Immobilier : le promoteur Harvey Family revisite le 1% logement

Utiliser 1 % du montant de ses opérations immobilières pour financer le monde sportif et associatif via un fonds de dotation dédié : c'est le parti pris du promoteur Harvey Family créé à Bordeaux en 2017 par d'anciens judokas professionnels, dont David Douillet. Malgré seulement 21 logements livrés à ce jour, l'entreprise ambitionne de quadrupler son activité en quatre ans en misant sur les résidences premium pour investisseurs et sur l'essor du coliving. Rencontre avec ses co-fondateurs David Inquel et Romaric Gaudemer.
David Douillet, Miriam Annoni, David Inquel et Romaric Gaudemer, les quatre associés du promoteur immobilier bordelais Harvey Family
David Douillet, Miriam Annoni, David Inquel et Romaric Gaudemer, les quatre associés du promoteur immobilier bordelais Harvey Family (Crédits : Harvey Family)

Le point commun des résidences premium réalisées par le promoteur Harvey Family en coliving c'est la présence d'un espace dojo dans les parties communes. Un clin d'œil au passé de trois des quatre associés : David Inquel et Romaric Gaudemer depuis 2017, puis l'immense David Douillet en 2019, tous anciens judokas professionnels. S'y ajoute Miriam Annoni, l'actuelle directrice générale d'Harvey Paris. A Bordeaux, le siège social est situé à deux pas de la basilique Saint-Seurin.

"Nous avons créé Harvey autour de deux postulats : le premier c'était d'investir dans la tech et développer son usage dans l'immobilier ; le deuxième de travailler avec le monde associatif et sportif pour essayer de rendre ce qu'il nous a apporté dans nos carrières de judokas", explique à La Tribune David Inquel  qui, pour se lancer dans cette nouvelle vie immobilière, a revendu ses parts dans Ynov Campus qu'il avait cofondé en 2011.

Le résultat ce sont deux marques distinctes - Harvey Family pour la promotion immobilière et Donna pour les résidences en coliving - et un fonds de dotation baptisé Harvey Solidarity.

Promotion classique et coliving

L'activité de promotion classique, principalement pour le compte d'investisseurs privés cherchant un placement immobilier, se traduit à ce jour par 21 logements neufs livrés. "Nous en avons plusieurs centaines dans les tuyaux principalement en Nouvelle-Aquitaine, en Ile-de-France et en Bretagne pour atteindre rapidement entre 150 et 200 logements par an", précise Romaric Gaudemer. C'est aujourd'hui le principal moteur économique de l'entreprise. Quant à Donna, la première résidence en coliving - ce concept émergent combinant appartements individuels en location et espaces communs - sortira de terre à Chartres (Eure-et-Loir) dans quelques mois. 120 logements y sont prévus dans un immeuble de 5.000 m2 non loin de la cathédrale. "Nous avons d'autres projets validés à Angers et Nice et une dizaine d'autres dans les tuyaux mais nous sommes très attentifs à l'emplacement et nous ne voulons pas grandir trop vite. Nous visons trois à quatre résidences d'environ 150 logements par an en rythme de croisière", ajoute l'associé.

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La clientèle cible ce sont les étudiants, apprentis et jeunes actifs mobiles et cherchant des séjours compris en général entre six et 18 mois, sans engagement, garantie ni caution. "On propose des prestations de qualité au prix du marché du coliving qui sont plus attractifs que la location d'un appartement classique pour des séjours de moins d'un an", précise Romaric Gaudemer.

Coliving Harvey Family à Montreuil (Seine-Saint-Denis)

Visuel du futur espace de coliving de Montreuil (Seine-Saint-Denis). (crédits : Harvey Family)

Et après l'essor fulgurant des espaces de coworking à Bordeaux et dans la plupart des grandes métropoles, Harvey Family ne craint pas de bulle spéculative sur le coliving, qui répond, selon David Inquel, à davantage qu'un effet de mode :

"Nous sommes persuadés que la conception et les usages du logement vont considérablement changer dans les années qui viennent ne serait-ce qu'en raison de la forte hausse des prix de l'immobilier. Et cela va se combiner avec des usages professionnels qui évoluent, notamment avec le télétravail. Notre conviction c'est qu'il va y avoir des réflexions en profondeur sur l'utilisation et le partage des logements. C'est pour cela que nous proposons des appartements entièrement privatifs mais plus petit que la moyenne au profit d'espaces et de services communs bien plus étoffés avec du personnel sur place et une application dédiée. Sur nos résidences de 150 logements, nous proposons en moyenne 600 m2 d'espaces partagés, dont un dojo !"

