L'évolution de la croissance économique est restée orientée à la hausse en Nouvelle-Aquitaine en juillet malgré les préoccupantes gerbes d'étincelles provoquées par le frottement de la demande, en accélération continue, contre les mâchoires de freins constituées par les difficultés de recrutement de main d'œuvre et d'approvisionnement en matières premières. Pour autant cette situation, confirmée par la dernière enquête du bureau régional de la Banque de France, dont Denis Lauretou est le directeur, n'est pas jugée comme catastrophique par l'établissement.
A partir de l'analyse et des prévisions faites par les 8.500 dirigeants d'entreprises ou d'établissements consultés par la Banque de France en Nouvelle-Aquitaine du 22 juillet au 4 août, cette dernière conclut à un phénomène d'échauffement transitoire. Autrement-dit aucun rapport avec un risque d'accident susceptible de détruire la roue de la croissance. Il n'en reste pas moins qu'en juillet les difficultés de recrutement ont été telles qu'elles sont parvenues à freiner la reprise économique dans l'industrie, mais aussi les services marchands et le secteur du bâtiment. Seuls les travaux publics semblent échapper à cet effet d'étranglement pour recruter.
Les industriels ont beaucoup de mal à recruter
Globalement les chefs d'entreprises néo-aquitains ne voyaient pas s'améliorer cette tension sur les recrutements au mois d'août, à cause des vacances. Après un petit recul de l'activité entre les mois de juin et juillet, les chefs d'entreprises de l'industrie tablent sur la stabilité. Mais l'émergence d'une croissance en plateau sur juillet-août dans l'industrie doit d'abord être vue comme un moindre mal, ce dont témoigne l'analyse de la Banque de France.
"La production industrielle ne profite pas pleinement de la reprise de la demande. Les entreprises s'organisent et atténuent la tension sur les approvisionnements mais se heurtent aux difficultés de recrutement. Le segment de la fabrication d'équipements électriques/électroniques reste le plus affecté. Les prix sur les matières premières maintiennent des niveaux élevés. Dans ce contexte, les incertitudes sur la ressource en intérimaires pour assurer le renfort habituel en période de congés limitent les perspectives de croissance d'activité en août", décortique ainsi la note de conjoncture.
Le pessimisme est de rigueur dans l'hôtellerie
La reprise de la croissance dans les services marchands est également pénalisée par de fortes tensions sur le recrutement de la main d'œuvre. Mais cette pression négative varie beaucoup plus d'un secteur à l'autre que ce n'est le cas dans l'industrie. Alors que l'hôtellerie a nettement profité de la reprise au début de l'été, les secteurs du transport, mais aussi -dans une moindre mesure-, des activités informatiques ont enregistré une contraction.
Les agences de travail temporaire ont au contraire vu leur activité se maintenir en juillet, malgré des difficultés croissantes à recruter des profils qualifiés pendant la période estivale. Les professionnels prévoient une hausse d'activité. Si les dirigeants tablent sur un léger rebond en août pour les secteurs des transports routiers de marchandises et entreposage, ainsi que la réparation automobile, ils se montrent pessimistes dans l'hôtellerie pour la même période, à cause de l'application du "Passe sanitaire".
Le bâtiment sous la pression des prix
Le secteur du bâtiment est quant à lui clairement touché par de fortes difficultés dans les recrutements et voit son activité se contracter pour la deuxième fois en deux mois consécutifs pour cette raison. Point positif : "la densité des carnets de commandes ne faiblit dans aucun corps de métier et les demandes de chiffrage restent nombreuses". Point négatif : la hausse des prix des matières premières se maintient.
"Le renchérissement des prix des matières premières perdure et alimente les hausses de tarifs des devis amorcées à la fin du premier trimestre, dans le gros œuvre comme le second œuvre", relève la note de conjoncture.
Dans ce contexte, faute de clause de révision, les marges ont tendance à se contracter. Les entreprises s'adaptent en allongeant les délais de livraison mais l'activité pourrait être de nouveau orientée à la baisse en août, en particulier dans le gros œuvre.
Des travaux publics bien aidés par la fibre
L'activité dans les travaux publics fait l'objet d'un suivi trimestriel par la Banque de France, d'où une focale sur le deuxième trimestre. Ce secteur bénéficie ainsi d'un maintien d'une croissance soutenue au cours de cette période "confortée au fil des mois par un renforcement des carnets de commandes". La Banque de France souligne d'autant plus la robustesse de cette trajectoire que les conditions météo rendent plus difficile travaux d'enrobés et de terrassement. Une raison à cette dynamique bien orientée : le déploiement des réseaux de fibre optique.
Si à cause de la concurrence la hausse des prix des matières premières n'est pas facile à répercuter, hors clauses d'indexation sur contrats pluriannuels, la Banque de France observe que des augmentations de tarif des devis sont constatées et envisagées dans les prochains mois. Les professionnels prévoient une hausse d'activité au second semestre par le biais des commandes publiques, qui jouent un rôle déterminant dans ce secteur.
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