous n'aurons par ailleurs pas d'impact sur la biodiversité !", déroule Guillaume Catala. Les vitesses commerciales seront comprises entre 200 et 320 km/h, ce qui permettrait, par exemple, de rallier Marseille à Ajaccio en moins d'une heure et demie, contre dix heures en moyenne.
"Nous avons la chance d'avoir été en avance, d'avoir récupéré un savoir-faire et de bénéficier des progrès technologiques en matière d'électrification et de batterie", reconnait Laurent Godin.
Un budget de 60 millions serait, malgré tout, nécessaire d'ici à 2027. Une levée de fonds de 15 millions d'euros est d'ores et déjà prévue cette année. "Il est à noter que ces véhicules des mers volants ne nécessiteront pas la construction de nouvelles infrastructures lourdes telles que des embarcadères, ou pistes d'aviation", précise toutefois Guillaume Catala.
Labellisée French Tech Pays Basque, Aqualines également membre du Groupement des industries de construction et activités navales (GICAN), rejoindra aussi le pôle d'excellence Aerospace Valley et le Cluster Maritime Français.
Crédits Aqualines.
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