« C'est un sujet important qui nous impacte déjà et qui continuera de nous impacter », martèle Pierrick Poirier. Le directeur de Keolis Bordeaux Métropole Mobilités en est conscient : il faut anticiper les risques du changement climatique sur le réseau TBM (transports Bordeaux Métropole). L'étude du bureau Artélia, commandée par Bordeaux Métropole, rappelle que « la tendance s'est accélérée au cours des dix dernières années ». L'augmentation moyenne des températures est « en hausse de 1,5 degré sur les 50 dernières années » avec « une progression fréquente des épisodes de canicule et une projection de 4 degrés supplémentaires d'ici 2100 », rapporte-t-elle.
Des expérimentations sont en cours
Souvenez-vous, il y a deux ans, la Gironde avait été placée en vigilance « rouge-canicule » par Météo France et Bordeaux s'était vidé de ses rues. « Le trafic était fortement impacté et beaucoup d'usagers avaient fait des réclamations sur les réseaux sociaux à propos du confort », se souvient Aurélien Braud, responsable marketing commercial et intermodalités TBM. Pour l'améliorer lors des périodes de fortes chaleurs, Keolis va expérimenter des solutions présentées comme étant écologiques. « La plupart sont déjà en cours », précise Lucie Lefebvre, responsable environnement chez Keolis Bordeaux Métropole Mobilités.
TBM tente de prendre les choses en main. Les voyageurs verront apparaître des films anti-UV sur les baies et les portes des trams, qui devrait réduire les températures intérieures de « 6 à 9 degrés ». Un système fraîcheur a déjà été mis en place sur les rames du réseau. Il renouvelle l'air à l'intérieur des trams en purifiant le CO2 avant de le réutiliser. Les capots des climatiseurs, situés sur les toits, seront peints en blanc pour éviter les surchauffes qui provoquaient les pannes de climatisation. Comme annoncé en mars, le gazon positionné sous les rails est en train d'être remplacé par de nouvelles variétés de végétation moins gourmandes en eau, comme du thym, de la camomille ou du chiendent. « Au départ, on voulait faire des greens de golf partout dans Bordeaux, on a finalement revu nos exigences à la baisse », ajoute Vincent Bizé, responsable de maintenance des infrastructures.
Prévention pour les salariés
Au-delà des usagers, les salariés sont aussi exposés. TBM déclenchera « une procédure canicule » cinq jours avant les épisodes de forte chaleur, attendus généralement entre juin et septembre. Le plan prévoit l'affectation de trois conducteurs, « chargés d'assurer des relèves au pied levé ou de ramener du matériel défectueux », ajoute Lucie Lefebvre. Des gourdes isothermes ont été distribuées aux conducteurs et conductrices des bus et des trams pour éviter les risques de déshydratation. En cas de coup de chaleur, le réseau a répertorié 23 sites abritant des espaces climatisés, équipés de fontaines, de réfrigérateurs et de distributeurs de boissons et de snacks.
Mais pour les équipes de maintenance et de dépannage, c'est une autre histoire. « Je suis beaucoup plus fatigué les jours où je travaille en plein soleil, la chaleur a un vrai impact physiologique », affirme l'agent de maintenance Arnaud Itei. TBM semble avoir trouvé la solution pour les travailleurs en plein air en adoptant le « gilet rafraîchissant ». Il suffit de le plonger dans l'eau trois minutes pour avoir une sensation de fraîcheur pendant 4 heures. Contactés, les syndicats des salariés de TBM n'ont pas répondu à nos sollicitations.
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