Canicule : la piste du congé intempéries pour les ouvriers du bâtiment

Alors que sept des douze départements de Nouvelle-Aquitaine sont placés en alerte rouge canicule, les métiers du BTP font partie des plus exposés à la chaleur. Les représentants professionnels assurent prendre les dispositions nécessaires mais les syndicats réclament l'activation plus systématique du congé intempéries.
En 2020, la Nouvelle-Aquitaine comptait 66.300 entreprises référencées dans le secteur du bâtiment et des travaux publics, soit la cinquième région française selon l'Insee.
En 2020, la Nouvelle-Aquitaine comptait 66.300 entreprises référencées dans le secteur du bâtiment et des travaux publics, soit la cinquième région française selon l'Insee. (Crédits : Benoit Tessier)

39 degrés à Bordeaux ce 17 juin, 41 degrés annoncés pour le lendemain. Et l'été n'est pas officiellement arrivé. La France connaît un épisode de chaleur rarement observé pour un mois de juin avec la majorité des départements placés en vigilance. Mais c'est la Nouvelle-Aquitaine qui est la région la plus touchée par cet épisode dû au changement climatique. Le Lot-et-Garonne, les Landes, la Gironde, la Charente, la Charente-Maritime, les Deux-Sèvres et la Vienne sont en alerte rouge canicule depuis jeudi 16 juin. Alors que toutes les manifestations en extérieur sont annulées dès aujourd'hui 14 heures, rien n'est prévu pour les professions les plus exposées à la chaleur.

En effet, le Code du travail ne prévoit pas d'interruption du travail durant une période de forte chaleur. Il n'y a pas de limite de température au-delà de laquelle les salariés doivent être invités à rester chez eux. L'INRS, organisme spécialisé dans les risques professionnels, indique pourtant qu'il existe un danger pour la santé au-delà de 33 degrés. Dans le bâtiment et travaux publics, particulièrement exposés pour des tâches telles que la pose des enrobés à chaud, les soudures, les toitures, la manutention ou encore le câblage, la convention collective impose aux employeurs de prendre des dispositions. Les horaires de travail doivent être aménagés, dans la mesure du possible, la cadence des pauses doit être renforcée et un point d'eau courante doit être mise à disposition des travailleurs. Dans de nombreux chantiers, les horaires sont ainsi plus matinaux que d'ordinaire : entre 6h et 13h pour éviter les plus fortes chaleurs.

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Au bon vouloir de l'entreprise

"Nous tenons à alerter sur les précautions à prendre au travail et les bonnes pratiques : faire en sorte que les ouvriers aient assez d'eau pour s'hydrater et rappeler aux entreprises les risques encourus. Notre rôle est d'évaluer ces risques et mettre en œuvre les actions nécessaires pour préserver la santé", développe Thierry Leblanc, président de la Fédération française du bâtiment Nouvelle-Aquitaine.

Selon les syndicats, la réalité d'application des mesures indispensables à la sécurisation du travail progresse mais est loin d'être uniforme. "En théorie, il faut fournir au moins trois litres d'eau fraîche par personne mais toutes les entreprises ne le font pas forcément. C'est trop souvent le chef chantier qui décide s'il fournit de l'eau, s'il la rembourse où s'il ne prévoit rien du tout. C'est vrai dans les petites entreprises comme dans les grands groupes", témoigne Denis Boutineaud, responsable de la CGT construction, bois et ameublement pour la Nouvelle-Aquitaine.

Régime d'indemnisation spécifique

En considérant que le dérèglement climatique va augmenter à la fois la fréquence et l'intensité de ces épisodes extrêmes, une solution plus radicale est demandée par la CGT :

"Ce que nous demandons c'est l'activation de congés intempéries lors des épisodes de canicule. Cela n'arrive que trop rarement alors que les entreprises utilisent bien cette possibilité en cas de grêle ou de forte pluie mais c'est surtout pour préserver les machines. Ces épisodes de forte chaleur sont bien des intempéries et ils mettent d'abord en danger les salariés !".

Dans le BTP, un régime d'indemnisation des salariés spécifique existe en cas d'arrêt de travail causé par des intempéries rendant tout travail dangereux. Sous certaines conditions, le salarié peut en bénéficier. Le code du travail définit les intempéries comme "les conditions atmosphériques et les inondations lorsqu'elles rendent effectivement l'accomplissement du travail dangereux ou impossible eu égard, soit à la santé ou à la sécurité des salariés soit à la nature ou à la technique du travail à accomplir". Ce qui englobe donc les épisodes d'inondations, de chute de neige ou de grêle, de tempête et de canicule et fortes chaleurs.

Les organismes de conseil professionnel du secteur indiquent que la demande de congés intempéries aura davantage de chance d'être recevable si le département concerné est placé en vigilance orange ou rouge. Dans une note du 31 mai 2022, le ministère du Travail a rappelé que les dossiers doivent être transmis à la caisse régionale de congés intempéries du BTP.

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