Avec VRD Studio, la réalité virtuelle fait parler les transports du futur

VRD Studio, une toute jeune startup basée à Bordeaux, conçoit des logiciels de réalité virtuelle pour faire découvrir les transports du futur. La société n'est qu'à ses débuts mais se voit courtisée par des grands noms comme BMW ou Flying Whales, alors qu'elle s'envole cette semaine pour le CES de Las Vegas.
Maxime Giraudeau
Rafaele Venturelli, le cofondateur de VRD Studio.
Rafaele Venturelli, le cofondateur de VRD Studio. (Crédits : MG / La Tribune)

C'est un duo d'entrepreneurs qui se fait furtif. Ni incubé ni propulsé par une levée de fonds. Bientôt deux ans d'activité mais pas de recrue. Une adresse aux Bassins à Flot, quartier du nord de Bordeaux davantage habitué aux frégates en déconstruction qu'à battre pavillon French Tech. Discrètement dans un local maritime mansardé, Laurie Pinson et Rafaele Venturelli cultivent une réalité virtuelle de pointe en eaux tranquilles.

Les deux trentenaires, respectivement présidente et designer, ont lancé VRD Studio au printemps 2021 avec la volonté de proposer un outil graphique capable de modéliser avec grande précision la mobilité maritime, terrestre et aérienne. Sur les écrans, le bateau navette d'Aqualines (Pyrénées -Atlantiques) vole sur des eaux cristallines et le dirigeable de Flying Whales (Gironde) cherche sa route en milieu forestier. Des projets encore virtuels mais dont tous les composants techniques sont rendus accessibles par VRD.

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Rafaele Venturelli et Laurie Pinson ont créé VRD Studio en 2021 (crédits : MG / La Tribune).

La rentabilité avant le volume

« Notre volonté c'est de créer des images parlantes dans des expériences immersives qui vont permettre de comprendre les cas d'usage d'un produit et de les faire mieux accepter par le public », défend Laurie Pinson. Sous l'action de sa souris, et après de nombreuses heures de conception, Rafaele Venturelli met en musique l'assemblage d'un dirigeable géant de Flying Whales, des plus petites pièces d'un moteur à la couverture bombée de l'armature. « Notre grande force, c'est la 3D photoréaliste. C'est elle qui nous permet de sortir de l'imaginaire cartoonesque », montre-t-il. La réalité virtuelle créée pour le fabricant bordelais de voiliers Rosewest - propriétaire des lieux occupés par VRD - se révèle effectivement accessible et instructive.

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Le dirigeable de Flying Whales mis en action par le designer. (crédits : MG / La Tribune)

Voilà qui a déjà convaincu le géant de l'aéronautique (lui aussi très virtuel pour l'instant) de confier la modélisation de ses aéronefs à la jeune pousse, mais aussi prochainement de son usine dont l'implantation en Nord Gironde est contestée. VRD a également travaillé avec les chantiers navals Dufour et Couach ou le concepteur de taxi-drone Buttairfly. Après un premier exercice de 55.000 euros en 2022, le chiffre d'affaires est grimpé à 130.000 euros en 2023, consacrant la rentabilité. Bien loin des 6,6 millions réalisés en 2022/2023 par le concepteur de réalité virtuelle Immersion, basé à Bordeaux et coté en bourse.

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Signer un grand compte au CES

Des débuts modestes, comme l'usage de la réalité virtuelle sur lequel les Bordelais de Meshroom VR se sont cassés les dents avant d'être liquidés fin 2022. Mais la réalité virtuelle est utilisée avec parcimonie par les deux associés de VRD Studio. « On peut déjà avoir un monde entier avec un logiciel 3D comme le nôtre », expose la dirigeante. Éviter de tomber dans le côté gadget d'une technologie en vogue alors qu'Apple s'apprêter à sortir son casque VR pour concurrencer le leader Meta. La modélisation sur écran a d'ailleurs encore de quoi briller, en témoigne la méga-levée de fonds en 2022 du bordelais Nfinite qui propose des catalogues virtuels d'objets en 3D.

Un atout en particulier sur les salons, où les clients peuvent découvrir directement le design et le mouvement des produits. De quoi attirer l'œil du public du Consumer Electronic Show qui se déroule cette semaine et comme tous les ans à Las Vegas. Le duo de VRD y participe pour la deuxième fois, avec un stand de choix financé par la Région Nouvelle-Aquitaine qui a tout de même choisi de réduire la voilure. « On aimerait mettre un coup d'accélérateur sur l'export, on est en discussion avec BMW pour modéliser leur usine de batteries aux USA, révèle Laurie Pinson. Gagner en visibilité et signer un grand compte au CES, ce serait génial ! »

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Des ambitions marquées tout en se considérant comme « outsider puisqu'on n'a pas été incubé et on n'a pas levé de fonds ». Un état d'esprit qui résonne avec les difficultés que connaissent certaines startups et les exigences de rentabilité qui deviennent la règle.

Maxime Giraudeau

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