CES 2021 : une expérience en ligne frustrante pour les startups du QG de Nouvelle-Aquitaine

Pandémie oblige, le CES 2021 se tient exclusivement en ligne depuis lundi. Et pour les startups néo-aquitaines réunies dans une salle dédiée au conseil régional, le constat est clair : ça n'a rien à voir avec l'édition en présentiel à Las Vegas. Si le buzz reste au rendez-vous, la prise de contacts est très compliquée, la faute à une interface perfectible. De quoi interroger sur la pertinence de ce type d'évènement en distanciel. Témoignages.
Le quartier générale de la délégation des startups de Nouvelle-Aquitaine au CES 2021 100% en ligne.
Le quartier générale de la délégation des startups de Nouvelle-Aquitaine au CES 2021 100% en ligne. (Crédits : PC / La Tribune)

La délégation néo-aquitaine pour ce Consumer electronic show 2021 était plutôt expérimentée puisque onze des treize startups retenues ont déjà foulé au moins une fois les allées du CES à Las Vegas ces dernières années. Autant dire qu'à l'issue de cette première journée en ligne, le contraste est particulièrement frappant avec l'effervescence et l'énergie des précédentes éditions. "Cela n'a strictement rien à voir avec ce qu'on peut vivre sur place", lâche Pascal Lavaur, fondateur de Go4iot, présent au CES en 2019 et 2020. "Il y a beaucoup de contacts via la plateforme mais en réalité très peu de demandes sérieuses et le moteur de recherche est vraiment perfectible parce qu'il ne propose que très peu de filtres ce qui rend les recherches de contacts qualifiées très laborieuses", poursuit Pascal Lavaur, qui a déjà écoulé 600 unités de son antivol connecté depuis mi-2019 et vise un doublement de son activité en 2021. "D'habitude, la force du CES c'est qu'on y trouve ce qu'on cherche et ce qu'on ne cherche pas forcément en multipliant les rencontres. Là, c'est beaucoup plus compliqué..."

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"Beaucoup de frustrations"

"Malgré les efforts de la CTA [l'organisateur du CES], il n'y a pas de solution technologique miracle capable de recréer la sensation de promenade dans les allées et la sérendipité des rencontres fortuites à la suite d'un pitch accrocheur", expliquait il y a quelques jours à La Tribune Eric Morand, le directeur de la branche Tech et Services de Business France, en charge de fédérer la présence française au CES.

C'est précisément cette sérendipité qui manque cruellement à Aurélie Colin-Thévenet, cofondatrice de Lux Lingua qui développe Xemplar, une solution marketing en réalité augmentée pour les marques de vins et spiritueux. "Le fait de trouver la bonne personne au bon endroit ou d'accéder à des contacts de très haut niveau qu'on ne touche pas ailleurs, c'est ça le CES. Et là, en ligne c'est très compliqué et ça génère beaucoup de frustration avec une technologie qui n'est pas toujours au niveau", témoigne la jeune dirigeante qui a déjà arpenté les allées du salon en 2019. Au rang des satisfactions, la startup charentaise, qui vise 200.000 euros de chiffre d'affaires en 2021, retient néanmoins "le buzz médiatique toujours présent et l'émulsion et l'envie d'aller de l'avant avec cette réunion de startups au conseil régional".

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Seulement 10.000 questions posées en 24h

Dix des treize startups de la délégation régionale ont en effet choisi de se réunir physiquement pour vivre collectivement cette édition numérique. Un quartier général les accueille au conseil régional avec les autres partenaires de la délégation : French Tech Bordeaux, CCI International, Business France, etc. Mais malgré cette dynamique de groupe, chacun reconnaît que le bilan de ce premier jour est loin d'être évident, notamment à cause d'une plateforme technique pas toujours au niveau.

"C'est objectivement compliqué parce que ça ne remplace vraiment pas les conditions d'un évènement en vrai. D'autant que l'audience n'a pas l'air extraordinaire", constate un membre de la délégation. Quand les dernières éditions du CES étalaient plus de 4.500 stands et plus de 170.000 visiteurs, la version virtuelle du salon développée par Microsoft compte entre 1.500 et 2.000 stands et, ce mercredi 13 janvier en milieu d'après-midi, seulement 10.000 questions avaient été posées entre les participants. Autant dire une goutte d'eau en comparaison de l'effervescence habituelle qui génère des centaines de milliers d'interactions.

Malgré tout, le CES reste un évènement médiatique incontournable. Ce qu'a bien mesuré Benoît Marty, le fondateur de Sodium Cycles, qui développe au Pays basque Xubaka, une petite moto électrique. "On a eu un passage à la télévision qui a généré plus de 80 demandes d'essais en 24h donc le buzz est bien au rendez-vous !", se réjouit-il. Il espère écouler une centaine d'unités de son véhicule fabriqué en France, dans les Hautes-Pyrénées, et vendues à 5.990 euros pièce. Déjà présent au CES 2019, il reconnaît cependant lui-aussi que ce millésime sera probablement moins prolifique en contacts qualifiés.

"Si le CES n'arrive pas à relever ce défi..."

Mais la satisfaction est aussi à trouver chez Bertrand Laine, qui développe avec 3Ditex une solution de tissage 3D à destination de l'industrie des textiles techniques et des matériaux composites. "Honnêtement, le CES n'était pas un salon prioritaire pour nous et on y serait pas allés en présentiel ! Donc, pour nous, c'est vraiment une belle opportunité qu'on a préparée à fond. On a eu plusieurs interviews par des médias spécialisés dans le textile et des échanges avec des designers et équipementiers qu'on ne touche pas d'habitude. Donc c'est plutôt probant !"

Davantage de visibilité que de business... et un peu moins de magie : c'est la première leçon de ce CES en 100 % virtuel dont la plateforme restera active jusqu'au 15 février pour permettre de prolonger les échanges. De quoi illustrer très concrètement les difficultés du secteur évènementiel à recréer l'atmosphère d'un vrai salon dans un contexte pandémique.

"Notre stratégie marketing compte beaucoup sur les évènements professionnels et là, clairement, ça ne ressemble pas à un vrai salon ! Ce qui m'inquiète c'est que si le CES, qui est censé être à la pointe de la technologie, n'arrive pas à relever ce défi, ça pose beaucoup de questions sur les évènements professionnels des prochains mois", conclut Pascal Lavaur.

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