GPSO : Jean Castex réaffirme son soutien aux LGV vers Toulouse et Dax devant les députés

L'ex-premier ministre Jean Castex, désigné pour prendre la présidence de l'Agence de financement des infrastructures de transport de France (Afitf), a été interpellé, lors de son audition par les députés, sur la réalisation des LGV pour relier Bordeaux à Toulouse et Dax. L'occasion pour lui de réaffirmer son attachement à ce projet, au rail et à la très grande vitesse.
Maxime Giraudeau
Retiré de la vie politique, Jean Castex s'apprête à retrouver un rôle de haut-fonctionnaire à la tête d'une instance de financement des transports.
Retiré de la vie politique, Jean Castex s'apprête à retrouver un rôle de haut-fonctionnaire à la tête d'une instance de financement des transports. (Crédits : GONZALO FUENTES)

C'est l'un des grands artisans de la résurrection des projets de lignes à grande vitesse dans le Sud-Ouest quand il avait annoncé le 27 avril 2021 que l'Etat débloquerait 4,1 milliards d'euros pour le GPSO (Grand projet ferroviaire du Sud-Ouest). Voilà que Jean Castex, ex-Premier ministre, est de retour sur la scène des projets majeurs de mobilité puisqu'il brigue, sur proposition d'Élisabeth Borne au président de la République, la présidence du conseil d'administration de l'Agence de financement des infrastructures de transport de France (Afitf). L'instance, dont les prérogatives sont toutes aussi réduites que son équipe de quatre personnes, est chargée de coordonner les financements des grands projets structurants dans le secteur des transports et des mobilités. A ce titre, elle aura un œil particulier sur le dossier GPSO, qui vise à prolonger la grande vitesse au sud de Bordeaux vers Toulouse et Dax, même si elle sera contrainte d'agir en seule vertu des orientations gouvernementales.

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Pour valider sa nomination et succéder ainsi à Christophe Béchu, désormais ministre de la Transition écologique, Jean Castex doit être auditionné par le Parlement. Il était entendu ce 27 juillet par les députés de la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire. Le haut fonctionnaire, que l'on croyait retiré de la vie politique et administrative, a été questionné sur ses ambitions autour du ferroviaire. Le sujet du GPSO est revenu plusieurs fois dans les prises de parole des élus, notamment à travers l'intervention du député girondin EELV Nicolas Thierry.

"Le plan de financement est bancal, des départements refusent de le financer et une immense incertitude pèse sur la participation de l'Europe. Plus grave encore, ce projet détruirait plus de 5.000 hectares d'espaces naturels et de forêts. Après les incendies dévastateurs que nous venons de subir, vous comprendrez que cela suscite une réelle indignation. Pour éviter ce scénario coûteux et destructeur, une alternative est proposée : réaménager les voies existantes. Au minimum, nous pourrions économiser huit milliards d'euros. Il me semble donc, qu'en tant que futur président de l'Afitf, nous connaissions votre avis sur cette alternative proposée localement par un grand nombre d'élus et de citoyens" a interpellé le député girondin.

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Pas de retour en arrière sur le GPSO

Alors que l'intervention de Nicolas Thierry était la dernière d'une série de dix prises de parole, Jean Castex a tenu à y répondre en premier :

"Une immense majorité des collectivités se sont tout de même prononcées favorablement. La décision sur le GPSO a été prise et les choix à venir n'incombent pas au président de l'Afitf. La déclaration d'utilité publique du projet ne date pas de mon gouvernement [elle remonte à 2016, ndlr]. Je crois qu'il faut aller au bout des choses, qu'il y ait des débats, des visions alternatives dieu merci, c'est la démocratie. Une fois que les décisions sont prises, si ça met 40 ans à se mettre en œuvre, les gens n'y croient plus. Il fallait avancer !" a défendu l'ex-premier ministre en audition.

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Au sujet des inquiétudes sur les petites lignes, Jean Castex a assuré qu'il s'agissait pour lui d'un sujet prioritaire et sur lequel l'état avait triplé les moyens financiers engagés sur la période 2020-2022. La proposition de nommer le haut-fonctionnaire à ce poste, fruit de la volonté d'Emmanuel Macron, semble pourtant convenir à l'accomplissement d'une mission primordiale : réaliser le GPSO. Un dossier sur lequel le gouvernement veut regagner du crédit après que des associations ont déposé des recours face au plan de financement et que rien ne garantit encore le niveau du financement européen.

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Budget record de 3 milliards d'euros

Plus largement, l'audition de Jean Castex, a tourné en grande partie autour du rail. Pas étonnant pour ceux qui connaissent son appétence de longue date pour le train, lui qui était de 2008 à 2020 maire de Prades, à quelques kilomètres de la gare de départ du Train Jaune, le plus haut de France. Le natif du Gers a soumis sa nomination à l'examen des députés en soulignant qu'il souhaitait soutenir la réalisation de grands projets dédiés aux mobilités d'avenir, d'autant plus avec la dynamique que connaît l'Atfif. "Le transport c'est le lien, la mobilité c'est l'échange. Ce sont des sujets au centre des politiques publiques et qui doivent le rester. [...] Ma proposition de nomination intervient à un moment particulier de l'histoire de cette agence puisque les deux exercices passés ont été une période faste pour elle", a-t-il déroulé.

En 2021, le budget de l'Atfif a pour la première fois dépassé les trois milliards d'euros. 1,3 milliard a été fléché vers des projets ferroviaires. Mais l'arrivée de Jean Castex fait aussi craindre à certains le retour en force du soutien au réseau routier. "En ayant accordé 18 milliards d'euros aux infrastructures routières pour développer 900 kilomètres de bitume au cours de votre mandat, la France se situe à rebours de ses voisins européens", a lancé Gérard Leseul, député PS, avant de poursuivre : "Pour doubler la part modale du ferroviaire, il faudrait un investissement supplémentaire de 100 milliards d'euros sur 15 ans. Poursuivre les mobilités individuelles ne nous semble pas un bon signe, nous avons d'un signe très fort de votre part en matière de transports collectifs."

Une remarque émise tout en ayant à l'esprit que l'Afitf, une des nombreuses agences dans le dédale administratif français, n'opère pas de choix stratégiques et conduit seulement un exercice de fléchage des financements. Jean Castex, dont le passage à Matignon constituait l'apogée de la carrière politique, va donc retrouver, lorsque ses différentes auditions seront terminées, une place administrative qui lui sied particulièrement bien.

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Maxime Giraudeau

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