CES 2022 : MyEli et Facil'iti font le bilan d'une édition « moins dense mais plus qualitative »

INTERVIEW CROISÉE. Quel bilan pour ce CES 2022 qui s'est achevé le 8 janvier avec seulement 40.000 visiteurs, très loin des 180.000 de 2019 ? Ludivine Romary, la fondatrice de MyEli (bijoux connectés, 1ere participation), et Frédéric Sudraud, le dirigeant de Facil'iti (solution d'accessibilité numérique, 7e participation), partagent avec La Tribune leurs impressions. Accompagnés par French Tech Bordeaux et la Région Nouvelle-Aquitaine, ils retiennent des rencontres jugées très qualitatives et des innovations spectaculaires dans le champ de la robotique et de l'automobile.
Présents au CES 2022, Ludivine Romary (MyEli) dont s'était la première participation et Frédéric Sudraud (Facil'iti), présents pour la 7e fois, ne sont pas déçus d'avoir fait le déplacement à Las Vegas malgré une fréquentation bien moindre.
Présents au CES 2022, Ludivine Romary (MyEli) dont s'était la première participation et Frédéric Sudraud (Facil'iti), présents pour la 7e fois, ne sont pas déçus d'avoir fait le déplacement à Las Vegas malgré une fréquentation bien moindre. (Crédits : MyEli / Agence APPA)

Avec sept participations au compteur, Frédéric Sudraud, le fondateur et directeur général de Facil'iti, est un fin connaisseur du CES de Las Vegas. Basée à Limoges, son entreprise de 25 salariés commercialise une interface web permettant une meilleure accessibilité aux personnes souffrant de déficits moteurs, visuels et cognitifs. Avec plus de 500 clients depuis 2016 pour plus de 1,1 million d'utilisateurs, Facil'iti affiche 1,8 million d'euros de chiffre d'affaires en 2021 et une croissance de 35 % malgré un essor international freiné par le Covid, notamment au Japon. De son côté, Ludivine Romary est à la tête de MyEli, startup créée il y a moins de deux à Bordeaux. Conçu pour séduire et sécuriser une clientèle de jeunes femmes urbaines, son bijou connecté s'est écoulé à plus de 600 exemplaires depuis sa commercialisation fin 2021 et a reçu un précieux Innovation Award au CES 2022. Entretien croisé avec ces deux entrepreneurs aux parcours très différents.

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LA TRIBUNE - Ludivine Romary, que retenez-vous de cette première participation au CES ?

Ludivine ROMARY - MyEli est une entreprise très jeune donc on venait d'abord chercher de la visibilité sur le marché français et auprès d'acteurs étrangers. Et le bilan pour nous est hyper positif avec énormément de retombées presse et sur les réseaux sociaux. On a pu aussi mesurer la pertinence de notre produit pour des marchés étrangers. Plus globalement, ce CES a été un grand bol d'air frais dans le contexte actuel. Les allées n'étaient pas noires de monde, même si les deux premiers jours sur l'Eureka Park [où sont installés les startups, NDLR] ont été très intenses, mais cela a finalement permis des échanges bien plus qualitatifs que prévus ! On a pu discuter bien plus que deux minutes et même recroiser des interlocuteurs pour approfondir et mettre des visages sur des cartes de visite. C'était aussi l'occasion de créer des liens et des opportunités de business avec les autres startups de la délégation française.

Et vous, Frédéric Sudraud, cette édition 2022 tient-elle la comparaison avec le format d'avant le Covid-19 ?

Frédéric SUDRAUD - Oui et non ! Le contexte est objectivement très différent : avec une participation en recul de -75 % ça pouvait très bien ne pas fonctionner du tout. Avec Facil'iti nous étions installés au Las Vegas Convention Center (LVCC) et au début ça a été un peu la douche froide avec énormément d'espaces vides et un stand pas du tout adapté à nos attentes. Le 1er jour a été correct en termes de fréquentation, le 2e jour catastrophique... mais le 3e jour s'est avéré absolument génial ! En réalité, l'Eureka Park a concentré toutes les attentions les deux premiers jours avant que la focale ne se déplace vers le LVCC. Au final, le résultat ce sont des visites très qualifiées, beaucoup plus que les autres années. On a constaté que les dirigeants qui étaient présents cette année étaient là parce qu'ils avaient un réel besoin, un réel intérêt à faire le déplacement malgré le risque sanitaire. Ils n'étaient pas simplement là pour se promener dans les allées comme c'est parfois le cas ! Bref, c'était une édition moins dense mais plus qualitative.

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Les retombées en termes de business sont-elles au rendez-vous ?

FS - Honnêtement, oui. Par rapport aux éditions précédentes, je suis surpris par la qualité de la quinzaine de très bons contacts noués et avec des rendez-vous d'ores-et-déjà fixés pour se revoir ! Pour le business, ça sent très bon. Plusieurs interlocuteurs nous avaient clairement sourcé et identifié avant de passer nous voir sur le stand. Je tiens donc vraiment à remercier la French Tech, la Région et la CCI qui ont cru à ce salon et maintenu la délégation néo-aquitaine. C'est vraiment utile pour des entreprises comme les nôtres !

LR - De notre côté, nous cherchions surtout de la visibilité plus que des signatures de contrats. Mais nous avons aussi pu rencontrer pas mal de distributeurs étrangers et le CES nous a permis de sourcer les nouvelles technologies disponibles pour les futures versions de notre bijou connecté. Ce sera très utile pour la suite et je suis ravie ! L'accompagnement a été vraiment excellent. Le seul bémol c'est peut-être l'absence d'un ministre français sur place alors même que la délégation française était la plus importante présence étrangère sur place.

Quelle sont les innovations technologiques qui vous ont le plus impressionné cette année ?

LR - Du côté de l'Eureka Park, le produit qui a le plus fait le buzz c'est incontestablement le robot humanoïde Ameca conçu par des Britanniques. C'est assez incroyable de discuter avec lui, vraiment bluffant ! Et au-delà des multiples gadgets connectés propres au CES, je retiens aussi de nombreuses propositions autour de la santé, de la healthtech.

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FS - Au sein du LVCC où sont installés les grands comptes, à mon sens ce sont vraiment les innovations dans le champ de l'automobile qui ont retenu l'attention et marqué les esprits. C'est assez colossal. Quand on voit que Sony sort son propre véhicule hyper-connecté avec des écrans partout on se dit que l'avenir de l'automobile est là, dans le logiciel, plus que dans la voiture elle-même ! Et ce véhicule de Sony est opérationnel, ce n'est pas un prototype. L'autre innovation marquante c'est l'ouverture du Loop construit par Elon Musk dans le sous-sol de Las Vegas pour éviter les bouchons. Je l'ai pris et je dois dire que c'est assez bluffant. On imagine sans mal comment ça pourrait fonctionner avec des véhicules autonomes et ça montre vraiment l'ambition incroyable d'Elon Musk qui veut mailler Las Vegas et le déployer dans d'autres villes.

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