Raccordements et souterrains : les remèdes des usagers pour le tramway bordelais

Pas convaincue par un métro à Bordeaux, la Fédération des usagers des transports de Nouvelle-Aquitaine plaide plutôt pour une série de prolongements et de raccordements du réseau de tramway combinée à l'amélioration de son exploitation, notamment par des passages souterrains. L'association pointe également le manque d'ambition politique de la mandature 2014-2020.
Plutôt qu'une ligne de métro, la Fnaut propose d'améliorer la vitesse commerciale du tramway et d'étendre encore le réseau dans une logique circulaire
Plutôt qu'une ligne de métro, la Fnaut propose d'améliorer la vitesse commerciale du tramway et d'étendre encore le réseau dans une logique circulaire (Crédits : Fnaut Nouvelle-Aquitaine)

L'hypothèse d'un ligne de métro circulaire traversant Bordeaux ne suscite pas particulièrement d'enthousiasme au sein de la Fédération nationale des usagers des transports (Fnaut) de Nouvelle-Aquitaine. Si l'association reconnaît que le sujet mérite d'être étudié, elle pointe aussi les limites d'un tel projet : "Un métro creusé par des tunneliers coûte très cher, cinq à dix fois plus cher qu'un tramway au kilomètre, les stations sont moins accessibles et, surtout, il ne reprend pas d'espace à la voiture en surface", argumente Dominique Rolland, membre de la Fnaut et président de l'association "Prendre le tram à Gradignan".

Métro de Bordeaux

L'hypothèse de ligne de métro à Bordeaux qui sera discutée par Bordeaux Métropole cet automne (crédits photo : @GraffikDesigner)

Améliorer l'efficacité du tram

Ces représentants des usagers bordelais et girondins défendent une solution alternative au métro combinant une amélioration de la vitesse commerciale du tram et une extension circulaire du réseau. Sur le premier point, Dominique Rolland préconise "des stations plus fermées avec validation à l'extérieur des rames, des voies davantage sécurisées vis-à-vis des automobilistes et des cyclistes ainsi que la mise en souterrain de certains passages, en particulier les croisements importants."

FNAUT Bordeaux

Cliquez sur l'image pour l'agrandir (crédits : Fnaut Nouvelle-Aquitaine)

Sur le deuxième aspect, la Fnaut rappelle qu'une fois la ligne D et la desserte de l'aéroport achevées, "78 % des habitants de Bordeaux Métropole seront à moins de 500 m d'une station de tram, ce qui est très positif" mais propose d'aller encore plus loin. Plusieurs extensions et raccordements sont ainsi proposés :

  • Un nouveau tronçon en tramway au nord entre les terminus des ligne B et C ;
  • Un nouveau tronçon en tramway ou en bus en site propre du CHU de Pellegrin vers Gradignan via la gare de Talence-Médoquine et le quartier de Talence Thouars ;
  • Un nouveau tronçon de tramway d'Auchan Bouliac à Cracovie en passant par le pont Chaban-Delmas et un bouclage au sud par le futur pont Simone Veil ;
  • Une voie entièrement dédiée aux transports en commun et aux cyclistes entre la gare Saint-Jean et la place de la Victoire ;
  • Un nouveau tronçon de tramway vers Parempuyre.

"Ces propositions s'appuient assez largement sur des emprises foncières ou routières existantes et sont donc relativement rapides à mettre en place. En passant en surface, le réseau de transport est plus facilement accessible, moins cher, plus rapide à construire et reprend de la place à la voiture", insiste Christian Broucaret, le président de la Fnaut Nouvelle-Aquitaine. Un tel réseau qui dépassera déjà les 70 kilomètres en 2020 sera-t-il soutenable en termes d'entretien ? "Les chiffres de la Métropole montrent que les dépenses d'exploitation du tramway sont couvertes à 72 % par les recettes, contre seulement 17 % pour le bus. Et pour le reste, réorientons les énormes coûts d'entretien des routes vers les transports en commun, c'est cela aussi la transition écologique !", rétorque Dominique Rolland qui promeut cette extension du réseau en cohérence avec la réalisation d'un réseau express métropolitain, sur le modèle du RER.

Vers un réseau express métropolitain

FNAUT Bordeaux RER métropolitain

Cliquez sur l'image pour l'agrandir (crédits : Fnaut Nouvelle-Aquitaine)

Poussé conjointement par la Métropole, la Région Nouvelle-Aquitaine et SNCF Réseau, qui vient de nommer un chargé de projet dédié, ce réseau métropolitain se structure autour de lignes départementales traversantes et d'une connexion entre les gares TER et le réseau de tramway, le tout en utilisant les voies et infrastructures existantes :

  • Une ligne de bus entre Créon et Bordeaux en 2019 ;
  • Une ligne de TER Libourne-Cestas en 2020 puis jusqu'à Arcachon en 2025 ;
  • La réouverture de la gare du Bouscat-Sainte-Germaine en 2021 puis de celle de Talence-Médoquine en 2023 ;
  • Une ligne Langon-Sant-Mariens en 2028.

La responsabilité de la Métropole pointée du doigt

Sur ces sujets, la Fnaut considère que la création l'an dernier d'un syndicat mixte dédié aux transports à l'échelle régionale est une très bonne chose. En revanche, elle pointe le "manque de culture transport et d'anticipation de la Métropole" citant notamment "la faillite de la mise en place de la nouvelle billettique", "la décision très mal venue d'augmenter le prix des abonnements TBM" et l'absence d'aiguillage californien déployable sur le réseau. "Ces aiguillages de secours permettant de faire demi-tour peuvent être déployés en quelques heures en cas d'accident mais encore faut-il en avoir en stock ! Ce n'était pas le cas quand l'incendie du parking des Salinières est survenu alors que cela aurait pu contenir les conséquences sur les usagers en amenant les tramways de la gare jusqu'à Saint-Michel", explique Christian Broucaret. La Métropole a depuis décidé d'acquérir un tel équipement.

Plus largement, le représentant des usagers s'inquiète "d'un trou d'air" en matière de transports en commun à Bordeaux dans les années à venir :

"La ligne D et la desserte des l'aéroport ont été décidées il y a plusieurs années mais la mandature actuelle n'a pas véritablement lancé de nouveaux projets, il y a un manque d'anticipation et de courage politique par rapport au lancement des deux premières phases du tram ou à la décision de fermer le pont de pierre aux voitures. Tout cela laisse place à des décisions étriquées et peu lisibles pour les usagers", regrette le président de la Fnaut Nouvelle-Aquitaine.

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Commentaire 1
à écrit le 24/09/2019 à 11:53
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C'est très bien, mais je ne vois pas bien comment ces propositions de la FNAUT répondent à des déplacements "banlieue-banlieue" rapides et efficaces vers les bassins d'emploi principaux de la métropole (aéroparc, bruges, bègles, Bordeaux Lac,..). L'i...

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