Rafale : combien de créations d'emplois en Nouvelle-Aquitaine ?

Dassault Aviation, qui emploie déjà 3.400 salariés dans ses quatre usines de Nouvelle-Aquitaine, devrait se renforcer significativement dans les mois et années qui viennent. Pour honorer le faramineux contrat pour la fourniture de 80 Rafale aux Emirats Arabes Unis d'ici 2030, l'entreprise va en effet devoir augmenter ses cadences de production, entraînant dans son sillage plusieurs centaines de sous-traitants néo-aquitains.
Eric Trappier, PDG du groupe Dassault, et Florence Parly, ministre des Armées, dans l'usine d'assemblage du Rafale à Mérignac, en janvier 2019.
Eric Trappier, PDG du groupe Dassault, et Florence Parly, ministre des Armées, dans l'usine d'assemblage du Rafale à Mérignac, en janvier 2019. (Crédits : Agence Appa)

La production du Rafale à la cadence d'un avion par mois représente 7.000 emplois en France au sein de Dassault Aviation, Thales, Safran et des 400 entreprises sous-traitantes. Mais avec le contrat historique décroché par Dassault Aviation aux Emirats Arabes Unis pour la livraison de 80 exemplaires du Rafale d'ici 2030 pour 14 milliards d'euros, il va mécaniquement falloir accélérer en doublant voire triplant les cadences, avec potentiellement des milliers d'embauches attendues en France.

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Déjà 3.400 salariés dans la région

Ce succès commercial devrait donc bénéficier directement à l'économie française et tout particulièrement au tissu économique néo-aquitain. Très implantée en Nouvelle-Aquitaine, où elle emploie déjà 3.400 salariés et y compte quatre de ses neuf sites de production, Dassault Aviation va devoir encore y étoffer ses effectifs. L'entreprise est présente à Biarritz (production de pièces composites, fabrication de tronçons fuselage et jonctionnement du fuselage complet) ; à Martignas, en Gironde (fabrication des voilures et des systèmes pyrotechniques), à Poitiers (assemblage et aménagement des verrières, fabrication des emports et de pièces de rechange) et, bien sûr, à Mérignac (Gironde) où a lieu l'assemblage et aménagement des verrières, fabrication des emports et de pièces de rechange et où sont employés près de 2.100 salariés. Dassault Aviation vient d'y inaugurer un nouveau bâtiment de 26.000 m2 sur quatre niveaux au sein de son campus de 42 hectares et sept bâtiments, dont certains bénéficient d'un accès direct aux pistes de l'aéroport.

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La ville de Mérignac, dirigée par le président de Bordeaux Métropole, Alain Anziani, salue d'ailleurs sans réserve la signature de cet énorme contrat : "Cette commande record assure un plan de charge sur une dizaine d'années pour le site mérignacais. Cette annonce est un signal positif pour l'emploi local et les carnets de commandes des nombreux sous-traitants". L'entreprise travaille en outre "avec plusieurs centaines de sous-traitants locaux", rappelle le maire tandis que Safran et Thales sont également bien implantés dans la métropole bordelaise et dans la région. Selon Bordeaux Métropole, 300 entreprises dont sept grands groupes (Dassault Aviation, Thales, Safran, Daher, Sabena Technics, Stelia Aérospace et Airbus Defence and Space), une centaine de sous-traitants et des structures militaires totalisent 20.000 emplois civils sur l'agglomération.

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Doublement puis triplement des cadences ?

Cette méga-commande donne en effet de la charge à la chaine de production du Rafale pour, au moins, les dix ans à venir tout en impliquant mécaniquement une montée en puissance du rythme de fabrication. "Nous allons doubler la cadence. Celle-ci était d'un avion par mois, elle va passer à deux, voire un peu plus", précise-t-on chez Dassault Aviation, qui a embauché 500 nouveaux salariés en 2021 au niveau national. Il y aura donc nécessairement de nouvelles embauches dans la région chez Dassault et les multiples sous-traitant mais il est encore trop tôt pour en quantifier le volume. Au sein de chaque PME, les situations varient entre celles, actuellement en sous-charge, qui n'auront pas besoin de recruter pour honorer de nouvelles commandes, et d'autres déjà en pleine capacité qui devront recruter.

En interne, chez Dassault Aviation, la CFDT considère d'ores et déjà que "la commande de 80 Rafale impose à la direction générale de réfléchir très profondément sur sa politique sociale, de sortir de ses dogmes et de proposer un nouveau pacte social à l'ensemble du personnel", notamment au travers des négociations annuelles obligatoires.

Satisfaction pour l'écosystème régional

Quoi qu'il en soit, du côté du tissu économique local, on accueille avec une très grande satisfaction ce succès du Rafale à l'export :

"C'est une très bonne nouvelle pour le territoire où la supply chain du Rafale est bien structurée et identifiée. On ne connaît pas encore le rythme de montée en cadence mais il y aura très probablement de nouveaux sous-traitants à bord", réagit Alexandre Le Camus, secrétaire général de l'UIMM (Union des industries et métiers de la métallurgie).

"Quant au volume de recrutement, c'est encore trop tôt pour le connaître d'autant que la filière aéronautique régionale se caractérise par sa dualité entre le civil et le militaire. Des sous-traitants pourraient donc aussi profiter de la dynamique du Rafale pour compenser des difficultés rencontrées sur l'aéronautique civile sans pour autant recruter dans l'immédiat", précise celui qui est aussi délégué général de Baas (Bordeaux Aquitaine Aéronautique et spatial).

Au total, si au ministère des Armées, on évoque "probablement des milliers d'embauches" liées à ce contrat en France, ce total devrait se décliner en plusieurs centaines de créations d'emplois voire quelques milliers d'ici à 2030.

Enfin, à noter qu'en plus du contrat de 14 milliards d'euros, deux milliards d'euros portent sur les missiles fournis par MBDA qui a des implantations à Biscarosse (Landes) et La Teste-de-Buch (Gironde).

Le GIE Rafale


  • Le Rafale est construit par un groupement d'intérêt économique (GIE Rafale), regroupant Dassault qui supervise 60 % de la valeur de l'avion, l'électronicien Thales (22 %) et le motoriste et équipementier de défense Safran (18 %). Thales et ses sous-traitants fournissent ainsi le radar, les systèmes électroniques embarqués ou encore le système de protection de l'avion Spectra. Safran et ses fournisseurs apportent de leur côté les deux moteurs M-88 de l'appareil, le train d'atterrissage, le siège éjectable, le système de navigation inertielle (qui permet le repérage hors signal GPS) ou encore les câblages électriques.

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