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Un fonds de dotation dédié

Mais en plus du dojo partagé, qui sert plus généralement de salle de sport, la marque de fabrique d'Harvey Family, c'est aussi son engagement associatif qui se traduit par un travail avec les collectivités locales. "Pour chaque résidence, nous réservons une partie des logements à des personnes choisies par des associations sélectionnées par la mairie. A Biscarosse, dans les Landes, ce sont des travailleurs saisonniers tandis que sur deux autres projets en Ile-de-France, ce sont des éducateurs sportifs et des internes de l'hôpital. Ces personnes bénéficient d'un accès prioritaire pour déposer leur dossier", détaille David Inquel.

Et au-delà de ce quota de logements réservés, Harvey Family finance également des bourses via un procédé finalement assez proche du classique 1 % logement, cette cotisation de 0,45 % de la masse salariale qui finance Action Logement.

"Pour chaque opération, nous et nos prestataires et fournisseurs nous engageons à verser entre 0,5 et 1 % du montant total à un fonds de dotation que nous avons créé pour financer des actions solidaires. A Chartres, par exemple, cela représente 200.000 euros que nous allons utiliser pour financer chaque année pendant dix ans 20.000 euros de bourse pour en prendre en charge en partie ou en totalité les loyers de certains locataires", déroule David Inquel.

L'entreprise de 19 salariés flèche aussi ce fonds de dotation pour accompagner des judokas et sportifs de haut niveau à deux moments clefs : quand ils se lancent dans une carrière professionnelle, à l'instar d'Axel Clerget (judo) et Kséniya Moustafaveva (gymnastique) ou quand ils ont besoin de se reconvertir en fin de carrière via une formation ou une validation des acquis professionnels. Pour 2021, cela représente une enveloppe de 200.000 euros qui a, par exemple, déjà bénéficié à l'ex-judoka Cyrille Maret, dans le cadre d'une opération de onze logements à Blanquefort, près de Bordeaux. Enfin, Harvey Family héberge aussi directement des structures dans ses propres locaux comme l'Ecole du 7e art, à Bordeaux.

Harvey Family Saint-Médard

Visuel d'une future résidence d'Harvey Family à Saint-Médard-en-Jalles, près de Bordeaux (crédits : Harvey Family).

100 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2025

En 2020, la société bordelaise affiche trois millions d'euros de chiffre d'affaires pour un volume d'activité de 20 millions d'euros et vise un rythme de croissance soutenu : à nouveau 20 millions d'euros en 2021 puis 55 millions en 2022, 70 millions en 2023 et 100 millions d'euros en 2025. "Ensuite, on restera à cette échelle là parce qu'on veut conserver une taille raisonnable", assurent les cofondateurs qui s'adressent à une clientèle d'investisseurs de cadres supérieurs et très supérieurs avec un investissement moyen autour de 220.000 euros.

"Notre pari c'est de prendre bien soin de nos clients à tous les niveaux et dans la durée. C'est moins rentable à court terme mais ça nous offre un vrai suivi dans le temps et ça nous économise des dépenses commerciales au profit du bouche à oreille", sourit David Inquel. Le service client est couplé à une activité de gestion de patrimoine tout au long de l'investissement et une application mobile centralisant tous les documents. Prochains défis pour les quatre associés : l'obtention du statut d'entreprise à mission, prévu fin 2021, puis de l'exigeant label B-Corp en 2022. Parallèlement, une augmentation de capital couplée à de la dette bancaire, de quelques dizaines de millions d'euros, est en préparation pour financer l'essor des nombreuses résidences mais avec la volonté pour les quatre associés de rester nettement majoritaire au sein de chaque projet immobilier.

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