Foncier : les Landes prises d'assaut par les entreprises du Pays basque et d'ailleurs

REPORTAGE. C'est une véritable explosion de la demande en immobilier d'entreprises dans les Landes. Le parc d'activités Atlantisud, le long de l'autoroute A63 à Saint-Geours-de-Maremne, a commercialisé autant d'hectares en un an que depuis sa création en 2008 par Henri Emmanuelli.
(Crédits : AH / La Tribune)

"Nous avons pré-commercialisé 53 hectares en 2021, contre une moyenne annuelle de 4,4 hectares depuis 2008. Soit quasiment autant en un an que depuis la création d'Atlantisud sous l'impulsion de Henri Emmanuelli ! », constate Eric Sargiacomo, responsable de la commercialisation de ce parc d'activités qui s'étend sur 150 hectares des deux côtés de l'autoroute A63, à Saint-Geours-de-Maremne, à une quinzaine de kilomètres à l'ouest de Dax. Parmi les acheteurs, de plus en plus d'entreprises basques, qui n'ont pas trouvé leur bonheur au sud de l'Adour. Mais aussi de la côte sud-landaise, également encombrée. Valérie Fernani a eu beau chercher pendant deux ans autour de Capbreton, elle n'a pas trouvé de "locaux à acheter, encore moins en location, qui soient adaptés à une activité industrielle", constate la directrice d'Api'Up.

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Son atelier d'insertion, fabriquant des meubles à partir de déchets, fait partie des trois usines qui débuteront leur production en 2022 à Atlantisud. Les deux autres sont les premières unités de startups jusqu'alors implantées dans la technopole Domolandes, spécialisée dans la construction durable, dont la surface va passer de 5.000 m2 à 20.000 m2 d'ici 2030 !

"Materrup et Les Chanvres de l'Atlantique valident notre modèle, très innovant il y a dix ans, alliant pépinière, hôtel d'entreprises et espaces de coworking, au sein d'une zone d'activité", estime Hervé Noyon, son directeur général. La première concoctera à partir de fin janvier son béton écologique à base d'argile et la seconde compte accélérer sa production de graines de chanvre dès avril dans "la première usine compostable de France, réalisée en bois, terre crue et chènevotte, les tiges de chanvre", détaille son fondateur Vincent Lartizien. L'ancien surfeur professionnel prévoit déjà deux autres unités sur place.

Materrup

L'usine de Materrup (crédits : Materrup).

Des projets et des architectures innovants

"Atlantisud devait permettre le développement économique sur trente à quarante ans. C'est le temps qu'il a fallu pour que la zone d'activités de Mouguerre (en banlieue de Bayonne, ndlr), par exemple, soit remplie. Mais nous avons d'ores et déjà à peine une trentaine d'hectares disponible...", détaille Éric Sargiacomo.

Après avoir affronté des vents contraires, avec notamment un gros projet avorté sur la zone - un centre commercial par Immochan- et l'espoir suscité pour la filière surf d'une piscine à vagues artificielles, il savoure le fait d'avoir désormais le choix : "nous ne voulons pas de mégacentres logistiques, mais des activités diverses, en lien avec le territoire et créatrices d'emplois". Aujourd'hui, ils sont 1.400 à travailler à Atlantisud et leur nombre ne cesse de croître.

Parmi eux Thierry Toniutti, cofondateur d'Ouatéco, qui fait depuis 2010 la navette depuis Anglet. "Nous avions cherché un terrain d'un hectare au Pays basque, mais en 2009 c'était déjà impossible. Surtout pour une entreprise qui n'avait jamais rien produit. Ici, on nous a donné notre chance et nous avons pu construire notre siège et usine en bois. Du mélèze du Massif central, car les pins landais n'atteignent pas les six mètres nécessaires", détaille le dirigeant, s'estimant heureux d'avoir encore de la place pour agrandir son usine qui produit de l'isolant à partir de papiers et de vêtements usagés.

Atlantisud Domolandes

La zone d'activités Atlantisud, dans les Landes (crédits : AH/La Tribune).

Ses voisins FMS et Zoomalia souhaitent aussi s'étendre. Le premier va pousser les murs de son bâtiment dédié à son activité informatique construit il y a seulement trois ans. L'animalerie en ligne, créée à Seignosse, agrandit en ce moment son entrepôt (21.000 m2), pour la troisième fois depuis 2017, et aimerait ensuite construire un écocampus. "Des bureaux avec vue sur la forêt, mais aussi un restaurant pour nos 180 employés, originaires des bassins landais et basque", projette Pierre-Adrien Thollet. L'un des reproches qui peuvent être faites à Atlantisud, qui n'est pas desservie par les transports en commun et dont les rues n'ont ni trottoir ni place de parkings, est le caractère encore rudimentaire de ses services. Mais un hôtel B&B (60 chambres) et un restaurant seront construites dans les prochains mois par la foncière Duval Atlantique.

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Deux autres zones prises d'assaut

Cyril Gayssot, cofondateur de FMS et depuis peu conseiller départemental en charge de l'attractivité, aimerait aussi créer des pistes cyclables pour rallier Atlantisud, où, rappelle-t-il "les prix ont plus que doublé en dix ans". Mais à 45 euros le mètre carré et 60 euros pour les lots visibles de l'autoroute, ils restent encore accessibles. "Le prix a fait partie de notre choix de nous implanter, mais aussi la nature du sol, car sous le sable se trouve de l'argile. Et la qualité de vie ici attire des cadres qui ont envie de changer d'air", appuie Charles Neuville, cofondateur et directeur financier de Materrup (14 salariés).

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Le constat fait à Saint-Geours-de-Maremne est le même pour les deux zones voisines, plus petites : celle de Pédébert (Hossegor), dont l'extension de cinq hectares en cours - déjà vendus-, afin d'accueillir notamment une pépinière d'entreprises de la glisse, portera le total à 50 hectares ; et celle de Sud-Landes (Hastingues, 45 hectares), où Patatam, faute de terrains à Saint-Pierre-d'Irube, a choisi de s'installer en 2020. "C'est au public, pas au privé, de créer des réserves foncières pour les particuliers comme pour les entreprises", estime Éric Sargiacomo, comme en écho à la Communauté d'agglomération Pays basque, qui prône l'inverse. Et celui qui est par ailleurs élu landais d'ajouter : "en matière économique, l'adage « gouverner est prévoir » est particulièrement vrai !".

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