Vives inquiétudes autour de la pérennité de Stelia à Mérignac

Touchée par la crise que traverse la filière aéronautique, Stelia Aerospace, filiale à 100 % d’Airbus, a annoncé la suppression de 704 postes sur un peu plus de 4.000 aujourd'hui en France. En Nouvelle-Aquitaine, les salariés du site de Mérignac, où sont fabriquées les voilures ATR, sont particulièrement inquiets. 82 des 203 postes seraient supprimés, soit 40 % de l’effectif. Les syndicats ne veulent aucun licenciement contraint à Mérignac, Rochefort, Toulouse, Méaulte et Saint-Nazaire.
Ici, le site de Stelia Composites à Salaunes, filiale à 100 % de Stelia Aerospace.
Ici, le site de Stelia Composites à Salaunes, filiale à 100 % de Stelia Aerospace. (Crédits : Hélène Lerivrain)

Coup dur pour les salariés de Stelia Aerospace. Cette filiale à 100 % d'Airbus qui précise avoir vu son activité réduite brutalement de 40 % en moyenne sur l'ensemble de ses programmes a annoncé début juillet une réduction de 704 postes sur un peu plus de 4.000 répartis sur 5 sites en France. "Le retour à des niveaux d'activités industrielles équivalent à 2019 n'est pas envisagé avant 2023 - les scénarios les plus conservateurs parlent même de 2024/2025", précise Arnaud de la Croix, directeur de la communication de Stelia Aerospace.

Dans le détail, les suppressions sont donc prévues ainsi :

  • Stelia Toulouse (Haute-Garonne) : 36 postes sur 527
  • Rochefort (Charente-Maritime) : 95 postes sur 908
  • Mérignac (Gironde) : 82 postes sur 203
  • Méaulte (Somme) : 290 postes sur 1456
  • Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) : 201 postes sur 940

Le délégué central FO se dit particulièrement inquiet pour le site de Mérignac où 40 % de l'effectif serait touché.

"C'est le plus petit site mais aussi le plus fort taux de suppressions de postes envisagées. 40 % sur un gros site, c'est énorme, mais sur un petit site, c'est la pérennité qui est en jeu sachant que les charges vont rester les mêmes. Je suis fortement inquiet", déclare Dany Devaux.

"Nous nous attendions à être touchés par la crise mais, avec ce chiffre officiel, c'est clairement la douche froide", réagit Sébastien Jasnowski, délégué FO sur le site de Mérignac où le dispositif de chômage partiel est annoncé jusqu'en septembre et où une centaine de personnes - intérimaires et sous-traitants - auraient déjà vu leur contrat s'arrêter, selon FO.

Mono-produit et mono-client

"Le site de Mérignac est impacté par la baisse d'activité encore plus importante sur le segment des turbopropulseurs", reconnaît Arnaud de la Croix. Mais ce que dénonce FO depuis plusieurs années, c'est le mono-produit et le mono-client. "C'est une particularité de ce site où sont assemblées et équipées les voilures ATR. Nous sommes passés de 70 à 25 en 2020 et nous serons aux alentours de 35 voilures en 2021. Il reste donc huit voilures à réaliser d'ici à la fin de l'année. Pour le côté positif, des discussions sont, en revanche, en cours pour que Mérignac fabrique le caisson central de voilure, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui."

"Le transfert a été acté. Une équipe travaille dessus, mais quel nombre de postes cela permettra de sauver. A ce stade, nous ne le savons pas", complète Eric Nicodème, délégué syndical central CFE-CGC qui précise qu'un expert a été désigné début juillet au niveau du groupe pour la réalisation d'une analyse économique et financière.

Eric Nicodème est lui-même basé à Rochefort qui fait partie des sites industriels où l'impact est le plus faible. "Ce n'est pas lié à l'activité aérostructure, cabines ou sièges pilotes. Tout est en baisse même si le bureau d'étude est moins impacté. C'est lié à un taux de flexibilité supérieur", précise Eric Nicodème, donc à un recours important d'intérimaires (200) et sous-traitants (400) qui sont déjà très lourdement touchés.

Pas de licenciements contraints

A ce stade, les syndicats de Stelia Aerospace sont unanimes sur un point : "Nous ne voulons pas de licenciements contraints", insistent Dany Devaux et Eric Nicodème. De son côté, la direction insiste : "704 suppression de postes ne veut pas dire 704 licenciements"Le processus de négociation débutera officiellement le 15 juillet pour une durée d'environ trois mois. Au menu : des redéploiements (mobilité dans le métier), des reconversions (changement de métier accompagné par un plan de formation dédié) ou encore de l'accompagnement de projets de mobilité externe. "Le dispositif ARME, autrement dit l'activité partielle de longue durée, ainsi que ses modalités d'application au sein de l'entreprise, feront aussi partie des mesures qui seront discutées avec nos partenaires sociaux afin d'éviter, autant que faire se peut, les départs contraints", précise également la direction.

Le site de Stelia Composites, filiale de Stelia Aerospace, à Salaunes en Gironde n'est, quant à lui, pas concerné par ce plan. Il n'est pas aligné sur le calendrier social de Stelia Aerospace. "Un plan devrait être annoncé dans les semaines à venir", précise toutefois Dany Devaux.

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