GPSO  : les opposants à la LGV défilent en Gironde avec plusieurs recours sous le coude

Quelques centaines d'opposants aux lignes à grande vitesse entre Bordeaux, Toulouse et Dax ont manifesté ce samedi 3 juin en Gironde. Les élus locaux et associations requérantes veulent toujours interrompre le projet en mobilisant différents leviers juridiques.
Les collectifs d'opposants au GPSO se sont réunis samedi 3 juin à Saint-Médard-d'Eyrans, au sud de Bordeaux.
Les collectifs d'opposants au GPSO se sont réunis samedi 3 juin à Saint-Médard-d'Eyrans, au sud de Bordeaux. (Crédits : MG / La Tribune)

« Nous sommes contre un projet dépassé par le temps et par le prix ! » Voilà le mot d'ordre de plusieurs centaines de personnes rassemblées en Gironde, ce samedi 3 juin, à Saint-Médard-d'Eyrans, à 15 kilomètres au sud de Bordeaux, contre le Grand projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO). Il s'agit de la construction de deux lignes à grandes vitesses depuis Bordeaux vers Toulouse et Dax pour un budget annoncé de 14 milliards d'euros. La mobilisation associative et citoyenne s'est déroulée sur plusieurs kilomètres dans le calme et sous un soleil vif, le long du tracé des futures voies ferrées. Ce cortège coordonné était notamment composé de la Sepanso Gironde, LGVEA et Stop LGV Bordeaux Métropole, ainsi que d'élus du territoire comme les sénateurs Hervé Gillé (PS) et Monique de Marco (EELV), et les députés Loïc prud'homme (LFI) et Nicolas Thierry (EELV).

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Le cortège s'est élancé du centre de Saint Médard d'Eyrans samedi matin. (crédits : MG / La Tribune)

Alors que les premiers travaux doivent débuter sur cette commune au second semestre 2023, le maire a tenu à conduire cette manifestation avant l'été pour redonner corps à l'opposition qui s'était déjà exprimée fin janvier. « Nous réclamons auprès de l'État que des expertises soient menées par des agences indépendantes avant le début des travaux sur les voiries et les bâtiments pour ne pas avoir de mauvaise surprise et se prémunir d'éventuelles dégradations qui surviendraient pendant la phase d'aménagement », indique Christian Tamarelle, le maire de Saint-Médard-d'Eyrans, à La Tribune. La commune est particulièrement concernée par le projet car s'y rejoignent les AFSB (aménagements ferroviaires au sud de Bordeaux) et le point de départ des LGV vers Toulouse et vers Dax.

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Les élus municipaux de Gironde ont mené le cortège. A gauche, le maire de Saint-Médard-d'Eyrans, Christian Tamarelle. (crédits : MG / La Tribune)

En attente du financement européen

La municipalité s'apprête à vivre au rythme du GPSO puisque le projet pourrait engendrer la destruction de huit habitations, le déplacement de sa gare actuelle au nord de la commune et la construction d'un viaduc, le tout pour huit ans de travaux. Si l'État et les collectivités, comme les régions Occitanie et Nouvelle-Aquitaine, ont bouclé 80 % du financement et sont déterminées à faire aboutir l'aménagement, ils sont visés par plusieurs recours. Le dernier en date a été déposé fin 2022 par l'association LGVEA (Landes viticulture environnement en Arruan). Il s'oppose à la prolongation de déclaration d'utilité publique (DUP) prononcée en 2015 par la préfecture de la Gironde et initialement valable pour cinq ans au titre des AFSB. Une partie du projet chiffrée entre 600 millions et un milliard d'euros. La justice avait déjà validé définitivement le contenu de la DUP en 2019 alors que les associations avaient déposé des recours contre son contenu.

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Une troisième voie doit être construite le long des voies existantes de la ligne entre Bordeaux et Agen. (crédits : MG / La Tribune)

Deux autres recours à l'encontre du projet étaient déjà en cours de traitement. Déposés en avril 2022, l'un par 100 associations et citoyens, l'autre par 80 élus, ils ciblent les surcoûts potentiels du projet que les collectivités seraient en incapacité de payer... alors qu'elles se sont engagées à le faire. Selon les requérants, les surcoûts pourraient atteindre 10 % des 5,6 milliards abondés par les collectivités d'Occitanie et de Nouvelle-Aquitaine. Les juristes des associations attendent un avis des tribunaux administratifs de Bordeaux et Toulouse pour 2024. Ils émettent aussi la possibilité de conduire une autre action, devant le Conseil constitutionnel cette fois, pour mettre en cause la taxe payée par toutes les communes situées à moins d'une heure des gares desservies qu'ils jugent illégale.

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Le projet a peu fait parler de lui ces derniers mois mais l'Europe doit se prononcer en juin sur le financement de grands projets d'interconnexion, dont les LGV Sud-Ouest, pour un premier de l'ordre de 200 millions d'euros. Ses promoteurs attendent un feu vert de l'Europe. Mais les opposants n'y croient pas. « Entre l'opinion publique qui peut se retourner sur le projet et la frilosité de l'Europe, oui on peut revenir en arrière », croit le député de Gironde Nicolas Thierry tout en observant le peu d'élus nationaux mobilisés sur le sujet. Si la Commission européenne n'a pas formellement validé le financement de cette nouvelle infrastructure, Carlo Secchi, le coordonnateur du réseau transeuropéen de transport, était présent en personne à Toulouse le 10 mai dernier, au comité de surveillance du projet GPSO. Le membre de la commission transport à Bruxelles en a profité pour rappeler que : « le GPSO connectera la France et l'Espagne par la grande vitesse sur un axe Nord-Sud, par une meilleure connexion de Bordeaux et Toulouse avec Madrid via Dax. »

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