Bordeaux Métropole : 168 millions de voyageurs sur le réseau TBM et quelques points noirs

Les tramways et bus de l'agglomération bordelaise transportent désormais plus de 530.000 voyageurs quotidiennement. Avec un nouveau bond de trafic de 10,5 %, le réseau TBM (Transports Bordeaux Métropole), géré par Keolis, affiche la plus forte croissance de France en 2018. Une fréquentation inédite qui s'accompagne de lourds travaux d'entretien, d'une fraude persistante et d'un nombre d'accidents en hausse. Les dysfonctionnements du système de billettique pourraient finir au tribunal.
Le trafic sur l'ensemble des modes de transport assurés par TBM a progressé de 10,5 % en 2018 pour atteindre 168 millions de voyageurs.
Le trafic sur l'ensemble des modes de transport assurés par TBM a progressé de 10,5 % en 2018 pour atteindre 168 millions de voyageurs. (Crédits : PC / La Tribune)

A l'exception des vélos en libre-service V3, tous les voyants de fréquentation sont au vert pour le réseau TBM à Bordeaux Métropole qui a enregistré, tous modes confondus, 168 millions de trajets en 2018, contre 152 millions en 2017, soit une hausse de +10,5 %. "Sur quatre ans, le trafic a augmenté de 30 %. C'est considérable", ajoute Christophe Duprat, le maire de Saint-Aubin-du-Médoc et vice-président de la Métropole en charge des transports. Du côté des recettes commerciales, elles progressent de 9 % à 81,2 M€, générées quasiment pour moitié par les abonnements et pour moitié par les tickets.

En plus des perturbations de trafic hebdomadaires, la mobilisation des Gilets jaunes, débutée le 17 novembre 2018, a entraîné une baisse des recettes et une hausse des dépenses de réparation chiffrées par Christophe Duprat à "au moins 500.000 €".

Le bus en hausse de 13 %

Dans le détail, c'est le trafic du réseau de bus qui a le plus progressé l'an dernier :

  • tramway : +9,1 % à 105,5 millions de voyageurs,
  • bus : +12,9 % à 59,4 millions de voyageurs,
  • V3 : -15 %  à 2,19 millions de voyageurs,
  • BatCub : +8,7 % à 395.000 voyageurs,
  • Mobibus : +0,9 % à 108.000 voyageurs.

Le coup de frein sur l'utilisation des vélos en libre service s'explique, selon Christophe Duprat, "par le fait que le V3 a atteint son objectif de sensibilisation et d'amorçage de changement d'habitudes en faveur du vélo. Les Bordelais utilisent désormais leur propre vélo plutôt qu'un vélo en libre service." Il est aussi probable que les V3 aient été victimes de l'essor des vélos, scooters et trottinettes en free-floating déployés l'an dernier dans les rues de Bordeaux. Quoi qu'il en soit, pour riposter, un millier de V3, soit la moitié du parc, seront convertis à l'assistance électrique dès le 6 mai prochain avec un système de batterie amovible louée à l'année.

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C'est le bus qui connaît la plus forte progression notamment sur les lianes 1, 5, 9 et 4. Pour capitaliser sur cette hausse, TBM va augmenter les fréquences sur certaines lianes et acquérir 12 bus articulés supplémentaires cette année. A noter que la navette desservant l'Arena les soirs de concert a déjà convoyé 200.000 voyageurs l'an dernier, soit en moyenne 20 % des spectateurs.

Des chantiers

En raison de l'affluence croissance, de l'usure des rails, des rames et du système d'alimentation par le sol (APS), entre 30 et 40 millions d'euros sont consacrés chaque année à l'entretien et au renouvellement du réseau. Objectif : éviter le scénario noir de la panne informatique géante survenue le 3 décembre dernier. "Nous avons tiré toutes les leçons de cet incident lié à des interférences entre le réseau radio et la fibre optique qui ont entraîné une coupure totale des communications. On a dissocié ces flux de manière à ce que ce problème ne puisse plus se reproduire", assure Hervé Lefèvre, le directeur général de Keolis Bordeaux Métropole.

Malgré tout, un tiers des interruptions de trafic restent liées à des pannes matérielles et 80 % de ces interruptions sur le réseau du tramway se concentrent sur deux tronçons : l'extension de la ligne C vers Blanquefort et le segment de la ligne B entre Peixotto et Saint-Nicolas. Tout au long de 2019, les 400 coffrets APS de ce tronçon de la ligne B seront à nouveau changés au rythme de 50 par mois. Sur le réseau, ce sont 1.400 coffrets qui seront renouvelés.

Parallèlement, les rails situés aux carrefours routiers sont endommagés et nécessiteront de longues interruptions de service sur la ligne C au printemps et à l'été (du 15 au 25 avril puis du 15 juillet au 4 août) et sur la ligne A à l'été (du 5 au 30 août).

Des pénalités et un potentiel contentieux

Du côté de la lutte contre la fraude, les résultats patinent. De 10,7 % en 2017, le taux de fraude est resté stable à 10,6 % en 2018. Malgré les 126 contrôleurs sur le réseau, "tout le monde fraude, il n'y a pas de profil type même si les hommes de moins de 26 ans sur des petits parcours, notamment le week-end, ont statistiquement plus de probabilité de frauder", précise Hervé Lefèvre. Le taux de fraude a diminué sur le tramway (11 % contre 11,6 % en 2017) mais a bondi dans le bus (9,9 % contre 8,8 % en 2017).

"Nous allons renforcé notre action dans les bus et on fera tout pour atteindre l'objectif fixé par Bordeaux Métropole de 8 % en 2019 et de 7 % en 2020 mais il est très improbable qu'on y arrive. Notre objectif est avant tout de passer en dessous de la barre des 10 %", résume le directeur général de Keolis Bordeaux Métropole.

Et si Christophe Duprat se montre compréhensif - "compte tenu des soucis sur le double système de billetique c'est déjà une gageur de contenir la fraude" -, cette incapacité à atteindre les objectifs contractuels se traduira par une pénalité de 500.000 € par point d'écart.

Quant aux déboires à répétition du nouveau système de billettique déployé par Thales, Christophe Duprat se montre très clair :

"Nous avons diligenté une enquête administrative pour comprendre pourquoi on en est arrivé là. Mais il est hors de question pour la Métropole de régler l'intégralité du marché de 15 M€ alors que les dysfonctionnements ont été très importants. On a le sentiment d'avoir été les cobayes de ce système. Donc ça se réglera peut-être à l'amiable mais plus probablement au contentieux devant le tribunal. C'est d'autant plus regrettable pour une entreprise comme Thales implantée sur le territoire."

Néanmoins, un nouveau service de paiement par mobile, baptisé m-ticket, sera déployé en 2019. Enfin, une nouvelle campagne de communication sera menée en 2019 sur les risques d'accident avec le tramway. L'an dernier 41 collisions graves entre des piétons et le tramway ont été enregistrées (contre 37 en 2017) causant deux décès tandis que le nombre d'accidents avec des cyclistes a doublé pour atteindre 28 collisions.

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Commentaire 1
à écrit le 22/01/2020 à 17:03
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Oui mais...installée à Mérignac Depuis quelques mois,et ne possédant plus de voiture personnelle, j'emprunte le réseau TBM. J'ai le malheur de résider sur une avenue où il n'y à que le bus Corol 34. Ce bus est une honte. Peu fréquent, ne circule pas ...

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